Bilan de la rentrée US 2005 3/3

Zorg | 28 janvier 2006
Zorg | 28 janvier 2006

Troisième et ultime partie de notre dossier récapitulatif sur les séries de la rentrée 2005.

Vous retrouverez ici FOX et The WB, un acteur de second plan dans le paysage audiovisuel américain, qui ont introduit respectivement neuf et six nouveautés dans leurs grilles de programmes en septembre dernier.

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Head Cases


Genre : Drame légal. (45 min)
Synopsis : Deux avocats un peu atypiques, le premier souffrant d'une dépression nerveuse et le second étant un brin caractériel, s'associent pour aider toutes sortes de gens.
Avec : Chris O'Donnell, Adam Goldberg, Krista Allen.
Destin : Après deux épisodes et des audiences catastrophiques, cette série judiciaire eut l'insigne honneur d'ouvrir le bal des annulations de la saison 2005/2006. C'est un peu sauvage certes, mais c'est une pratique somme toute normale pour FOX.
Notre avis : Si les annulations peuvent parfois paraître si ce n'est injustes du moins regrettables, il faut bien reconnaître qu'elles sont de temps en temps entièrement justifiées. S'inspirant d'une dynamique de buddy-movie (ou comment amener deux individus que tout oppose à travailler et/ou vivre ensemble en allant de la franche hostilité à la plus profonde des amitiés, voire plus si affinités), Head Cases fait partie de ces erreurs télévisuelles dont on ne s'explique toujours pas l'existence tant l'ensemble, du casting au concept en passant par la réalisation ou les dialogues, sonne faux.

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Prison Break


Genre : Action-thriller carcéral. (45 min)
Synopsis : Michael Scofield n'a qu'une idée en tête : faire évader son frère qui patiente dans le couloir de la mort d'une prison de Chicago. Ingénieur, il décortique l'endroit pierre par pierre, boulon par boulon, pour échafauder le plan parfait avant de se faire incarcérer et faire sortir son frangin avant la date fatidique de son exécution.
Avec : Wentworth Miller, Dominic Purcell, Robin Tunney, Peter Stormare, Sarah Wayne Callies, Amaury Nolasco, Paul Adelstein, Robert Knepper.
Destin : Incontestablement le carton de la rentrée, et l'un des shows qui a le plus généré de buzz autour de lui. Prison Break fait partie de ces privilégiés qui ont bénéficié non seulement d'une reconduction prématurée, mais surtout d'une prolongation. Initialement prévue pour 13 épisodes, la saison inaugurale s'étendra au final sur 22.
Devant rendre la case du lundi soir à 24 à partir de janvier, on a redouté pendant un certain temps un report de la fin de la première saison aux calendes grecques, mais il semblerait que la FOX ait revu sa copie et que la série carcérale revienne sur l'antenne en mars. En France, c'est M6 qui a acheté les droits de diffusion.
Notre avis : Sur un pitch à la limite de l'improbable, construit comme un immense puzzle où chaque mouvement est calculé et où chaque pièce a une place bien précise, le show fonctionne plutôt bien pour peu que l'on ne commence pas à chercher l'incohérence au détour de chaque scène. Incohérences qui dès lors se baladeraient à travers les épisodes par troupeaux entiers, à l'image de 24. Prison Break est avant tout un action-thriller, librement calqué sur 24 pour une contrainte temporelle forte et avec des épisodes en forme de roller-coaster (bref Oz peut dormir tranquille sur le trône des drames carcéraux).
Si le charisme des deux personnages principaux laisse un peu à désirer, l'ensemble est suffisamment bien construit malgré son côté « arcade ». Après un début légèrement hésitant, il trouve un rythme de croisière plutôt efficace et addictif. La durée de vie de la série parait par contre relativement aléatoire. Il semble en effet difficile de maintenir le statu quo « on les garde enfermés » indéfiniment, et la série prendrait un tout autre visage une fois les personnages au grand air.

