Don Coscarelli, biographie
Né à Tripoli le 17 février 1954 mais élevé en Californie, tout comme
Steven Spielberg et George Lucas, c'est à l'âge de 18 ans que Don
Coscarelli entame le tournage de Jim the World's greatest,
drame teenager sur les ravages de l'alcoolisme. Financé par son propre
père, la réalisation du film s'étalera sur trois ans et il réussira à
être vendu à la Universal pour une diffusion à plus ou moins grande
échelle. Même si le film ne connaît pas de succès, Don Coscarelli
enchaînera en 1976 sur Kenny & co, basant son action
lors d'une soirée de Halloween vécue à travers les yeux d'un enfant. Sa
carrière cinématographique, basée sur l'indépendance, et sa vision
toute particulière d'une Amérique provinciale et de ses enfants, est
désormais lancée.
Mais c'est en 1978, qu'il réalise son coup de génie avec la création de Phantasm.
Film fantastique unique et fascinant, au croisement de l'horreur
gothique et de la SF, avec son croque-mort hantant les couloirs du
caveau de Morningside et transformant les cadavres en nains destinés à
être esclaves dans une dimension alternative. Phantasm, distribué en 1979 via Avco Embassy (défunte société qui distribua entre autres The Fog et New York 1997)
est un gros succès et traumatise toute une génération de jeunes
spectateurs qui n'iront plus s'amuser comme avant dans les cimetières !
Rêve éveillé d'un adolescent frappé par un traumatisme, Phantasm , visiblement inspiré de Invaders from Mars de 1953 mais aussi de La Foire des ténèbres,
récit de Ray Bradbury, pas encore adapté au cinéma à cette date,
possède son lot de séquences oniriques et horrifiques qui ont marqué
les esprits. Les différentes apparitions du « Tall man », figure
désormais emblématique du cinéma fantastique et interprétée par le
hiératique Angus Scrimm, préfigurait un certain Freddy Krueger dans
l'interprétation du « boogeyman » tourmenteur via les rêves. La sphère
argentée et meurtrière, plantant sa vrille dans la tête de ses
victimes, sont les points marquants qui font de Phantasm un film culte dès sa sortie, autant aux USA qu'en Europe.
Face à celui qui deviendra l'icône effrayante de la série, le débutant Michael Baldwin (rien à voir avec la fratrie si chère aux créateurs de South Park !), associé à Bill Thornbury dans le rôle de son frère et Reggie Bannister dans celui du marchand de glaces pourfendeur de gnomes, arrivent à faire naître une émotion qui restera la marque de fabrique d'un film au style fondateur. Scènes gores assez copieuses, avec sexe à la clé et atmosphère angoissante se mêlent avec bonheur dans une uvre qui est devenue un classique, à l'instar des films de John Carpenter ou de Wes Craven de la même époque.
En 1982, Don Coscarelli tente l'aventure de l'heroïc fantasy, genre alors en vogue (Conan le barbare, L'Epée sauvage, Dark crystal sortiront cette année) et réalise Dar l'invincible (The Beastmaster
en VO). Bien qu'affublé d'un titre français qui ne lui épargna pas
quelques jeux de mots peu subtils, et quelque peu renié par son auteur
qui entra en conflit avec son producteur, Sylvio Tabet, à propos du
montage final, Dar l'invincible est un film d'aventure qui tient la route. Avec l'athlétique Marc Singer dans le rôle du valeureux héros (avant la série V et les productions Corman) et une atomique Tanya Roberts (sortant à peine de la dernière saison de Charlie's angels)
dont le bikini on ne peut plus seyant est pour beaucoup dans le
souvenir ému que l'on garde du film, ce long-métrage, malgré un manque
de moyens évidents, assume le côté « fantasy » avec bonheur. Sorcières,
zombies portant des tenues de cuir faisant très bondage, hommes
chauve-souris se succèdent au fil d'une intrigue classique de trône
volé et de magicien à châtier, où le héros, vague cousin de Conan, est
aidé par des animaux sauvages qu'il commande par télépathie : un aigle,
deux furets et une panthère noire (en fait un tigre grimé). Le film fut
un succès mais dégoûté de l'expérience, Don Coscarelli déclina
l'invitation à faire une séquelle, ce que fit inconsidérément son
producteur en signant un Dar l'invincible 2, en 1990, versant dans le Z
S'ensuivit une période de vaches maigres, où aucun des projets menés
par Don Coscarelli ne réussit à être mené à bien, il fut un temps
annoncé à la barre de Screamers, histoire de SF violente
rédigée par Dan O'Bannon, mais le film ne vit pas le jour. Il fut
finalement réalisé en 1995 par le canadien Christian Duguay et
distribué en France sous le titre Planète hurlante, avec Peter Weller. En 1986, Don Coscarelli filme Survival quest
qui, comme le titre l'indique, est un survival basique, où un groupe de
randonneurs arpentant les Rockies affronte un groupe paramilitaire
particulièrement violent. Avec Lance Henriksen, Dermot Mulroney et une
Catherine Keener débutante, ainsi que Reggie Bannister, éternel habitué
des films de Coscarelli, le film connaîtra quelques problèmes avec la
censure et sera peu distribué (officiellement en 1989) et terminera
directement sur les étagères des vidéoclubs.
