Avant The Revenant et Birdman : la naissance d'un géant du cinéma dans l'impitoyable Amour chiennes

Ange Beuque | 30 janvier 2024 - MAJ : 30/01/2024 13:07
Ange Beuque | 30 janvier 2024 - MAJ : 30/01/2024 13:07

De l'incontournable Citizen Kane d'Orson Welles au Mad Max de George Miller, en passant par 12 hommes en colère et Reservoir Dogs, les premiers films des réalisateurs majeurs tiennent parfois davantage du chef d'œuvre programmatique que du brouillon. Bien avant Birdman et The Revenant, qui lui ont valu la consécration absolue, Alejandro González Iñárritu se plaçait dans leur sillage en 2000 avec son premier long-métrage Amours chiennes, qui a révélé Gael García Bernal et obtenu un succès retentissant.

Guillermo del Toro, Alfonso Cuarón et Alejandro González Iñárritu : depuis leur percée médiatique, “los Tres Mosqueteros” rayonnent sur la planète cinéma, entre projets auteurisants et blockbusters hollywoodiens. Les deux derniers cités ont d'ailleurs éclos presque simultanément au début des années 2000, Y tu mamá también sortant un an après Amours chiennes.

Raz-de-marée triomphal au Mexique, où il engrange à l'époque le second meilleur score de tous les temps derrière Sexo, pudor y lágrimas, celui-ci se fait copieusement remarquer lors de sa tournée des festivals, empochant notamment le Grand Prix de la Semaine de la critique à Cannes. Surtout, par sa maîtrise formelle notable et sa narration percutante, il annonce l'avènement d'un géant du cinéma.

 

Amours chiennes : Gael García Bernal, Humberto BustoTeam Cronos ou Uniquement avec ton partenaire ?

 

Le couronnement d'un touche-à-tout

Bien qu'il s'agisse du premier film d'Iñárritu, Amours chiennes couronne un parcours professionnel fécond : d'abord disc-jockey pour une émission radio rock très populaire qu'il finit par produire, il devient ensuite le directeur artistique de Televisa, l'un des plus grands groupes audiovisuels mexicains. En plus de composer la bande originale de quelques longs-métrages, il entame des études de théâtre sous la direction d'un metteur en scène polonais, puis part aux États-Unis se former à la direction d'acteurs.

À partir du milieu des années 90, il commence à réaliser des courts et moyens métrages pour la télévision. Mais c'est avec la rencontre du scénariste Guillermo Arriaga que sa versatilité créative connaît une inflexion majeure. Ensemble, les deux hommes ébauchent plusieurs projets. Ils décident finalement d'en sélectionner trois et de les rassembler au sein d'un récit choral. Après trois ans d'écriture et plus de trente versions, Amours chiennes prend forme.

 

Amours chiennes : Emilio EchevarríaMacadam hobo

 

Autour d'un accident qui fait office de point de bascule, le film noue les fils mortifères de ses intrigues avec une précision diabolique. Bien que les différents segments se déroulent pour une large part en parallèle les uns aux autres, ils sont si étroitement tissés autour de thèmes communs, avec le chien en guise de liant symbolique, qu'ils ne donnent jamais l'impression d'une juxtaposition artificielle. Amours chiennes tire le meilleur parti de sa narration éclatée pour embrasser une grande variété de situations sans perdre jamais son implacable cohérence.

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ?

Accèder à tous les
contenus en illimité

Sauvez Soutenez une rédaction indépendante
(et sympa)

Profiter d'un confort
de navigation amélioré

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
BATMALIEN
30/01/2024 à 18:07

Gracias pour cet article