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Bones


Genre : Procédural policier à la CSI. (45 min)
Synopsis : Le Dr Temperence Brennan est une brillante anthropologue affectée avec son équipe du Smithonian Institute de Washinton en tant qu'experte médico-légal. Sa spécialité : identifier des personnes souvent rendues à l'état de squelette et trouver les causes de la mort. Elle travaille étroitement avec l'agent Seeley Booth du FBI, ancien tireur d'élite qui a des méthodes d'investigation diamétralement opposées à sa rigueur scientifique.
Avec : Emily Deschanel, David Boreanaz, Jonathan Adams, Eric Millegan, Michaela Conlin, T.J. Thyne.
Destin : Inspirée par la vie d'une véritable anthropologue, Bones fait partie des heureux lauréats au concours du « Qui reviendra en deuxième semaine » tout en voyant son compteur porté à 22 épisodes. De bonnes performances (10 millions environ) pourraient bien assurer son avenir à plus longue échéance, la chaîne ayant besoin de programmes de ce type face aux juggernauts de CBS avec sa franchise CSI. En France, M6 en a acquis les droits et entend sans aucun doute concurrencer la diffusion de CSI sur TF1.
Notre avis : Fonctionnant sur un savant mélange d'analyses « scientifiques » et de réparties verbales entre les principaux personnages, la série dégage un charme assez unique dans le milieu des « crime dramas » américains, d'habitudes plus portés sur les détails sordides des affaires criminelles que la couleur de la cravate du détective chargé de l'enquête. L'écriture relativement intelligente et l'apport des comédiens, David Boreanaz en tête, confèrent une ambiance en même temps très décontractée à l'ensemble.

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Kitchen Confidential


Genre : Comédie gastronomique. (25 min)
Synopsis : Après avoir été une des étoiles montantes de la gastronomie new-yorkaise, le chef Jack Bourdain a sombré dans tous les travers qu'une célébrité aussi soudaine peut offrir, et se retrouve au fond du trou à jouer les pizzaïolos. Quand un restaurateur fait alors appel à lui pour diriger les cuisines de son nouvel établissement, Jack batle rappel des troupes et va tout mettre en œuvre pour combattre ses vieux démons et se racheter une virginité.
Avec : Bradley Cooper, Nicholas Brendon, Bonnie Sommerville, Jamie King, John Francis Daley, Owain Yeoman.
Destin : Il ne fallait guère plus à FOX que des audiences en demi-teinte (5 millions de téléspectateurs au maximum) pour annuler la nouvelle sitcom. Une fois n'est pas coutume, la chaîne a toutefois donné sa chance au produit par le biais de rediffusions précoces, sans succès.
Notre avis : Cette plongée loufoque dans le microcosme des cuisines de grands restaurants n'a pas su conquérir le public américain, et c'est bien dommage. Bradley Cooper emmenait un casting plein d'entrain, au sein duquel figurait une Jamie King (Goldie dans Sin City) irrésistible en serveuse complètement « blonde », et servait avec brio des dialogues pétillants. Indubitablement une des plus drôles (si ce n'est la plus drôle) de la rentrée, mais qui n'a pas vécu assez pour trouver un public. Michael Vartan, ancien collègue de Cooper sur Alias, a cependant trouvé le temps de venir faire un guest hilarant en chef français.

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Reunion


Genre : Drame calendaire. (45 min)
Synopsis : Ils sont six et se connaissent depuis le lycée. Lors de la réunion des 20 ans de leur promotion, l'un d'entre eux est assassiné. Le mystère trouvera sa réponse lors d'une enquête remontant aux débuts de leurs relations et dont chaque année passée marque un jalon important.
Avec : Mathew St. Patrick, Alexa Davalos, Sean Faris, Amanda Righetti (The O.C.), Will Estes, Chyler Leigh (Sex Academy), Dave Annable.
Destin : Encore une série au concept alléchant (chaque épisode raconte une année) mais aux audiences moyennes pour laquelle la rigueur éditoriale de FOX aura eu des airs d'exécuteur public. Après des audiences balbutiantes et plusieurs hésitations, la chaîne a néanmoins pris la décision d'annuler la série. Nous ne saurons donc jamais si c'est Mademoiselle Rose ou le Colonel Moutarde qui a tué dans la bibliothèque avec le lustre en cristal de Bohème, car du propre aveu des créateurs de la série, il était impossible de couper court aux débats pour proposer aux spectateurs un semblant de résolution. 9 épisodes et puis s'en vont les mystères de Reunion, malgré les 13 qui furent tournés.
Notre avis : Au-delà de la viabilité de son intrigue, le principal écueil du concept était de rendre crédibles en quadragénaires de jeunes comédiens de 20 ans. C'est mission à demi réussie seulement car malgré un casting plutôt à l'aise dans ses jeunes années, l'ensemble manquait de maturité pour les années ultérieures. Le produit final lorgne de plus davantage vers le soap que vers l'enquête policière à la Murder One. Il est néanmoins regrettable que la chaîne n'ait pas eu le courage d'aller jusqu'au bout car l'enquête se retrouve stoppée en plein élan et le spectateur le bec dans l'eau.

