Avant Le Salaire de la Peur de Netflix, les 6 Meilleurs Films d'Henri-Georges Clouzot

La Rédaction | 23 mars 2024
La Rédaction | 23 mars 2024

Alors que la nouvelle adaptation en date du Salaire de la peur arrive sur Netflix, il est temps de revenir sur la carrière du réalisateur qui en signa la première adaptation en 1953 : le génial mais controversé (au bas mot) Henri-Georges Clouzot. Retour sur les temps forts d'une carrière houleuse.

Julien Leclercq s'apprête à sortir sur Netflix sa propre version du Salaire de la Peur, avec Alban Lenoir et Frank Gastambide. Mais le roman de Georges Arnaud a déjà été adapté deux fois par le passé : par William Friedkin en 1977 (Le Convoi de la Peur), et en 1953 par Henri-Georges Clouzot, dans sa version la plus célèbre. Le réalisateur, décédé en 1977, a laissé deux images : celle d’un tyran harceleur d’une part, et celle d’un cinéaste de génie d’autre part. Ayant tourné plusieurs fois sous la houlette de la Continental Films pendant la guerre, le réalisateur fut un temps banni des plateaux à la Libération, avant de revenir sur le devant de la scène avec de grands succès.

Quai des Orfèvres, Les Diaboliques, La Vérité... Marquée par un certain pessimisme, une obsession pour les esprits manipulateurs et un amour des bons mots, la filmographie de Clouzot compte plus d’un grand film tourné dans la douleur, et plus d’un projet avorté. Retour sur les temps forts d’une carrière aussi noire que brillante.

 

Les Diaboliques : photo, Simone Signoret, Véra ClouzotQuand le réalisateur arrive sur le plateau

 

L'assassin habite au 21

  • Sortie : 1942
  • Durée : 1h24

 

L'assassin habite au 21 : photo, Suzy Delair, Pierre FresnaySuzy manque pas d'air

 

Premier long-métrage d’Henri-Georges Clouzot, L'assassin habite au 21 reste l’un de ses films les plus réussis. Tiré du roman policier du même nom écrit par Stanislas-André Steeman, l'adaptation de Clouzot joue habilement avec différents tons : à la fois enquête policière sophistiquée et pleine de suspense, mais aussi galerie de personnages hauts en couleur dépeints avec un humour mordant, ce tableau mi-noir mi-réjouissant démontre déjà une grande maîtrise de la narration.

Transposant l’histoire en France (alors que le roman se déroule à Londres), Clouzot situe son intrigue dans un Paris montmartrois qui concentre toute l’essence de ce qu’est la capitale au cinéma, avec une esthétique aussi noire que charmante. Pourtant, c’est la Continental Films, à savoir la société de production créée par Joseph Goebbels et financée par les Allemands, qui tient les cordons de la bourse (comme c'est le cas pour beaucoup de films de l'époque).

 

L'assassin habite au 21 : photo12 hommes en colère

 

Au casting, c’est Pierre Fresnay qui mène la danse dans le rôle du commissaire Wens. Lui qui avait déjà tourné avec Alfred Hitchcock, Marc Allégret et bien d’autres, deviendra l’un des comédiens fétiches de Clouzot. Face à lui, Suzy Delair fait des étincelles dans le rôle de la chanteuse Mila Malou, qu’elle avait déjà interprété l’année d’avant dans le film Le Dernier des six, aussi adapté de Stanislas-André Steeman, et déjà scénarisé par Clouzot (mais réalisé par Georges Lacombe).

À l’époque compagne du réalisateur, Suzy Delair est catapultée par ce succès, et collaborera (sans mauvais jeu de mots sur ses affinités avec le parti nazi) une dernière fois avec Clouzot pour le film Quai des Orfèvres. Remportant un grand succès, tout comme l'adaptation précédente et la suivante, L’Assassin habite au 21 fait du commissaire Wens le Hercule Poirot à la mode de l’époque (en un peu plus collabo).

