Le road movie en 15 films

Thomas Messias | 29 avril 2009
Thomas Messias | 29 avril 2009

Au moment même où juillettistes et aoûtiens se croisent sur des routes surchargées, Écran Large prend les chemins de traverse en vous proposant une sélection de 15 road movies assez inévitables et très différents les uns des autres, par le moyen de transport utilisé ou par l'état d'esprit des protagonistes. À voir avant de tailler la route.

 

 

 

 

Priscilla folle du désert(1995)

Ne vous y trompez pas :Priscilla n’est pas le nom de l’un des personnages principaux, mais bel et biencelui du vieux bus qui mène 3 travestis pas franchement discrets vers le casinoaustralien dans lequel ils comptent présenter leur spectacle. Mal copié l’annéesuivante par un Extravagances de triste mémoire, le film de Stephan Elliott futun réjouissant carton, jouant avec délectation de certains clichés maisdélaissant souvent la caricature pour des instants bourrés d’émotion. L’occasionpour le trio Stamp – Weaving – Pearce de prouver qu’un road movie n’est pasforcément une affaire de gros machos ou de vilains malfrats.

 

 

 

 

 

 

Sideways (2004)

Boire ou conduire, il fautchoisir… Sauf pour Miles et Jack, qui vont se taper la route des vins (et quelquesparties de golf) pour enterrer la vie de garçon du second. Sachant que Milesest en pleine déprime, mal remis d’une rupture et cherchant désespérément unéditeur, tandis que Jack est un gros queutard sans trop de cervelle, le duo vavivre une série d’aventures souvent hilarantes, pleines de mauvaise humeur et d’infortunesdiverses et variées, avec toutefois en bouche ce petit goût amer qu’on appellele spleen. Lourdingue pour certains, indispensable pour d’autres, le film d’AlexanderPayne est en tout cas un sacré voyage.

 

 

 

 

 

 

 

Thelma et Louise (1991)

Girl powa !!! Après avoir tiré sur le sale type qui essayaitde se faire sa copine Thelma, Louise l’embarque dans une virée aussi cool quepossible mais pouvant être stoppée à tout moment, la police étant sur les traces des deuxfuyardes. Durant quelques jours, Thelma et Louise se sentent revivre, loin despromesses factices du rêve américain et des petites vies de femmes obéissantesqu’on voudrait leur imposer. Au volant de leur Thunderbird 1966, les cheveux auvent, ces deux nanas ont choisi de dire non en bloc, de se taper Brad Pitt sanspenser aux conséquences, de vivre leur vie, aussi éphémère soit-elle.

 

 

 

 

 

 

 

Into the wild (2007)

D’une naïveté absolue à l’imagede son héros, le film de Sean Penn est avant tout un voyage en terreaméricaine, un road trip à la Kerouac qui perd en style ce qu’il gagne encandeur. Comme souvent dans le road movie, et sans doute plus qu’ailleurs, on yretrouve cette idée de fuir un monde hostile ou incompris pour aller tenter sachance plus loin, comme on l’entend. La quête de John Krakauer (Emile Hirsch,sensass) ne finira sans doute pas comme il l’aurait voulu, mais lui aura aumoins permis d’effectuer des rencontres précieuses et inespérées. Ou quand le parcours est plus important que l’objectif.

 

 

 

 

 

 

 

Road trip (2000)

La génération Americanpie a elle aussi son road movie – on a les références qu’on mérite –grâce à Todd Phillips, dont le film annonce la couleur. À la poursuite d’unecassette vidéo que sa copine ne doit surtout pas voir, le héros fadasse tracela route avec ses potes, le temps pour eux de multiplier expériences déliranteset incidents de parcours. Même s’il vire parfois au cauchemar, ce voyage-là aquelque chose d’alléchant : c’est vrai, quoi, laisser ses neurones auvestiaire et tailler le bitume entre mâles a quelque chose de délicieusementprimitif. Resté au bercail pour nourrir le serpent, Tom Green nous prouvecependant que le délire immobile a aussi du bon.

