Les Contes de Terremer : bien plus qu'un sous-Miyazaki, la pépite mal-aimée du studio Ghibli

Clément Costa | 5 avril 2024
Clément Costa | 5 avril 2024

Souvent considéré comme le mouton noir du studio Ghibli, Les Contes de Terremer de Goro Miyazaki est pourtant un premier film passionnant.

Créé il y a bientôt 40 ans, le studio Ghibli est aujourd’hui plus que jamais une référence absolue dans le monde du cinéma d’animation. Et le récent triomphe du sublime Le Garçon et le Héron est venu confirmer que Hayao Miyazaki, le cofondateur du studio, n’a pas dit son dernier mot. Sur les vingt-cinq longs-métrages produits par Ghibli, on compte une majorité de réussites artistiques éclatantes. Mais cela n’empêche pas quelques sorties de piste.

Lorsqu’il s’agit d’énumérer les rares échecs artistiques du studio, on entend très souvent revenir Les Contes de Terremer, tout premier long-métrage de Goro Miyazaki. On reproche généralement au film d’être plus décousu, moins magique, moins attachant que les autres films de chez Ghibli. Et pourtant, cette première œuvre du réalisateur japonais s’avère passionnante sous de nombreux aspects. Entre récit intime et thématiques profondes, explorons les raisons de réhabiliter cette pépite mal-aimée.

 

Les Contes de Terremer : photoEn attendant la nouvelle saison de House of the Dragon

 

À LA MERVEILLE

Pour ses débuts en tant que réalisateur, le jeune Goro Miyazaki tente de respecter le riche héritage de son père et du studio qu’il représente. Fidèle au style Ghibli, Les Contes de Terremer propose ainsi un récit initiatique à la fois doux et extraordinaire, parsemé de moments contemplatifs sublimes. Le long-métrage nous dévoile progressivement un monde de sorts et de magie, un univers complexe où dragons et sorciers côtoient une humanité décadente, fatiguée.

De nombreux critiques ont reproché à Goro Miyazaki d’égarer ses spectateurs. C’est pourtant là un parti-pris passionnant et audacieux du jeune cinéaste. Plutôt que de tout nous expliquer en détail, il nous laisse découvrir ce monde hostile à travers les yeux du jeune Arren. Il tente de nous communiquer l’émerveillement ainsi que la perte de repères du jeune prince fugitif. Nous découvrons les règles et les enjeux en même temps que notre héros, ce qui vient renforcer l’identification et le lien émotionnel entre lui et le spectateur.

 

Les Contes de Terremer : photoArren comme seul repère 

 

Pour ce qui est de l’aspect contemplatif, Les Contes de Terremer propose une expérience visuelle saisissante. L’animation est somptueuse, témoignant du savoir-faire toujours inégalé du studio Ghibli. On note cette fois-ci un travail saisissant sur les couleurs pastel ainsi que sur les différentes textures. Cette ambition pousse Goro Miyazaki à proposer des séquences purement expérimentales, dont le saisissant cauchemar du jeune Arren en milieu de récit.

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commentaires
Hasgarn
07/04/2024 à 12:44

@ Mezhia : comme toutes les adaptations, ce film est une adaptation, pas une transposition.
Il existe tout seul, pas besoin de lire le bouquin pour l'aimer, pas besoin de le détester parce qu'on a lu les livres.

Tout ça peut très bien coexister.

Mezhia
07/04/2024 à 11:51

Ben déjà lisez le roman et revenez faire votre critique. Le film est une adaptation catastrophique .

Deny
06/04/2024 à 13:09

Excellent film! et Aya qui c'est fait défoncé par les "critiques" est génial!

Djfab
05/04/2024 à 17:24

La bo est un chef d'oeuvre ! Et j'aime beaucoup le film.

Hasgarn
05/04/2024 à 16:39

J'étais vraiment pas dans les meilleurs conditions pour découvrir ce film, du à sa très mauvaise réputation. Mais bien m'en a pris de le voir.

C'est une excellente surprise, doublée d'une adaptation bien ficelée qui ne se repose pas lourdement sur le matériau de base.
Il y a beaucoup de critique de critiques que je trouve non pertinentes et qui donne l'impression que "il n'a pas fait comme papa et c'est pas bien".
Il parait que le design est moins bon.
Ah bon ? Le style fait un peu old school, certes mais jusqu'à preuve du contraire, les films old school ne deviennent pas moins bon avec le temps. Et c'est un choix qui s'entend pour vouloir se démarquer de Papa.
Il parait que c'est pas dans le ton des films Ghibli.
Parce qu'il faut coller à un style ?
Tous les réalisateurs du studio ont leur patte. Takahata n'a rien à voir avec Miyazaki père qui n'a rien à voir avec Yoshifumi Kondō qui lui-même n'a rien à voir avec Hiroyuki Morita. Il est d'ailleurs clair que dès que les cinéastes Ghibli tentent de coller au style de Miyazaki père, c'est plutôt mou (Marnie, Arrietty).

Il est clair que Miyazaki père ne laisse pas respirer son fils. Et le fils me donnera ce qui est mon film Ghibli préféré avec la Coline au coquelicot. Un film qui rend plus hommage à Takahata dans son approche du quotidien d'un Japon traditionnel et très humain avec des enjeux à hauteur d'homme.
Je n'ai pas vu Aya mais il faut au moins reconnaitre à Goro la volonté de chercher à se différencier.

Terrermer est un des films les plus sombres de Ghibli. Et Goro est de loin un des artistes les plus intéressant de Ghibli.

DD
05/04/2024 à 14:14

C'est le plus mauvais film du studio.