Avant Le Silence des agneaux : le film Hannibal oublié qui massacre le cannibale (et tant mieux)

Axelle Vacher | 10 décembre 2023
Axelle Vacher | 10 décembre 2023

Renié par les aficionados de l'iconique cannibale, l'Hannibal Lecter : Les origines du mal de Peter Webber propose néanmoins un parti pris passionnant.‌

Après trois romans, un premier film de Michael Mann, puis une trilogie portée par Anthony Hopkins, Hannibal Lecter a abandonné un temps le public, profitant sans doute de sa fuite aux côtés de Clarice à l'issue du troisième livre de la saga. C'est en 2007 que le cannibale le plus iconique de la pop culture a réinvesti les salles obscures sous les traits du jeune Gaspard Ulliel avec Les Origines du mal, un prequel rejeté par le public et largement ignoré du canon relatif au personnage. 

En cause, la caractérisation gentiment bancale d'un antagoniste culte à la psychologie aussi nébuleuse que passionnante, et dont ce retour aux origines bouleverse sans préambule toutes les lignes de conduite. Et si c'était justement là l'une des forces insoupçonnées du film ?

 

Hannibal Lecter : Les Origines du mal : photo, Gaspard Ulliel"Closer"

 

"I think I'll eat your heart"

En soi, l'impulsion même du film a de quoi susciter le débat. Pourquoi diable exhiber le passé d'un personnage dont la complexité repose justement dans le mystère qu'il suscite ? Si Lecter fascine autant, c'est bien pour son caractère indéterminable, celui qui a exalté psychiatres, littéraires et pléthore d'essayistes. C'est que la frontière entre l'animal et la grâce, l'homme et le monstre, n'est jamais plus ténue que chez Thomas Harris, et son personnage y danse allègrement.

La démarche même d'un prequel semblait donc douteuse, voire dispensable. Le mal dont Lecter est le vaisseau n'a nul besoin de justification ; le personnage est par ailleurs très éloquent sur le sujet, affirmant à Clarice : "Il ne m’est rien arrivé de spécial. Je suis là, c’est tout. On ne peut me réduire à un réseau d’influences". Une réplique écrite dans Le Silence des Agneaux, témoin d'un refus de son auteur à s'épancher sur les origines de son personnage. 

 

Le Silence des agneaux : photo, Jodie Foster, Anthony Hopkins"Ça fera 2767541€. Je ne prends ni la carte bleue ni la carte vitale"

 

C'était bien sûr sans compter l'acharnement du producteur Dino De Laurentiis, lequel détient les droits d'adaptation relatifs au cannibale. Lors d'un entretien accordé à Entertainment Weekly en février 2006, l'Italien a admis sans vergogne avoir poussé Harris à l'écriture d'une oeuvre dont le récit serait non seulement antérieur à Dragon Rouge, mais surtout, dont l'intrigue reviendrait sur la jeunesse du personnage. Initialement, l'auteur a refusé, mais De Laurentiis était catégorique : "Je lui ai dit : si tu ne t'occupes pas de ce prequel, je le ferais avec quelqu'un d'autre".

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commentaires
Luc
11/12/2023 à 14:43

Pour info : les "origines du mal" de Lecter sont déjà expliquées dans un passage du roman "Hannibal"
Je trouve que cela suffisait comme explication et que l'argument du nouveau film et du nouveau roman de Harris est simplement commerciale

Axelle Vacher - Rédaction
11/12/2023 à 14:03

@Stefun / C'est spécifié à plusieurs reprises : )

Stefun
10/12/2023 à 17:15

Je n'ai pas accès à la totalité de l'article, mais Thomas Harris a bel et bien écrit Hannibal rising en 2006