 

 

 

 

 

 

 

Easy rider (1968)

Sorti en 1968, Easyrider a séduit à l’époque par son esprit contestataire et son côtéimprovisé. C’est vrai que la réalisation est faite de bric et de broc et que l’ambianceest très soixante-huitarde… Mais c’est finalement un certain pessimisme quiprédomine ici, loin des envies de grand soir et des illusions de nouveau monde.De Los Angeles à La Nouvelle-Orleans, nos deux motards savent parfaitement oùils vont, pourraient s’y ruer, mais choisissent de prendre leur temps, comme d’ailleursDennis Hopper derrière sa caméra. Contrairement à sa réputation de road moviepétaradant, Easy rider est justement un film relativement lent, ce qui estsomme toute assez logique vu les messages qu’il délivre.

 

 

 

 

 

 

 

À bord du Darjeeling limited(2008)

Un road movie en train ? Sisi, ça compte… Même s’il n’y a pas chez Wes Anderson le plaisir de prendre levolant et de ne pas le lâcher pendant des heures, À bord du darjeeling limitedest un véritable trip, d’un bout à l’autre des voies ferrées indiennes. Pourdonner du sens à leur deuil, trois frères aux tarins démesurés (Anderson l’aforcément fait exprès) sillonnent l’Inde à la recherche de leur mère. La beautéde cette œuvre poignante et picturale, c’est que le voyage est à la foisintérieur (on a souvent l’impression d’une grande immobilité) et bien réel, lepicaresque n’étant jamais bien loin. Un grand film sur l’éloignement qui pousseà reconsidérer les liens du sang.

 

 

 

 

 

 

 

The Blues brothers (1980)

Bon enfant et musical, TheBlues brothers est sans doute le road movie le plus euphorisant de l’histoire.Bien qu’ils fassent du dégât partout où ils passent, les frères Blues(cultissime duo Aykroyd – Belushi) sont animés par une envie de bien faire, etnotamment de sauver l’orphelinat de leur enfance grâce à une série de concerts.Croisant sur leur route John Lee Hooker, James Brown, Aretha Franklin etquelques autres, irradiant les States de leur classe naturelle, Jake et ElwoodBlues sont les parfaites icônes de la transition seventies-eighties. Ça donneune pèche d’enfer, et c’est mille fois mieux que la pseudo suite tentée parLandis vingt ans plus tard.

 

 

 

 

 

 

La grande vadrouille(1966)

Avant qu’un facteur à vélo nevienne les doubler in extremis, Gérard Oury, Louis de Funès et Bourvil étaientles leaders incontestés du box-office français. Et pour cause : vingt ansaprès la fin de la guerre, dans un élan mêlant devoir de mémoire et désir dedédramatiser. les évènements passés, ils livrèrent à la France la comédie la plus fédératrice qui soit. On compte sur les doigts d’une main les français n’ayant pas vucette Grande vadrouille, road movie pédestre et motorisé menant unchef d’orchestre, un peintre en bâtiment et des aviateurs alliés du zoo deVincennes jusqu’à la zone libre. Truffé de répliques cultes, de situationscroustillantes et magnifié par l’affrontement Bourvil – de Funès (un an après Lecorniaud), c’est un must.

 

 

 

 

 

 

 

Paris, Texas (1984)

Rappelant la thématique d’Alicedans les villes, Paris, Texas voit un homme mutiqueet (au départ) sans identité partir sur les traces de la mère de son fils,employée d’un peep-show de Houston. D’où un road movie texan, lent maispassionnant à chaque seconde, dans lequel Wim Wenders porte à leur paroxysmeses qualités de metteur en scène et de raconteur d’histoires. Mais le vraigénie du film est sans doute dans le casting : parfaitement improbable, letrio Harry Dean Stanton – Dean Stockwell – Nastassja Kinski est aussihétéroclite que bouleversant, loin des canons hollywoodiens du genre. La Palmed’Or reçue en 1984 était plus que méritée.

