Les 10 plus beaux nanars du cinéma fantastique français

Jean-Noël Nicolau | 22 avril 2009
Jean-Noël Nicolau | 22 avril 2009

L'erreur est Humains, mais ce n'est qu'un nouveau chapitre de la sinistre liste des nanars offerts par le cinéma fantastique français. En privilégiant les catastrophes récentes, ce dossier vous propose une plongée dans les méandres les plus sinistres, mais aussi les plus drôles, du genre.

 

 

 

 

Brocéliande de Doug Headline (2002)

 

Druides, campus, monstre et kung-fu, le cocktail détonnant du film de Doug Headline et Benoît Lestang était un pari plus que risqué. Le résultat tient de l'errance sous valium qui débute dans l'hommage appliqué aux pires heures de Dario Argento, avant de de s'achever dans le Z le plus total ; lorsque la vilaine bestiole celte se fait tataner par les deux héroïnes lors d'un combat final resté dans les annales du fou-rire. Si la carrière d'Elsa Kikoïne s'est ensuite enfoncée dans les méandres des séries télévisées, c'est Alice Taglioni qui s'en sortie le mieux. Doug Headline, quant à lui, demeure porté disparu...

 

 

 

 

 


 

La Nuit de la mort de Raphael Delpard (1980)

 

Un slasher français mettant en scène des infirmières d'une maison de retraite aux prises avec des pensionnaires aux tendances cannibales, avec une scène de nue intégrale de Charlotte de Turckheim, cela a de quoi émoustiller le cinéphile de base, non ? Malgré son postulat de base intéressant, le film de Raphaël Delpard souffre d'un amateurisme flagrant (avec micro dans le champ et musique crispante pompée sur Bernard Hermann) et d'une interprétation approximative. Seuls les effets gore réalisés avec peu de moyens (nous sommes en 1980) sauvent quelque peu la mise mais ils ne sont pas aidés par une photographie blafarde et une mise en scène aussi nerveuse que dans un épisode de "Louis la brocante". Il parait que le réalisateur (qui commit le thriller fantastique Clash en 1983) reçut un télégramme de félicitation de la part de Tobe Hooper à l'époque. C'est çà le charme de la « french touch » vue de Hollywood ...

 

 

 

 

Terminus de Pierre William Glenn (1987)

 

Festival d'Avoriaz 1987, aux côtés de films tels que Blue Velvet, La Mouche ou Gothic, le seul film français de la sélection s'annonce comme un succédané ambitieux et friqué de Mad Max, avec notre Johnny Hallyday national en camionneur du futur, secondé au casting par Jürgen Prochnow et Karen Allen. Au vu du résultat calamiteux, on se demande encore comment le mot « science-fiction » ne fut pas banni de la langue française après coup. Réalisé avec les pieds par celui que l'on disait être le meilleur cadreur du cinéma français (officiant sur Le juge et l'assassin ou Le choix des armes entre autre), hanté par un Johnny décoloré au regard complètement amorphe débitant des phrases pompeuses et vides de sens, Terminus réussit l'exploit de ne jamais aligner une seule scène de cascade automobile réussie, le comble pour un film sensé faire rugir le métal. Il fallut attendre quelques années avant que l'arrivée de Caro & Jeunet, voir de Besson, puissent redorer le blason de la SF gauloise passablement ternie par ce Terminus au titre si bien approprié.

 

 

 

 


 

Samouraïs de Giodarno Gederlini (2001)

 

Vouloir métisser la comédie d'jeuns de banlieue (avec dialogues en verlan et « z'y va » à la pelle) avec le cinéma des arts martiaux de Hong Kong était déjà hasardeux comme concept, mais en confiant le tout à un réalisateur néophyte venu de la TV ne pouvait que réduire les chances de réussite. Le résultat est à la hauteur de l'ambition : calamiteux. Si ce n'est deux scènes de combats passablement torchés par le chorégraphe Philip Kwok, Samouraïs est constamment saboté par un script idiot, un humour beauf et lourdingue (les asiatiques sont appelés les pokemon...) et un casting improbable dominé par un comique de service, Saïd Serrari, que l'on a envie de dézinguer dès son apparition à l'écran. Produit par Canal +, par le biais de Bee Movies, qui voulait à l'époque assurer la promotion d'un nouveau cinéma de genre français, le film fit un four complet à sa sortie et fut suivi dans la foulée par un Bloody Mallory tout aussi navrant ...

 

 

 

Un amour de sorcière de René Manzor (1996)

 

Estampillé pilier du cinéma populaire, le producteur Christian Fechner (disparu en 2008) a navigué pendant toute sa carrière entre les réussites commerciales (Marche à l'ombre, Papy fait de la résistance), les films d'auteur (Camille Claudel, La Fille sur le Pont) et le nanar imparable (La soupe aux choux, Les frères Pétard). C'est dans cette dernière catégorie que l'on doit de ranger Un Amour de Sorcière avec Vanessa Paradis dans le rôle titre, blockbuster au casting international, avec tournage en deux versions, anglaise et française. Voulant marcher sur les traces de la comédie fantastique américaine, le film échoue à susciter quelque magie ou émotion que ce soit, ne touchant aucun public potentiel (trop niais pour les adultes, trop alambiqué pour les enfants) et ce malgré une facture technique correcte. Madame Johnny Depp devrait connaître encore par la suite du purgatoire du box-office avec Atomik Circus, Le retour de James Bataille en 2004, tout comme son réalisateur René Manzor, avec un par trop ambitieux Dédales mal fichu, et se confine depuis au travail dans les séries TV plus consensuelles.

