Blade runner - The Final cut (suite)

Julien Foussereau | 2 septembre 2007
Julien Foussereau | 2 septembre 2007

Un jour après la projection du Final cut, revenons plus en détail sur la dernière mouture de la pièce maîtresse de Sir Ridley Scott ; mouture qui, rappelons-le, n'a pas manqué de dépiter la majeure partie de nos envoyés vénitiens. En l'état  Blade runner - The Final cut  ressemble plus a un travail de finition de la Director's cut ressortie en 1992 qu'a un Scott's cut. De là à penser que ce dernier n'a pas souhaité trop chambouler un montage de compromis à l'époque, devenu au fil des années celui de la reconnaissance, il y a là un pas que l'on peut aisément franchir.

 

« ...Confirmant dans l'interview accordé à Paul Sammon pour son livre son intention de remonter le "vrai Blade runner original director's cut" suite à sa déception pour la ressortie en 1992, Ridley Scott a indiqué qu'il souhaitait intégrer des images restés inédites et issues de la copie de travail, les deux scènes de Deckard à l'hôpital et les quinze secondes de violence présentes dans la version internationale, le tout doublé d'une restauration de l'image... » Voici ce que l'on peut lire dans l'excellent dossier de Thomas Douineau (l'article complet en cliquant sur ce lien) publié quelques mois plus tôt. Force est d'admettre que ces quelques lignes avaient de quoi mettre l'eau a la bouche... A l'issue de la projection, on prend conscience qu'il y avait un peu de vrai dans les propos de Ridley Scott (la réintégration de la violence du montage international) ... mais beaucoup plus d'intox.

 

Quid des deux scènes en milieu hospitalier ? Peanuts ! Tout simplement. Et les images dantesques de fêtes urbaines, avec ces beautés masquées dansant lascivement à l'intérieur de bulles en plastique ? Elles sont réduites à deux trois plans de coupe furtifs... Tout n'est qu'affaire de fignolage dans Blade runner - The Final cut, de la post synchro (le I want more life fucker de Batty à Tyrell devient I...father) au régime d'images très légèrement modifié (l'agression de Holden ; l'apparition de Batty puis de la licorne) en passant par des changements de transition entre les scènes.  Tant et si bien que l'on en vient souvent à douter des éventuelles différences : sont-elles réelles ou bien est ce simplement notre mémoire qui nous joue des tours ? Un comparatif approfondi via l'exploitation vidéo sera nécessaire pour relever les derniers oublis. En tous les cas, il apparaît évident que les rajouts par rapport au cut de 1992 constituent moins de deux minutes.

 

Ce constat pris en compte et digéré (l'auteur de ses lignes y est parvenu... il est bien le seul), la vision de « Blade runner dépoussiéré » demeure délectable du fait de l'amélioration de certains effets spéciaux et surtout des conditions optimales de diffusion en HD. De mémoire, on n'avait jamais vu ce monument avec un tel niveau de précision car les textiles ainsi que les textures de peau sont parfaitement rendus (l'occasion de voir que Deckard porte quelques vêtements horriblement eighties) sans parler des plans larges truqués optiquement par Douglas Trumbull s'en sortant très bien la plupart du temps. Le plan d'ouverture est, à ce titre, exemplaire : adieu poussières, bruits et matte paintings aussi datés que mal intégrés. On notera aussi qu'un effort a été entrepris pour réintégrer à la palette graphique la tête de Joanna Cassidy au moment de la mort de son personnage Zhora (on voyait avant le mauvais raccord perruque / cascadeuse).

 

 


 

Au final, on tient quand même à préciser que les avis à chaud portaient davantage sur les apports de ce Final cut que sur le film stricto sensu. On aime toujours autant Blade runner qui restera pour beaucoup d'entre nous un film phare pour son époque. Mais, malgré toute l'affection que l'on a pour Ridley Scott, on peut difficilement louper une occasion d'ironiser sur cet évènement vendu comme une revisite d'une œuvre majeure du cinéma de S.-F. alors que, bon, notre ami tenait déjà 99% de son film il y a quinze ans.

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