 

Le Corbeau

  • Sortie : 1943
  • Durée : 1h32

 

 

Le Corbeau : photo"Ah, j'ai plus le droit de faire des films"

 

C'est le film qui prouve pour beaucoup le niveau d'incision sociale et politique du cinéaste, ne serait-ce que pour ce qu'il lui a valu, à savoir une interdiction pure et simple d'exercer son métier ! Le contexte politique a bien évidemment son importance : Le Corbeau fut produit par la Contintental Films, studio créé par Goebbels, en pleine Seconde Guerre mondiale. À la libération, il fut accusé de mettre l'accent sur une activité bien répandue lors de l'Occupation, la délation, et par conséquent ternir l'image d'une France qui devait encore se relever de plusieurs années de collaboration.

Et en effet, le film, inspiré d'une véritable affaire, traite de délation. Il raconte la folie qui s'empare d'un petit village bien de chez nous quand un anonyme, surnommé le Corbeau, commence à distribuer des lettres révélant les travers de ses habitants. Toutefois, résolument misanthrope, et mené ni par les méthodes nazies ni la ferveur vengeresse de l'épuration, Clouzot entendait bien mettre en scène un mal qui règne dans chaque société moderne, au point de faire sombrer les âmes les plus raisonnables.

 

Le Corbeau : photoLa meilleure scène de dictée de l'Histoire

 

La France qu'il montre n'est pas reluisante au beau milieu d'une de ses périodes les plus sombres. Et c'est justement cette crasse planquée sous le tapis qu'il cherche à figer sur pellicule, à travers plusieurs dialogues ciselés qui vont devenir sa marque de fabrique, ainsi qu'un certain nihilisme qui perdurera jusqu'à la conclusion, à contre-courant des conventions et anticipant déjà la fin terrible de La Vérité.

L'ennemi, déjà, ce n'est pas l'individu machiavélique, mais la multitude. Un monde qui s'écrase dans ses maisons pittoresques et enterre ses vices jusqu'à ce qu'un dysfonctionnement fasse s'écrouler l'ordre moral comme un château de cartes. À une époque où les grands mouvements politiques se sont emparés des populations au point de les mener à leur ruine, le réalisateur étudie la fièvre de plus en plus sévère que les mots peuvent susciter. Quelques années plus tard, on le réautorisera à s'approcher d'une caméra. Et il ne se fera pas prier pour continuer à extirper des communautés des mécaniques de pulvérisation sociale sidérante, qui égratignent encore aujourd'hui les cordes sensibles.

 

QUAI DES ORFÈVRES

  • Sortie : 1947
  • Durée : 1h45

 

Quai des Orfèvres : Photo Louis Jouvet, Simone Renant"Dis donc, tête de lard! Tu m'as fait des cachotteries, toi!"

 

Après avoir subi l'interdiction de réaliser des films pendant quatre longues années et échappé de peu à la prison lors de la Libération, Henri-Georges Clouzot revient au cinéma avec Quai des Orfèvres grâce à l'aide de certaines de plusieurs artistes, dont son confrère Jacques Becker. Un retour en grâce pour le cinéaste qui reçoit notamment le prix de la mise en scène à la Mostra de Venise 1947 avant d'être un immense succès au box-office français avec 5,5 millions d'entrées.

Quai des orfèvres suit l'inspecteur Antoine (incarné par l'impérial Louis Jouvet) chargé d'enquêter sur la mort d'un vieil homme d'affaires lubrique. Tous les soupçons se portent sur le mari de la chanteuse de music-hall Jenny Lamour (Suzy Delair), mais l'investigation de ce flic légèrement blasé (pour ne pas dire plus) va l'amener à découvrir des secrets bien plus intimes autour de ce crime. Outre la sublime mise en scène de Clouzot influencée par l'expressionnisme allemand (et notamment Fritz Lang), ce troisième film est un petit bijou de narration, dans la continuité de Le Corbeau et L'assassin habite au 21

