Bande originale : Les poupées russes

Coralie Bru | 4 juillet 2005
Coralie Bru | 4 juillet 2005

Autant le dire tout de suite : il y a de tout dans la bande originale des Poupées russes. Sa petite sœur la bande originale de L'Auberge espagnole était habillée à la mode latine, et correspondait aux aventures de Xavier à Barcelone. On y croisait aussi bien du flamenco, de la dance – douteuse –, du rap espagnol et du Radiohead. Celle des Poupées russes, forte de l'enrichissement d'un Xavier maintenant international à l'aube de ses trente ans, sort des sentiers battus. Dans la dernière partie de L'Auberge espagnole, le jeune diplômé se targuait d'être un mélange de toutes ses nouvelles connaissances issues des quatres coins de l'Europe. Il semble que Klapisch ait voulu accentuer ce mélange en faisant appel à un vrai cocktail de DJ's et de musiciens regroupé sous le nom Kraked Unit et placés sous la houlette de Laurent Levesque et de Loïck Dury, spécialistes de bandes originales et sortes de chefs d'orchestre de ce joyeux désordre.

Guitare, basse, violoncelle, saxophone, trompette, trombone… Tous les moyens sont bons pour découdre un peu plus les compositions, à l'image des fréquentes coupures temporelles et retours en arrière du film. Un morceau arbore même fièrement le titre « C koi ce bordel » ! Les meilleurs exemples sont probablement la première et la troisième création (« Démesure des mesures » et « En vrak »), qui si on n'y prenait pas garde nous feraient marcher à l'envers. L'album alterne ainsi musique lounge de cafés branchés parisiens et musique traditionnelle russe, comme la très belle et mélancolique « Ivzorski Biseri » du Boban Markovic Orchestra. C'est toute l'importance que Klapisch donne à la musique de ses films qui transparait dans cette sélection, le réalisateur ayant de toute évidence compris que variété ne rime pas avec n'importe quoi.

Les neuf morceaux cédés à d'autres artistes se partagent un peu plus maladroitement l'affiche. Il semble convenu que toute bande originale doit comporter son lot de R'n'B. Ici ce sont Spleen et Track Addicts qui s'y collent, et on regrette ce soudain académisme. Finalement on préfère le hit « Smile », kitsch à souhait, chanté en Russe par Cemu, et les boites à rythme de Diody pour « Mama mne govorit », plus dans le ton de ce qu'on attend pour ce film aux accents de l'Est.

Il manque clairement dans cette série de morceaux marginaux des chefs de file de la trempe des Ali Farka Touré et Radiohead présents sur le premier opus, mais on se satisfait quand même de la relative harmonie des différentes compositions et de l'effort général accordé à la musique. On pourra dire ce qu'on veut concernant le deuxième volet des aventures des européens de L'Auberge espagnole, mais la musique qui les accompagne sort son épingle du jeu. Avec un peu d'indulgence, on lui accorde même mention Assez Bien.

Track listing :

1. Démesure Des Mesures (Kraked Unit)
2. Language (Da GrassRoots Body)
3. En Vrak (Kraked Unit)
4. Disco King (Oliver Montel)
5. Xavier La Fronde (Kraked Unit)
6. One Fudge (El Fudge)
7. La Ballade De Neus (Kraked Unit)
8. Celia's Kiss (Kraked Unit)
9. Ivzorski Biseri (Boban Markovic Orchestra)
10. Mysteries (Beth Gibbons & Rustin Man)
11. C Koi Ce Bordel (Kraked Unit)
12. Poupées Russes (Kraked Unit)
13. Bitches On The Ground (Spleen)
14. La Reine Des Queens (Kraked Unit)
15. Dutchy (Track Addicts)
16. Smile (Cemu)
17. Mama Mne Govorit (Diody)
18. Martine Princess (Laurent Levesque)

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