Le Garçon et la Bête : l'oeuvre de la maturité pour Mamoru Hosoda ?
Le 13 janvier prochain, il ne faudra manquer pour rien au monde Le Garçon et la Bête. Pourquoi ? Parce que c’est tout simplement un superbe anime et peut-être le plus beau de son auteur.
Comme nous vous le disions dans le dossier que nous lui avons consacré, Mamoru Hosoda est un des auteurs japonais les plus intéressants du moment, un réalisateur dont les anime s’avèrent d’une richesse sans cesse renouvelée. Son nouveau film, Le Garçon et la Bête, s’impose bien sûr par ses qualités propres, mais s’avère aussi une véritable clef d’entrée dans l’œuvre du maître.
Voici donc une mise en perspective des thèmes qui traversaient déjà ses précédentes œuvres, des particularités qui leur conféraient une valeur à part et remarquable, qui trouvent dans le film qui nous intéresse un écho puissant.
La Traversée du temps
Premier long-métrage « indépendant » de Hosoda (qui n’adapte plus ici les séries pour lesquelles il a précédemment travaillé), on y découvre les mésaventures d’une jeune héroïne se découvrant la capacité de manipuler le temps.
Mise en scène
Si la qualité du trait d’Hosoda s’est considérablement affinée depuis ce long-métrage, et que l’animation a notablement progressé, on retrouve ici les grands principes de son cinéma. A savoir des personnages en apparence simples, superposés à des arrière-plans extrêmement travaillés et souvent enchanteurs.
Certaines séquences (les personnages courant littéralement après le temps qui passe) sont autant d’idées et de dispositifs scéniques qui trouvent leur écho dans Le Garçon et la Bête.
Fausse légèreté
Dans le Garçon et la Bête, l’apparente légèreté du récit permet à Hosoda de détourner les codes de la Quête Initiatique avec intelligence, conférant à son odyssée une gravité et une sensibilité rare. Comme dans La Traversée du temps, où le réalisateur parvenait brillamment à substituer au burlesque de la première partie du film un discours fort sur la responsabilité.
Summer Wars
Une famille aristocratique décalée se retrouve au cœur d’une bataille entre monde virtuel et numérique.
Deux Mondes, deux traditions
Le cinéma de Hosoda joue presque toujours de l’opposition entre univers, milieux et atmosphères. Mais c’est probablement dans Summer Wars que cette dualité s’exprime pleinement pour la première fois. Le Japon traditionnel est ici confronté au monde d’Oz, tout comme notre société contraste dans Le Garçon et la Bête avec l’univers mythique où évoluent de mystérieuses Créatures.
Une manière pour le metteur en scène d’ancrer son film dans le réel, tout en se penchant avec mélancolie sur les valeurs, les us et les coutumes de sa culture, ainsi que d’interroger leur survivance. La famille aristocrate décrite dans le film, si elle est plus ouvertement anachronique et grotesque l’univers Mythique du Garçon et la Bête, est elle aussi porteuse de sens, d’une affirmation identitaire qui fait sans doute la marque de Mamoru Hosoda.
Les Enfants-loups, Ame et Yuki
Un récit étalé sur 13 ans, où nous suivons deux enfants-loups et leur mère, de leur conceptions jusqu’aux choix qui présideront à leurs existences.
De l’Animalité
« Comment me vois-tu ? » demande son amant à Hana, alors qu’il lui révèle sa nature d’Homme-Loup. Cette interrogation, qui parcourt ce film. Un questionnement que l’on retrouve, exploré plus profondément dans Le Garçon et la Bête.
Quels sont les particularités qui font de Kunematsu une bête, de son protégé Kyuta un humain ? Leur apparence ? Leurs coutumes ? Leurs valeurs ? Mamoru Hosoda explore ces questionnements avec une infinie délicatesse.
Poésie pastorale
Quand on a encore trop souvent tendance à comparer systématiquement l’animation japonaise au mètre étalon Miyazaki, on retrouve plutôt chez Hosoda une poésie pastorale qui évoque le cinéma de Naomi Kawase.
Qu’il s’agisse de la vie rurale que découvrent Ame et Yuki, ou du monde des Bêtes et ses traditions, c’est bien ce rapport ancien et primordial de l’homme à la nature qu’ausculte le réalisateur. Et S’il explore des genres tels que la science-fiction et le fantastique, ou l’aventure, il les marie surtout à une volonté naturaliste qui tranche heureusement avec la fantaisie qui a fait la gloire du studio Ghibli.
Si Mamoru Hosoda s’est depuis longtemps imposé comme un des grands metteurs en scène d’animation venu du Japon, Le Garçon et la Bête semble marquer une nouvelle étape dans sa carrière. On y voit ainsi les thèmes qui traversent toute son œuvre y atteindre un point de maturité remarquable, et fascinant.
11/01/2016 à 11:44
Magnifique commentaire vraiment! Elle doit être fier de toi ta maman...
09/01/2016 à 06:36
A j'ai compris il s'agit la version chinoise de la belle et la bete