 

Quai des Orfèvres : Photo Simone RenantDora, une quasi revisite de la femme fatale

 

Avec cette adaptation du roman Légitime défense de Stanislas André-Steeman (oui encore lui), les fausses indications se multiplient, les mensonges s'accumulent, le flou entre innocence et culpabilité s'épaissit et Quai des orfèvres s'enfonce ainsi dans un joli jeu de manipulation à la fois grossier et violent. Clouzot parvient à donner vie à une ribambelle de personnages (Jenny Lamour, la photographe Dora, l'époux jaloux Maurice) avant de faire intervenir l'inspecteur au bout d'une bonne trentaine de minutes.

Toutefois, le Français crée justement une fausse-piste lui-même en laissant les spectateurs supposer qu'ils assistent à un simple policier. Au contraire, le cinéaste se sert de son récit pour décortiquer habilement le Paris d'après-guerre tout en déployant une oeuvre plus retorse, plus mélancolique et foncièrement moderne sur la sororité. Du très grand Clouzot à la fois amusant, tendre, dense et percutant.

 

LE SALAIRE DE LA PEUR

  • Sortie : 1953
  • Durée : 2h31

 

Le Salaire de la peur : photoBoulevard de la mort 

 

Lorsque dans les années 70, l'américain William Friedkin a demandé à Henri-Georges Clouzot s'il pouvait faire un remake de son film Le Salaire de la peur, le réalisateur français était surpris qu'un cinéaste étranger s'intéresse à ce "vieux truc fatigué". Pourtant, s'il choisit de présenter son Sorcerer comme une nouvelle interprétation du roman de Georges Arnaud, Friedkin a été marqué par le long-métrage de 1953 qu'il a vu dans son adolescence. Et on comprend facilement pourquoi.

Le Salaire de la peur, s'il prend racine dans un contexte économique et social bien précis, est aujourd'hui encore une leçon de narration doublée d'un chef-d'oeuvre de noirceur et de cynisme. Les premières secondes traduisent parfaitement l'enlisement moral et existentiel des infortunés de Las Piedras : sur une route boueuse, un enfant à moitié nu joue avec des cafards qu'il a attachés les uns aux autres, avant d'être attiré par un chariot de glaces qu'il n'a pas les moyens de s'offrir. Lorsqu'il retourne à ses insectes, un vautour a pris sa place.

 

Le Salaire de la peur : photo, Yves Montand, Charles VanelYves Montand et Charles Vanel

 

C'est la vie des hommes qui ont atterri à Las Piedras. Ils tuent le temps et malmènent leur entourage pour tenter d'oublier leur propre misère et disgrâce, tout en rêvant d'un ailleurs qui s'éloigne un peu plus chaque jour. Tout ça donne à ce lieu fictif des airs de purgatoire. Quant à l'Enfer, c'est bien "les autres", les Américains de la compagnie de pétrole qui exploitent et sacrifient des hommes prêts à tout (surtout au pire) pour une bouffée d'air frais. 

C'est là que la fable sociale pessimiste se transforme en odyssée nihiliste dont on ressort aussi sonné qu'éreinté. En plus de ses dialogues percutants, Clouzot propose ici une mise en scène et une réalisation particulièrement expressives avec ces gros plans insistants et silences lourds qui installent et maintiennent une tension insoutenable. Jamais un demi-tour sur un ponton n'a été aussi éprouvant. Rien d'étonnant donc à ce qu'il ait gagné la même année la Palme d'or au Festival de Cannes (à cette époque appelée "Grand Prix") et l'Ours d'or au Festival de Berlin. 

 

LES DIABOLIQUES

  • Sortie : 1955
  • Durée : 1h54

 

 

Les Diaboliques : photo, Véra Clouzot"Here's Johnny !"

