Festival asiatique de Deauville 2013, le compte-rendu !

Cécile Ravidat | 12 mars 2013
Cécile Ravidat | 12 mars 2013

Le Festival Asiatique de Deauville c'était : 4 jours de cinéma, 16 longs-métrages visionnés, des réalisateurs passionnés et surtout une foule d'aficionados, remplissant la grande salle du C.I.D tous les jours. Les films présentés étaient aussi différents dans leur genre, que leur style cinématographique ou encore leur pays de provenance. Ce fut 4 jours pendant lesquels nous avons plongé dans de nombreuses cultures loin de la notre. Emotionnellement, ce fut très fort, et riche en découvertes !

Impossible de résumer chaque film en détails, voici donc un petit classement personnel des films que nous avons vus :

Le top 3 Compétition

Apparition : une caméra fantomatique, flottante qui donne une atmosphère à la fois dérangeante et rassurante. Une image immaculée, un quasi-huis-clos et des personnages avec des caractères forts, très forts.

Mai Ratima : Film d'ouverture, réalisé par Yoo Ji-tae, le jeune manipulateur de Oldboy. Il a voulu y mettre tout ce qu'il pouvait pour impressionner le jury, il a le mérite d'avoir essayé un tas de choses à la fois scénaristiques et esthétiques. On y retrouve toute la tendresse et la maladresse d'un premier film, prometteur.

I.D. : un événement qui vient bouleverser toute une vie. Une mise en scène plus que réussie et un cheminement partant d'un grand immeuble citadin aux bidonvilles de banlieue. Touchant et humainement rare.


Le top 3 Hors-Compétition

The land of Hope : le réalisateur Sono Sion reçoit un prix pour son hommage fait par le festival.

 


Premières larmes du festival, un GRAND film, beau et touchant, humain et drôle. L'expression d'un fougueux désir de liberté sur grand écran. 

Pieta : glauque à souhait et pourtant d'une richesse humaine inégalable. Un drame intimiste, une vengeance terrible, une telle pudeur que la violence n'en est que multipliée. Kim Ki-duk au sommet de son art.

Shokuzai : celles qui voulaient se souvenir (partie 1) : une utilisation des cadres complète et complexe, autant que le sont ses personnages et son intrigue. Une ambiance lourde des souvenirs douloureux et parfois aussi légère qu'une brise matinale. Il est rare de vivre une telle expérience au cinéma.

 

On en attendait plus :

The Grandmaster : Wong Kar-wai introduit son film très humblement : « Si vous êtes des fans de kung-fu, vous êtes au bon endroit. Si ce soir c'est votre premier film de kung-fu, alors ce sera encore meilleur ».

 

 

Une narration décomposée qui a du charme. Mais une certaine retenue, pudeur envers ses personnages nous laisse de glace. La « patte » du cinéaste n'est visible qu'au milieu du film et à cet instant tout prend sens. Dommage qu'il faille attendre autant

Shokuzai : celles qui voulaient oublier (partie 2) : suite et fin de l'histoire. Malgré un final fort en émotions, un dénouement un peu lourd et des répétitions trop nombreuses. Même si c'est une volonté, cela fait naitre certaines longueurs.

The Weight : déroutant et hypnotisant à la fois. Son point fort ? Traiter la nudité sans tomber dans la vulgarité. Esthétiquement glauque et artistique, il manque cependant une part poétique et imaginaire qui est trop vite refoulée.

Caught in the web : Un thriller efficace et prenant, mais hélas sans grande envergure.

 

Efficace mais confus :

The Thieves : un Ocean's eleven à la sauce coréenne, un bon thriller à grand spectacle, de l'humour et des jolies nanas. Dommage que certaines pistes scénaristiques n'aient été plus explorées pour ne pas dire carrément bâclées.

The Last Supper : fresque historique dont chaque plan nous subjugue. Une caméra parfaitement maîtrisée, ainsi que les lumières et les cadrages. Cependant, une certaine difficulté à reconnaître et différencier les personnages, ce qui ampute une partie de l'intrigue.

 

La déception :

Dragon Gate, la légende des sabres volants : ou quand Tsui Hark apprend à se servir de ses effets numériques comme un enfant de maternelle. Un scénario qui ne tient pas la route et une esthétique kitsch aveuglante que le réalisateur semble assumer totalement.

 

Les talents de demain : 

Taboor : un OVNI dans la compétition. Des ambiances visuelles digne de Lynch (Il y a même un nain aussi !) et des cadrages irréprochables. Pourtant difficile d'accès, il a le mérite d'être sincère, le cinéaste y ayant mis toutes ses tripes.

Songlap : humainement violent et fiévreux. Son dynamisme et son aspect parfois un peu clip nous charme de bout en bout. Scénario en béton et une maturité à toute épreuve. Un final explosif, porté par des acteurs talentueux. 

Four stations : déroutant mais entraînant. La différence de cultures nous fait perdre nos repères en même temps qu'elle nous intrigue.

 

Palmarès :

Le Lotus du Meilleur Film : I.D., un film indien de Kamal K.m.

 


Remis par le jury, à l'unanimité. Très modeste, quelques mots du réalisateur « Je ne pense pas que mon film soit le meilleur. On ne fait pas un film pour être jugé mais pour partager des émotions. Le monde est composé de barrières et je fais du cinéma pour parler aux gens en brisant ces barrières. Je dédie ce film à l'homme qui vit dans la rue et avec qui je veux partager ce prix ».

Le Lotus du Jury : 2 films ex-aequo :

Mai Ratima, dont le réalisateur est intimidé : « Je suis étonné de gagner car mon film faisait déjà l'ouverture du festival, ce qui était un honneur. Ce prix va beaucoup m'aider pour la suite de ma carrière en Corée ».

 

 

Four Stations, du réalisateur thaïlandais Boonsong Nakphoo. Une jolie surprise pour ce film qui est plutôt discret comparé aux autres en compétition.

Le Prix du Public : Apparition, de Vincent Sandoval pour qui c'est « un grand honneur d'être à Deauville. »

 

 

Le Lotus Air France (Prix de la critique) : Taboor, de l'iranien Vahid Vakilifar. Cette annonce a partagé le public en deux, certains huant et sifflant le réalisateur, d'autres applaudissant à s'en rougir les mains. 

 

 

Une programmation de qualité et prometteuse pour l'avenir du cinéma asiatique. On n'a qu'une hate, y retourner l'année prochaine !

 

 

 

 

Le Jury et les lauréats de cette 15ème édition

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