Pixar : 5 bonnes raisons de les aimer

Julien Foussereau | 29 juillet 2008
Julien Foussereau | 29 juillet 2008

Wall-E, dernière merveille des studios Pixar, sort sur nos écrans. Dernière, pour ne pas dire énième car la lampe à coulisse truste insolemment le haut des bilans cinématographiques annuels depuis bientôt une décennie. Loin de dissimuler un quelconque agacement, ce constat rimerait davantage avec stupéfaction tant les magiciens d'Emeryville, Californie, sont en train d'accomplir sur la durée une histoire de cinéma sans faille. Nous ne pouvons nous empêcher de les aimer. Essayons donc de savoir pourquoi ! Explications.

 

Ils sont adorables. Tout le monde s'accorde à le dire : John Lasseter, Andrew Stanton et Pete Docter, les Sages du Studio sont des crèmes. Brad Bird en fut le premier étonné : « Quand j'ai été approché par le studio [Pixar], je m'attendais à rencontrer des tueurs sûrs de leur domination et de leur talent ! J'ai été frappé par leur sincère humilité ! » Les témoignages sont catégoriques : le studio d'Emeryville est, certes, un lieu où l'on ne chôme pas (en même temps, avec un long-métrage à livrer chaque année, le contraire eût été étonnant !) Mais, l'ambiance de travail y est décrite comme fabuleuse avec salle de ping-pong et piscine pour contrer les pannes d'inspiration et garderie pour les enfants. C'est bien simple, les animateurs et informaticiens du monde entier (dont un certain Stéphane A.) rêvent de faire partie de la famille. Si, d'aventure, on découvrait qu'ils dissimulaient des animateurs coréens clandestins dans le sous-sol, payés quatre dollars de l'heure, on serait tenté de se demander de quoi ils se plaignent ! Non mais !

 

 

 

 

 

Répartie sur 24 ans, l'œuvre du studio donne le vertige. De The Adventures of André & Wally B., minuscule court-métrage primitif à un Wall-E complexe comme jamais se dégage une incroyable odyssée technologique. L'animation 3-D leur doit pratiquement tout. Le grand public a réellement fait connaissance avec Pixar qu'en 1995 au moment de Toy Story. Un grand bond a déjà été accompli : les surfaces lisses telles que le pastique, le métal ou le bois poli sont déjà parfaitement gérées, c'est une toute autre chanson avec la peau humaine par exemple. Chaque nouveau long-métrage sera l'occasion de dépasser ces problèmes : la fourrure avec Monstres et Cie, la dynamique des fluides pour Le Monde de Nemo, maîtrise du feu sur Les Indestructibles, etc.

 

 

 

 

 

La technologie ne fait pas tout et John Lasseter l'avait déjà parfaitement compris au moment de 1001 pattes. A un journaliste, il explicitait son credo : « Ce n'est pas la technologie qui va divertir les spectateurs, ça restera toujours l'histoire ! » Une parole de bon sens qui explique pourquoi, treize ans après sa sortie, Toy Story est toujours aussi génial. Et, il en faut du talent pour imaginer des histoires démentielles comme la survie d'une fourmilière par des troubadours rampants et sautants face à la menace des sauterelles (1001 pattes ou l'infiniment petit) ; le parcours du combattant d'un rat pour devenir un grand chef cuisinier (Ratatouille, l'infini dans une soupière) ; l'amour par delà les galaxies et les changements de carte-mère d'un robot pour un autre (Wall-E, l'infini... et au-delà.) Chez Pixar, story does matter, point barre. Tant pis pour Jan Pinkava dont les multiples hésitations lui ont coûté sa place sur Ratatouille au profit de Brad Bird. Cela dit, pour une fois que des producteurs se soucient de notre bien-être de spectateur, on ne va pas s'en plaindre.

 

 

 

 

 

Si le souhait le plus cher des petites mains de Pixar est de nous proposer le meilleur divertissement possible, c'est peut-être parce qu'elles ont été émerveillées elles aussi par tous ces monuments du grand cinéma. Les références pleuvent à chaque fois : Star Wars, Les Dents de la mer, Les Oiseaux, James Bond, Les Sept Mercenaires, j'en passe et des meilleures. Les mauvaises langues pourraient estimer ça geek, on trouvera cela juste touchant. Car, en plus d'être un signe manifeste de générosité, elles le font avec discrétion sans jamais négliger les fondamentaux (narration, humanité) ou apporter leur patte personnelle. Certains concurrents comme PDI feraient bien de méditer là-dessus.

 

 

 

 

 

Brad Bird mis à part, les longs-métrages Pixar ont rarement mis les humains au centre de leur récit. Pourtant, ils sont tous empreints d'une humanité qui n'a eu de cesse de s'intensifier au fil des années. Il faut dire qu'ils ont su s'inspirer des plus grands, de Chaplin à Hayao Miyazaki en passant par John Ford. Comme on pouvait lire au début du Kid : du rire aux larmes. Bien des Pixar nous donnent l'occasion de nous rappeler que l'on est capable du meilleur. Qu'il s'agisse de la fourmi décidant de faire face seule à l'injustice, de l'ingestion de ratatouille capable de faire ressurgir derrière la muraille de cynisme l'enfant plein d'espoir que l'on a été jusqu'au tire larmes ultime : la danse d'un robot mutique, usé, et paradoxalement si beau par sa naïveté que son simple pas de danse devant un enregistrement fatigué de Hello Dolly par Gene Kelly ne finit pas d'embuer nos yeux.

 

 

 

 

 

Ce point, le plus important de tous, confirme une chose, la plus belle de toutes, c'est que les pionniers de Pixar sont moins des magiciens que des alchimistes. Ils détiennent une Pierre Philosophale d'un nouveau genre : celle qui transforme les froides données numériques et virtuelles issues d'ordinateurs surpuissants en de l'émotion brute. Et bien réelle.

 

 

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