 

 

 

 

 

 

 

Stand by me (1986)

Le plus juvénile des road moviesest aussi l’un des plus touchants. Adapté d’une nouvelle de Stephen King, lefilm de Rob Reiner recrée l’émulation qui naît au sein des bandes d’ados,toujours prêts à se raconter des histoires et à les enjoliver. Sauf que chezKing, ces histoires de cadavres sont plus vraies que vraies, et donnent lieu àdes aventures humaines d’une rare intensité, de celles qui soudent un groupe d’amispour l’éternité. Exaltant, hilarant, effrayant, ce parcours initiatique le longd’une voie ferrée est le genre de souvenir qui vous forge un homme – et unjeune cinéphile.

 

 

 

 

 

 

 

Une histoire vraie (1999)

David Lynch qui réalise un roadmovie en tondeuse à gazon, sans freaks ni évènements improbables ?Impossible. Pourtant, c’est bien ce qui se produisit à la fin du siècledernier, avec cette Straight story apparaissant, peut-être à tort, comme uneparenthèse dans la carrière de l’artiste. Plus « normal » que sesautres films, c’est pourtant un objet assez curieux, éloge de la lenteurcontrastant avec l’urgence de la quête du héros, qui souhaite rejoindre sonfrère avant sa mort imminente. Marchant sur les traces du grand Edward Hopper,Lynch signe une œuvre surprenante, en tout cas venant de lui, et qui donneenvie de parcourir les États-Unis. Mais pas en tondeuse.

 

 

 

 

 

 

 

Jay & Bob contre-attaquent(2002)

Quand Jay & Silent Bob, lesdeux héros récurrents des films de Kevin Smith, quittent leur New Jersey chéripour rejoindre la Californie, ça peut faire du grabuge. Bien décidés àcomprendre pourquoi on ne les a pas prévenus que le comic qu’ils ont inspiréallait être adapté à Hollywood, ils vont tout faire péter, et pas seulement lesconventions. Un singe, des nanas en cuir, Carrie Fisher & Mark Hamill… Toutpour rendre heureux le geek option ado qui sommeille en chacun (ou presque) d’entrenous. Et si Jay & Bob s’y font l’Amérique en long et en large, c’est parcequ’il était prévu que ce soit leur dernière apparition avant que Smith ne « passe à autre chose ». Quel grosmenteur.

 

 

 

 

 

 

 

Sugarland express (1974)

Même si Duel part comme un roadmovie (avant de devenir un film de course), c’est Sugarland express quifait office de vrai road movie spielbergien. S’inspirant de faits réels,Spielberg livre sa variation sur le thème des amants criminels, qui fuient lesautorités à toute blinde. La beauté de l’ensemble, ce qui l’empêche de sombrerdans une apologie complaisante de la criminalité, c’est que les héros ne fuientque pour récupérer leur bébé, confié contre leur gré à une famille bienproprette de Sugarland. Pour son premier vrai film de cinéma, Spielbergdémontre déjà un vrai brio de metteur en scène et une incroyable habileté àslalomer entre les genres.

 

 

 

 

 

 

 

Papa (2005)

Un père, un fils, la route. Ce n’estpas que le résumé du dernier Cormac McCarthy mais également celui de Papa,étonnant deuxième film de l’ex-Robin des Bois Maurice Barthélémy. Les nombreuxkilomètres à parcourir (mais vers où ? Vers quoi ?) sont l’occasionrêvée de parler de biscuits, de disserter sur le sens de la vie, de reprendreen chœur des chansons vieillottes. Bref, de faire tout ce qu’un père et sonfils devraient faire tous les jours, encore et encore. D’une simplicitébouleversante, d’une concision qui laisse pantois, c’est un film magnifiquementténu qui doit beaucoup au duo Alain Chabat – Martin Combes.

 

 

 

 

 

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