 

S’il devait n’y avoir qu’une œuvre pour défendre la capacité du cinéma français à livrer des films de genre terrifiants, ce serait sans aucun doute Les Diaboliques. Librement inspiré du roman Celle qui n’était plus, écrit par Pierre Boileau et Thomas Narcejac et paru trois ans plus tôt, ce thriller est resté célèbre pour plusieurs raisons.

Au-delà de son impressionnante facture, avec une composition de cadres d’une rare beauté, c’est sans nul doute le twist final du film qui participa à sa renommée. À une époque où Shyamalan et Nolan n’étaient pas nés et que ce genre de retournements de situation n’était pas encore monnaie courante, le public fut aussi troublé que conquis par la méthode. Le film fut donc un succès, et reste aujourd’hui une référence en la matière.

 

Les Diaboliques : photo, Véra Clouzot, Simone SignoretSimone Soignerait

 

Mettant de nouveau en scène son épouse Véra Clouzot, cette fois-ci dans le rôle de la fragile Christina, le réalisateur semble avoir été difficile sur le tournage (comme à son accoutumée), et notamment avec elle. Par la manière dont il fut dirigé et par son écriture, le personnage de Christina est donc un triste précurseur au rôle tenu par Shelley Duvall dans Shining, 25 ans après. Face à Véra Clouzot, une Simone Signoret au sommet de son art incarne l’intimidante et ambigüe Nicole Horner, tandis que Paul Meurisse endosse le rôle terrifiant de Michel Delassalle, le mari de la tourmentée Christina.

Aujourd’hui, cette histoire de fantôme, d’influence et de tromperie n’a pas pris une ride malgré le noir et blanc, et sa beauté formelle n’a d’égal que la virtuosité de sa narration. Peut-être meilleur film du réalisateur, Les Diaboliques laisse à penser que le concept de “chef-d'œuvre” fut inventé pour lui. On ne saurait en dire autant de Diabolique, le remake réalisé en 1996 par Jeremiah S. Chechik, avec Isabelle Adjani et Sharon Stone dans les rôles de Christina (Mia) et Nicole.

 

La Vérité

  • Sortie : 1960
  • Durée : 2h02

 

La Vérité : photo, Brigitte Bardot, Charles Vanel, Henri-Georges Clouzot"Je suis devenue Dominique"

 

Lors de la fin de carrière de Clouzot, l'ambivalence qui a caractérisé son cinéma se révèle plus explicitement. Et atteint son point d'orgue dans La Vérité, chef-d'oeuvre absolu du film de procès renfermant d'innombrables paradoxes.

D'une part, à travers le jugement et la vie d'une vingtenaire accusée de meurtre, il dissèque une société broyant les individus, plus encore s'il s'agit de femmes dont les moeurs ne se conforment pas à un idéal bourgeois et étriqué. La justice symbolise une autorité d'hommes, qui se livre à un spectacle grotesque aux conséquences dramatiques par habitude, tant et si bien que la conclusion du film, incroyable de nihilisme, est balayée par une dernière terrible réplique : "Ce sont les aléas du métier".

Lui qu'on loue souvent pour la qualité de ses dialogues et la complexité de ses personnages (réputation encore largement méritée ici), le metteur en scène use de sa caméra pour souligner les sournoises manipulations de ce cortège de moralisateurs. Le juge explique que la jeune femme apprécie la fréquentation des bars, leur promiscuité, et qu'elle apprécie les attentions que les hommes lui portent alors ; le cadre met tout en scène... sauf la réaction de l'intéressée lorsqu'elle est sifflée par un duo de beaufs, en hors champ. Le mal, ici, vient d'un mensonge généralisé, accepté aussi bien par les amants obsédés que par les plus hautes instances. La description d'une oppression globale d'une modernité sidérante.

