Le fascisme pour les nuls : pourquoi La Vague reste un sommet de terreur politique
Petite sensation à sa sortie, La Vague cache derrière ses airs de drame pas bien malin un insidieux thriller politique, qui mérite bien qu'on s'y attarde.
On ne va pas vous l'apprendre ici, mais le cinéma s'est déjà attaqué à de nombreuses reprises à la question du nazisme, et plus généralement de l'idéologie fasciste. Le tout sous à peu près toutes les formes possibles et imaginables, avec tout de même quelques grands noms qui se détachent. Cependant, à s'y pencher de plus près, peu sont les longs-métrages qui ont étudié l'enracinement d'une telle idéologie, la pop culture s'étant plus souvent intéressée à ses conséquences qu'à ses origines.
Parmi les films qui ont abordé cette problématique, la radicalité de Die Welle, ou La Vague en français, est souvent mise en avant. Petit phénomène à sa sortie en 2008, le film allemand de Dennis Gansel est devenu une référence en la matière, à tel point qu'il est régulièrement utilisé à des fins académiques, y compris en France. Pas étonnant tant la transmission du message y est d'une limpidité à toute épreuve, à la limite même de la grossièreté.
Pour autant, c'est en revisitant habilement les codes du film de lycée que La Vague tisse sa toile, et devient par la même occasion un véritable cauchemar en plein jour, bien plus subtil qu'il n'y paraît.
Avec une très belle affiche
le cercle des non-poètes disparus
Le synopsis de La Vague est diablement intrigant, reprenant une célèbre expérience américaine réalisée dans la ville californienne de Palo Alto en 1967. Dans un lycée, le professeur Ron Jones, ne parvenant pas à expliquer à ses élèves comment la société allemande avait accepté les agissements du Troisième Reich, avait alors décidé de simuler un faux mouvement reprenant des caractéristiques propres aux régimes fascistes. Nommée « La Troisième Vague », l'expérience avait fini par échapper aux mains de Jones, obligé de brutalement y mettre fin.
Le sujet, passionnant, avait déjà fait l'objet d'une adaptation cinématographique outre-Atlantique, en 1981. Mais c'est la version allemande de 2008 qui a le plus marqué les esprits. Pourtant, sur le papier, le film reprend quasiment à la lettre la feuille de route de l'expérience de Palo Alto, et le scénario du film américain. Mais, en changeant légèrement le dispositif attendu, le réalisateur Dennis Gansel a réussi à rendre sa version plus vive et impactante.
Une image qui parle d'elle-même
Évidemment, en situant l'action en Allemagne plutôt qu'aux États-Unis, dans le camp des vaincus plutôt que celui des vainqueurs, il propose un socle thématique d'ores et déjà plus fort. Mais, outre ce changement géographique (qui a clairement son importance), La Vague s'inscrit également dans un contexte modernisé, autant sur le plan idéologique que cinématographique. Le film s'approprie ainsi totalement les codes du film de lycée à l'américaine, typique des années 2000, avec son lot de clichés d'ados rebelles et de typos moches.
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter.
Accèder à tous les
contenus en illimité
Sauvez Soutenez une rédaction indépendante
(et sympa)
Profiter d'un confort
de navigation amélioré
Abonnez-vous à partir de 2.50€/mois
26/03/2024 à 21:38
Je l’ai vu y’a des années et j’ai très peu de souvenir. Vous m’avez chauffé
26/03/2024 à 19:33
je confirme l'usage "à des fins académiques":on nous le passait souvent en allemand et en histoire-géo. N'empêche que le film savait capter l'attention des élèves
25/03/2024 à 23:36
Un film qui fait fureur… pour reprendre une blague de Coluche
25/03/2024 à 22:14
Le pire c'est que cela s'est réalisé au lycée Evergreen en Californie il n'y a pas très longtemps ce qui confirme l'aspect visionnaire de ce film.
25/03/2024 à 17:13
Super article, qui donne envie de voir le film !
25/03/2024 à 16:59
J'en ai un très bon souvenir, merci pour cet article intéressant !