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The war at home


Genre : Sitcom familiale belliqueuse.
Synopsis : Dave et Vicky sont mariés, à peu près heureux, mais c'est une bataille de tous les instants pour maintenir un semblant de cohésion familiale face à leurs trois enfants qu'ils ont les pires difficultés à élever.
Avec : Michael Rapaport, Anita Barone, Kyle Sullivan, Dean Collins, Kaylee DeFer, Rami Malek.
Destin : Malgré un accueil critique particulièrement frileux (pour ne pas dire plus), et grâce à une programmation judicieuse entre deux autres programmes très suivis (Les Simpsons et Family Guy), la série s'en tire avec les honneurs : une audience constante (8.5 millions) et une saison complète.
Notre avis : Lourd, laborieux, pas drôle, tels pourraient être les qualificatifs accolés à [b]The war at home. Se basant sur une opposition entre des parents incompétents et irresponsables et des enfants incontrôlables et à moitié tarés, l'ensemble se révèle caricatural au dernier degré et difficilement supportable. C'est typiquement le genre de programmes qui fait instantanément regretter l'annulation d'autres séries plus intéressantes (ou moins débiles) et dont on souhaite qu'ils ne traversent jamais l'Atlantique.

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Killer Instinct


Genre : Drame policier.
Synopsis : Le détective Jack Hale fait partie de l'unité d'investigation des crimes déviants de la police de San Francisco. Revenant d'un congé suite au décès de sa précédente partenaire, il mène l'enquête en première ligne sur les crimes les plus bizarres et les plus malsains tout en luttant pour sauver sa carrière.
Avec : Johnny Messener, Chi McBride, Kristin Lehman.
Destin : Annulée au bout de 9 épisodes.
Notre avis : Soyons honnêtes, ce n'est pas une série policière de plus ou de moins qui va changer la face de l'histoire de la télévision. Son seul véritable atout est d'avoir été filmée dans les rues de San Francisco, changeant ainsi le paysage du spectateur désormais autant habitué aux rues de Los Angeles que celles de son propre quartier. En dehors de cela, d'innombrables shows sont déjà passés par la case « enquête sur meurtres bizarres » avec plus de succès et surtout plus de qualités.

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Related


Genre : Guimauve new-yorkaise et familiale pour les filles.
Synopsis : Les quatre sœurs Sorelli ont toutes une existence bien remplie, professionnellement et/ou sentimentalement, mais chacune d'entre elles serait certainement un peu moins compliquée sans les trois autres.
Avec : Jennifer Esposito, Lizzy Caplan, Kiele Sanchez, Laura Breckenridge, Callum Blue.
Destin : En ballotage favorable. Des audiences en progression par rapport à Just Legal qui occupait le créneau horaire l'an dernier (un peu moins de 3 millions) ont conduit The WB à commander plus d'épisodes en portant le total de cette 1ere saison à 19, sans pour autant passer au sacro-saint « full order » de 22.
Notre avis : Produite par Marta Kauffman et écrite par d'anciens scénaristes de Sex and the City dont elle emprunte le décor (New-York) et une partie du concept (un quatuor de jeunes femmes expérimente les vicissitudes sentimentales de l'existence), Related est une série typiquement labellisée « pour les filles », qui peut s'avérer attachante selon la sensibilité du spectateur (ou de la spectatrice). La vision d'un épisode donne un peu le tournis à cause du volume et des fréquences sonores des conversations, les histoires sont parfois dignes d'un épisode de Dawson, quand elles ne sont pas noyées sous une épaisse couche de guimauve et de sirop, mais le charme des quatre actrices principales peut faire pencher la balance du bon côté si l'on survit au choc du premier épisode.