 

 

 

 


 

Vidocq de Pitof (2000)

 

Dès ses premiers pas tremblants et poussiéreux dans un Paris rétro futuriste, Pitof prévient : son film sera moche et filmé avec les pieds. Et le bougre tiendra bon, 100 minutes dont autant de vomissements et autres décollements de la rétine. Mais il n'est pas le seul à tuer, scénaristiquement et cinématographiquement, le célèbre Eugène-François Vidocq. Avec ce premier script original pour le cinéma, Jean-Christophe Grangé réussit à décrédibiliser toute sa bibliographie. Ce n'est donc pas Vidocq qui mène l'enquête, car mort mais en fait non, mais Etienne Boisset, car gentil biographe mais en fait non. Si le retournement de point de vue n'est pas nouveau, rarement un twist n'aura été aussi foireux, mensonger et crétin.

 

 

 

 

 


 

 Eden Log de Franck Vestiel (2007)

 

C’est donc Clovis Cornillac qui se réveille dans une grotte, dans le noir. Oui, il fait noir dans une grotte. Comme il a beaucoup dormi, qu’il est amnésique ou qu’il est défoncé, Clovis plane, trébuche, patauge. Son kiff à lui, c’est les arbres, l’herbe, la nature quoi. Sauf qu’il est sous terre, donc pour jardiner c’est pas pratique. Faut donc remonter à la surface en évitant les mauvaises racines, les taupes géantes et un tas de détritus – du genre qui peut couper ou faire mal. Voilà ce qui arrive quand on fait pas le tri sélectif. Merci Eden Log.

 

 

 

 

 

 

Promenons-nous dans les bois de Lionel Delplanque

 

 

L'an 2000, année bénie pour le cinéma de genre français. Enfin, notre beau pays a son slasher ! Que Michael Myers, Jason Vorhees, Freddy Krueger reposent en paix, nous avons François Berléand, le grand méchant loup. En effet, dans le genre idée à la con, Promenons-nous dans les bois, et sa mise en abyme sur Le petit chaperon rouge, se pose là au milieu des orties. Le réalisateur Lionel Delplanque a beau refaire les plans de Shining, il aime aussi se balader dans les couloirs, se perdre en forêt, jouer au docteur avec les têtes à claques du casting et finalement se foutre un peu de la gueule du spectateur.

 

 

 

 

 

Belphégor, le fantôme du Louvre de Jean-Pierre Salomé (2001)

 

2001, période faste pour un Frédéric Diefenthal qui s'imagine déjà en roi du cinéma populaire français grâce aux deux premiers Taxi (et à la série Le juge est une femme). Le retour d'acide s'amorce avec ce Belphégor sans queue ni tête, qui fit frissonner les amoureux nostalgiques du feuilleton avec Juliette Gréco. Arrivant de la comédie (Restons groupés), Jean-Paul Salomé n'a clairement pas les épaules pour un tel film et un tel budget (16 millions d'euros). Difficile de déterminer ce qui est le plus ridicule, des effets spéciaux à la Garcimore ou de la prestation hallucinée d'une Sophie Marceau se croyant visiblement chez Zulawski. On peut en tout cas lire l'effarement dans les yeux d'un Michel Serrault ravi de pouvoir payer ses impôts en étant moins ridicule que ses partenaires. Pour la petite histoire, Sophie Marceau a toujours affirmé avec fierté qu'elle avait refusé un rôle chez Oliver Stone (dans un film finalement abandonné) pour se consacrer à Belphégor. On a du flair ou on n'en a pas...

 

 

 


 

Bloody Mallory de Julien Magnat (2002)

 

 Avec sa tagline extrêmement finaude (Fuck evil), Bloody Mallory sentait bon le chef d'oeuvre absolu. Un peu comme Uma Thurman dans Kill Bill, le personnage d'Olivia Bonamy part régler ses comptes à la suite d'un mariage sanglant. La comparaison s'arrête évidemment là : avec ses dizaines de répliques improbables (« on m'avait bien dit qu'il fallait sucer pour réussir »et autres joyeusetés à découvrir), ses personnages venus d'ailleurs (dont une drag queen spécialisée dans les explosifs) et sa réalisation crasseuse abusant des filtres colorés plus que n'importe quel Soderbergh, le film de Julien Magnat est un bon gros nanar même pas jouissif tant il est ennuyeux. On n'a jamais revu le réalisateur, qui avait pourtant signé pour une adaptation de Fantômette (véridique) et sur un thriller avec Julie Gayet et Marc Lavoine...

 

 

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commentaires
nanar?
02/11/2015 à 13:36

je suis tout à fait d'accord, ceux sont des navets ou films moyens (eden log, vidocq).
Humain est un gros nanar comme on les aimes, allez faire un tour sur nanarland et vous comprendrez.

Nyctalop
17/10/2015 à 13:32

et Eden Log n'a rien à faire dans cette liste

bob
16/10/2015 à 19:41

l'auteur ce cet article commet ici une grave erreur : il confond "navet" et "nanar"... ce n'est pas exactement la même chose.

Zapan
14/10/2015 à 13:21

Vous avez aussi oublié Blood, the last vampire, l'adaptation du manga éponyme...une horreur le bouzin

chezdom
30/10/2014 à 23:43

Vous avez oublié Calibre 9 !

Hasgarn
23/10/2014 à 08:54

Eden Log ? J'ai beaucoup aimé. Et il est quand même loin de certains films de votre sélection.