 

La Vérité : photo, Brigitte Bardot, Sami Frey, Henri-Georges ClouzotUn protagoniste fascinant, parfaitement clouzotien

 

D'autre part, connu pour ses méthodes brutales, Clouzot martyrisait son actrice principale, l'égérie Brigitte Bardot, dont il exploitait en outre l'image scandaleuse. Violent, il en est venu à carrément l'empoisonner, lui faisant boire à son insu un mélange whisky somnifères pour rendre crédible la première scène de tentative de suicide. La comédienne, qui parlait d'une expérience horrible, mais dont elle était particulièrement fière, en a fait les frais pendant 3 jours. Plusieurs semaines plus tard, elle a elle aussi tenté de mettre fin à ses jours, acte qui n'est pas décorrélé de ce rôle morbide beaucoup trop taillé pour elle et beaucoup trop éprouvant.

C'est l'ambivalence qui parcourt la carrière du cinéaste : il met à nu un mal qu'il est le premier à perpétrer. À moins que la sombre efficacité de ses films ne vienne justement de l'expression de ses propres vices. Difficile de ne pas faire un parallèle entre lui et le personnage de la victime, représentant d'une jalousie masculine maladive et d'une sexualité pulsionnelle, littéralement un chef d'orchestre qui aboie sur ses musiciens et sème une haine proportionnelle à l'amour fou qu'il inspire. Ainsi, Henri-Georges Clouzot serait le plus talentueux des salauds lucides.

 

BONUS : L'ENFER, le légendaire film inachevé

 

L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot : photo, Romy SchneiderUn extrait du documentaire sur l'enfer de L'Enfer

 

C'est l'histoire d'un film qui n'existe pas, mais qui a tellement nourri les fantasmes qu'il a été (re)fait par quelqu'un d'autre (L'Enfer, réalisé par Claude Chabrol en 1994, avec François Cluzet et Emmanuelle Béart), et qu'un documentaire lui a été consacré (L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot, réalisé par Serge Bromberg et Ruxandra Medrea, en 2009). Parce que L'Enfer, le vrai, avec Romy Schneider, n'a jamais été terminé.

Le tournage avait commencé en 1964, avec un Henri-Georges Clouzot au sommet de sa gloire après l'Oscar du meilleur film étranger pour La Vérité. Ce qui explique peut-être la folie des grandeurs du projet : grosse équipe, gros budget, annonces en grande pompe dans la presse... L'Enfer était un film ambitieux autour d'une idée a priori toute simple : un homme rongé par la jalousie se perd dans ses souvenirs et fantasmes autour de sa femme.

Le réalisateur avait de grandes idées en tête. À côté du noir et blanc pour raconter l'histoire du couple, il voulait donner vie à l'imagination du mari avec des images hallucinées, psychédéliques et expérimentales.

 

 

Sauf que rien ne s'est passé comme prévu. Au bout de quelques semaines de tournage, l'acteur Serge Reggiani claque la porte, pour être remplacé par Jean-Louis Trintignant. Et alors que les tensions s'accumulent sur le plateau autour des exigences du réalisateur, Henri-Georges Clouzot est victime d'un infarctus. L'Enfer est stoppé.

Après ce grave problème de santé qui effraie les producteurs, Clouzot réalisera deux derniers films : le documentaire Grands chefs d'orchestre en 1967, et La Prisonnière en 1968. L'Enfer a annoncé la fin, et demeure un objet de fascination absolu. N'en reste que des rumeurs, des légendes et surtout des tests, qui montrent les expérimentations visuelles du cinéaste : Romy Schneider sous des lumières bleues ou roses, recouvertes de paillettes ou de peinture, qui fixe la caméra tandis que les ombres tournoient sur son visage pour la transformer. De quoi imaginer un film extraordinaire, qui se contentera d'exister dans notre imagination.

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commentaires
rientintinchti2
25/03/2024 à 21:39

@Eomerkor
Voir le l'antisémitisme de partout et en particulier dans le simple fait de parler de ce que subissent des dizaines de milliers de palestiniens est un cas d'école de mauvaise foi et d'inversion accusatoire. En cette période même durant laquelle les palestiniens subissent un génocide. Vos récitations et sophismes sont indécents et nauséabonds.
Je vous rappelle d'ailleurs que de nombreux juifs dénoncent ce qui est en train de se passer. Sont-ils antisémites???
Nulle conversation n'est possible avec quelqu'un qui a votre vision.