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Supernatural


Genre : Road-série surnaturelle.
Synopsis : Dean et Sam Winchester sont deux frères liés par une tragédie qui les a tenus éloignés l'un de l'autre depuis plusieurs années. L'un a fui, l'autre est resté, mais la disparition de leur père va les lancer à la recherche de ce dernier tout en combattant les esprits du mal rencontrés sur la route.
Avec : Jared Padalecki, Jensen Ackles.
Destin : Supernatural est l'un des succès surprise de cette rentrée sur The WB avec un peu plus de 5 millions de téléspectateurs par semaine (un très beau chiffre pour cette chaîne du « basic cable », en plus d'être en hausse par rapport à l'année précédente pour la même case horaire). La chaîne a donc logiquement commandé une saison complète, et l'on parlerait déjà d'une année supplémentaire. En France, aucune chaîne n'a encore voulu se mouiller à l'heure actuelle.
Notre avis : Fermement ancrée dans la grande tradition des séries fantastiques américaines, la série brasse ces bons vieux thèmes surnaturels et parapsychologiques usés jusqu'à la corde, allant du wendigo au poltergeist en passant par toutes les variétés de fantômes et de démons, et dont on se demande s'ils ne vont pas finir par tous nous enterrer. Supernatural repose de plus sur une dynamique assez laborieuse, directement inspirée d'X-Files, sans la fraîcheur ni l'originalité du vénérable drame de Chris Carter, ainsi que sur un casting pas vraiment crédible, et encore moins attachant.

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Twins


Genre : Sitcom frivole et branchée frou-frou à San Francisco (ça change de New York). (25 mins)
Synopsis : Mitchee et Farrah Arnold sont jumelles, mais ne se ressemblent en rien. La première est brune, ressemble à son père, est déterminée et a les pieds sur terre en plus d'être l'intellectuelle de la portée, tandis que la seconde est une blonde écervelée ressemblant à sa maman. Mais elles sont tout de même soudées pour tenir le business familial, une petite firme de lingerie fine.
Avec : Melanie Griffith, Sara Gilbert, Molly Stanton, Mark Linn-Baker.
Destin : Avec des performances modestes (2.6 millions en moyenne), Twins reste encore dans l'incertitude. La chaîne a commandé 5 scripts supplémentaires début novembre, portant le total à 18 épisodes produits. Il est cependant bien trop tôt pour évoquer un quelconque renouvellement, celui-ci étant conditionné par les résultats que feront les nouveautés de la mi-saison.
Notre avis : Frappée du sceau de la blonditude apparente, Twins est une de ces petites séries qui pourraient bien prendre de l'envergure avec le temps. Elle ne révolutionnera certes pas le genre, mais la présence de Melanie Griffith, venant railler elle-même son image de grande blonde superficielle et naïve (pour ne pas dire totalement gourde), est certainement son meilleur atout.

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Just Legal


Genre : Drame à peine légal.
Synopsis : David « Skip » Ross est un jeune prodige du droit (à 19 ans il a déjà son diplôme d'avocat !), et n'a qu'un seule rêve en tête : devenir un avocat au pénal. Le seul cabinet de L.A. qui l'accepte est loin d'être prestigieux. Son boss est Grant Cooper, une ancienne star désabusée du barreau et portée sur le whisky. Ensemble, ils vont tenter de faire innocenter les victimes du système judiciaire qui n'ont pas les moyens de se défendre.
Avec : Don Johnson, Jay Baruchel, Jamie Lee Kirchner.
Destin : Avec des audiences pour ainsi dire désastreuses malgré une promotion intense et le nom du toujours très populaire Don Johnson, le couperet n'a pas mis longtemps à tomber. Trois épisodes et la série fut promptement annulée par la chaîne, ce qui est assez inhabituel pour un programme produit par Jerry Bruckheimer.
Notre avis : Fonctionnant comme son illustre collègue Head Cases, lui aussi sauvagement annulé après deux épisodes, sur une dynamique de buddy-movie (ou de buddy-série en l'occurrence), le cocktail s'avère difficile à avaler. Don Johnson traîne sa dégaine de sex-symbol déchu et son jeune partenaire est aussi crédible dans ses baskets de génie du droit que Britney Spears en cantatrice à la Scala de Milan. Depuis la fin d'Ally McBeal, toutes les tentatives d'amener l'humour dans les tribunaux américains se sont soldées par de formidables échecs, et il paraît bien difficile de prédire quand son digne successeur verra le jour.

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