En 1988, sollicité par les producteurs et les nombreux fans, Don Coscarelli accouche d'une suite à Phantasm pour un deuxième opus orienté plus action, sûrement un effet collatéral de la série des Freddy
qui cartonnait à l'époque. Bizarrement, le rôle de Mike est cette
fois-ci interprété par un acteur plus connu, James LeGros, remplaçant
Michael Baldwin, toujours accompagné de Reggie Bannister dans une
histoire tirant plus sur le road-movie, avec pour le coup une légion de
nains et des sphères encore plus meurtrières et avec, toujours comme
meilleur effet spécial de la série, le retour d'Angus Scrimm dans le
rôle du « Tall man » encore plus indestructible. Phantasm II
fait dans la surenchère, s'offrant même un duel à base de
tronçonneuses, laissant un peu de côté l'ambiance cauchemardesque qui
imprégnait le film original mais le succès est au rendez-vous, se
transformant en une malédiction pour son auteur qui se verra obligé de
continuer à faire des suites. Le seul fait positif étant que Don
Coscarelli garde le contrôle sur sa franchise, tous les films étant
scénarisés par son auteur. En 1993, Phantasm III (sous-titré Lord of death)
marque le retour de sa vedette initiale, Michael Baldwin dans le rôle
de Mike et toujours Reggie Bannister en comparse qui affrontent
l'indestructible « Tall man » dans un monde en voie de décomposition,
accompagnés d'une redoutable guerrière noire et d'un enfant armé d'un
Frisbee mortel ! Si cette fois-ci l'action se concentre à nouveau dans
un mausolée, incluant des flash-backs des deux premiers films,
l'histoire tourne un peu en rond et marque le coup, Don Coscarelli se
donnant le luxe d'une fin ouverte plutôt facile, preuve d'un certain
essouflement.
Et d'embrayer en 1998 sur un Phantasm IV, au sous-titre de Oblivion,
dernier en date de la saga, où cette fois-ci sont données les origines
du « Tall man » et où les sphères meurtrières sont douées d'une forme
de conscience. En faisant naviguer son héros (encore Michael Baldwin) à
travers le temps et les dimensions pour revenir à la fameuse nuit
originelle du premier film, Don Coscarelli se sert de scènes inédites
du montage de 1979, permettant ainsi de retrouver Bill Thornbury. Ces
séquences viennent s'intégrer harmonieusement dans un récit plus
ambitieux que dans les précédentes séquelles. Le cinéaste réussit le
délicat équilibre entre le film de genre commercial tel qu'on
l'appréciait dans les années 1990 et les multiples éléments d'emprunts
et de récupération de sa propre saga, faisant de ce quatrième épisode
une relativement bonne surprise. Et d'annoncer à la suite un ultime
volet à la clé, Phantasm's end, mais qui n'a pas encore vu le jour.
Et puis en 2002, le miracle arrive avec Bubba Ho-Tep,
comédie horrifique où Don Coscarelli fait entrer deux mythes en
collision, celui d'un Elvis Presley toujours vivant opposé à un des
monstres vedettes du panthéon du film d'horreur, la momie. Avec comme
star du film Bruce Campbell, autre personnage à part entière de toute
une frange d'un cinéma que l'on aime, l'auteur de Phantasm réussit
l'exploit de se rappeler à toute une génération de fans tout en créant
un nouvel engouement culte, malgré une diffusion assez chaotique.
Démontrant qu'il possède toujours un savoir-faire à toute épreuve, avec
en main un scénario des plus délirants, il évite le piège de la parodie
et signe un film émouvant sur les laissés-pour-compte d'une Amérique
qui oublie ses gloires, tout en réussissant à faire peur et rire à la
fois. Réussite artistique et commerciale, Bubba Ho-Tep lance peut être les bases d'une nouvelle franchise avec une suite d'ors et déjà prévue au titre de Bubba Nosferatu ! Revenu dans la cour des grands, Don Coscarelli est de l'aventure Masters of horror,
anthologie parrainée par Mick Garris et où il est associé à des talents
reconnus comme John Carpenter, Joe Dante, Dario Argento pour n'en citer
que quelques uns. Il signe un des meilleurs épisodes de la saison 1 en
2005 avec Incident on and off a mountain road, histoire
effrayante d'une survivante d'un accident automobile traquée par un
serial killer appelé « Moon face », avec toujours Angus Scrimm en
second rôle (et qui est devenu un de ses proches amis à la longue !).
À l'image de ces metteurs talentueux que sont George A. Romero ou Sam Raimi, chacun avec sa série qui les caractérise tant, Don Coscarelli a réussi à se faire une place à part dans le genre fantastique et est redevenu, auprès des amateurs, un auteur avec qui il faut encore compter.