Eomerkor
25/03/2024 à 11:26

@rientintinchti2
Je vois donc l’argumentaire qui conduit à étiqueter un artiste. Tout d’abord bienpensance. En effet. Celle qui ne sait pas situer la Palestine par rapport au Jourdain mais qui défile et se met en valeur avec des combats qu'elle n'avait pas avant le 7 octobre 2023. Je suis bien triste de voir que ce combat pour les palestiniens n'est qu'un antisémitisme déguisé tant il déverse sa bile par sa gauche dans tous les pays occidentaux. Quand à la ritournelle sur les racismes qui se valent, il me rappelle la réponse toute faite des ultras de droite aux Etats Unis sur le mouvement Black Lives Matter : toutes les vies se valent. Sauf que non. Chaque racisme ou ségrégation a une spécificité. Vouloir en faire une convergence ou une intersection ne fait que le diluer et nier son poison. Mettre des cibles dans le dos des morts et des vivants et vouloir effacer les hommes et les femmes qui ne converge pas à votre pensé ne fait qu’entretenir un climat délétère et jeter l’opprobre sur ce que vous considérez comme étant l’autre camp. Ca devient lourd. C’est d’autant plus lourd quand je pense à mon grand-père revenu des camps et qui ne pesait pas plus de 35kg.
Pour en revenir au cinéma de Clouzot et la scène finale de Manon, si malaisante qu’elle puisse être pour quelqu’un qui raisonne de façon binaire, elle ne catégorise pas les « palestiniens » mais les peuples arabes tels que vus dans les années 40 tout comme les indiens et autres peuples colonisés. C’est évidemment une forme de pensée liée au passé qu’on peut aussi attribué à un cinéaste marqué à droite. Cette scène n'est pas le fondement du film. C’est le point de vu de quelqu’un qui a survécu à la violence et qui se retrouve dans la violence. Clouzot a eu en mémoire les révoltes arabes de 36 à 39 qui étaient tout aussi sanglantes que celle du 7 octobre. Un cinéaste arabe aura bien sur en mémoire les exactions de l'irgoun et de la bande fondée par Stern après la deuxième guerre mondiale. On ne parle d’ailleurs de peuple palestinien que depuis l'occupation de 1967. Clouzot n’a jamais pensé en termes de division entre Israël et Palestine mais comme ses contemporains a vu une opposition entre occident et tiers monde dans un contexte de décolonisation. La notion de Nakba lui était inconnue. Le fait qu'un opportuniste diplômé comme Shaheen, dans le contexte de l’après 11 septembre, ai voulu se faire mousser en publiant un livre visant à faire l'étude de la représentation des arabes au cinéma ne prouve rien sauf que son auteur ne sait pas situer son contexte et mise sur des benêts pour se mettre en valeur. Je le répète Clouzot n'a pas fait un manifeste anti-palestinien tant les thèmes du film sont bien différents mais libre à vous de faire la liste des gentils et des méchants en fonction de la mode actuelle. Je suis étonné que d’autres approches n’aient pas encore été abordées tant il faut canceller à tout va : Clouzot et les femmes - Clouzot et les LGBT - Clouzot et les jeunes - Clouzot et le réchauffement climatique - Clouzot regardable selon d’Armanet ? – – Clouzot et les boomers - Clouzot et son futur passage dans complément d’enquête – Clouzot et le vegans – Clouzot et la banlieue – Clouzot et les zad - Clouzot et la police -ad lib

captp
24/03/2024 à 15:47

Un paquet de chefs d'œuvres quand même.
Personnage controversé certe mais l'article le fait un peu pencher pour un gros collab ce qui me paraît injuste. Jean-Paul Le Chanois (juif communiste recherché)a témoigné pour lui car il l'a employé et protégé sous un faux nom.
Le corbeau à du piquer fort à sa sortie et perso j'y vois au contraire plus une critique des français sous l'occupation à mille lieux de ce que l'on essayait de faire passer à la libération.
Depuis les historiens ont tranchés ...
Le corbeau, 36 quai (l'inspecteur le plus badass du cinéma), les diaboliques et surtout la vérité sont 4 chefs d'œuvres.
Plus mitigé sur le salaire de la peur en raison d'un début laborieux et d'un montand plus que mauvais. Mais on s'en fou le remake de friedkin à mis tout le monde d'accord .

Mathilde T
24/03/2024 à 14:58

Merci pour cet article très sympa libre-accès, ça fait vraiment plaisir ! Sinon sans être une anti-Netflix primaire moi aussi l'idée d'un remake me fait très peur quand on regarde le côté très mainstream de leurs scénarioS . et puis il existe déjà un remake, comme cité dans le texte .

rientintinchti2
24/03/2024 à 11:38

@Eomerkor
Bel exemple de mauvaise foi dissimulée sous les apparats d'une pseudo connaissance supérieure en histoire.
Je n'ai connaissance d'aucun lien judéophobe. N'universalisez donc pas votre rapport au web!
Le racisme c'est le racisme. Point barre. Celui-ci doit être combattu sous toutes ses formes. Qu'ils cible des noirs, des blancs, des arabes, des juifs, des asiatiques etc.
Vos déductions sont donc inexactes et hystérisées par une bienpensance qui vous formate pour ne voir que certaines catégories d'injustice.
Je me cantonne au film point barre et chacun ici pourra juger par lui-même.
Les palestiniens sont assimilés à des barbares sanguinaires qui tuent tout le monde y compris les vieillards (scène de l'attaque dans le désert).
On peut faire un parallèle avec la façon dont les amerindiens sont représentés (négativement surtout jusqu'aux années 40/50) dans les westerns.
Je maintiens donc que c'est un film de propagande mensonger.
Toute adaptation que le film puisse être, il injecte de la propagande antipalestinienne.
Vous pouvez consulter le livre "reel bad arabs de Jack Shaheen" qui décortique le film.

Eomerkor
24/03/2024 à 10:00

Tous vus il y a bien longtemps ceci dit quand le service publique les rédiffusait en deuxième ou troisième partie de soirée. Que de chef d'oeuvres. Il était bien utile de rappeler le talent de Clouzot mais aussi que le cinéma français a été un phare pour le monde. On en est bien loin aujourd'hui.
Sinon pour la personne exaltée qui s'est égarée à canceller Clouzot pour de pseudos positions politiques anachroniques, Manon est l'adaptation de Manon Lescaut un roman du 18ième siècle et non un manifeste antipalestinien. L'action se situe principalement à la fin de la deuxième guerre mondiale en Normandie. Au lieu de cliquer sur des liens judéophobes prenez donc quelques livres d'histoire sur le proche orient, le levan et la solution finale. Ca vous ouvrira l'esprit sur la complexité de ce qui s'y joue en ce moment.

Eusebio
23/03/2024 à 22:34

Je n'ai découvert Les Diaboliques que très récemment, et j'ai été absolument frappé par l'efficacité de ce film. Merci beaucoup pour ce dossier qui me donne très envie d'en découvrir plus !

Le vrai samourai
23/03/2024 à 20:45

tout a fait d'accord ! le salaire de la peur reste le meilleur que ce soit visuellement, cinématographiquement ou meme ce scénario, cette idée folle pour l'époque.

Faire un remake par Frank Gastambide est la pire idée que Netflix et le cinéma français aient eus.

rientintinchti2
23/03/2024 à 20:14

Un excellent réalisateur. Dommage cependant qu'il ait réalisé un film de propagande anti palestinien.
Le film "Manon"
En 1949 je crois.