Dans l'enfer de la censure, le film qui a fait naître le plus grand réalisateur hongkongais

Ange Beuque | 12 décembre 2023
Ange Beuque | 12 décembre 2023

Avant d'aligner les succès et de s'imposer comme une figure majeure de la Nouvelle Vague hongkongaise, Tsui Hark a réalisé L'enfer des armes en 1980. Aussi nihiliste que provocateur, le film esquisse surtout le savoir-faire et les partis-pris qui en feront un cinéaste adulé par les cinéphiles du monde entier.

Il a triomphé au box-office chinois, réalisé et produit des dizaines de longs métrages, soutenu l'éclosion de John Woo, consacré l'avènement de Jet Li : c'est peu dire que Tsui Hark est un nom qui pèse. C'est également, et avant tout, un artiste alliant maîtrise et créativité comme peu d'autres.

C'est au début des années 80 qu'il se fait une place dans une industrie hongkongaise en pleine mutation. Tsui Hark est la figure emblématique de cette nouvelle vague qui domine le marché asiatique et attire de plus en plus l'attention de l'Occident. Bien que ses deux premières réalisations n'aient pas rencontré le succès, il récidive avec L'Enfer des armes... et tant pis si tout le monde n'est pas prêt pour ce faire-part de naissance fracassant.

 

L'enfer des armes : Lieh Lo(Don't) fuck with cats

 

L'Enfer de la censure

L'orage se déchaîne contre les vitres pendant que la caméra remonte un intérieur plongé dans la semi-pénombre entre deux inserts de barbelés. En arrière-plan, un bulletin d'information anxiogène égrène les faits-divers. Une main extrait une souris de sa cage pour lui planter une aiguille dans le crâne. Et tandis que le rongeur rendu fou agonise en couinant, le spectateur comprend dès cette première séquence qu'il devra faire le deuil de son petit confort.

Car jusqu'à Zu, les guerriers de la montagne magique, qui va marquer un tournant commercial dans sa carrière en 1983, Tsui Hark est encore un illustre inconnu qui peut à peu près tout se permettre. Et il ne s'en prive pas : ses trois premiers films sortent à quelques mois d'intervalle et forment une "trilogie du chaos" officieuse. Avec leurs touches horrifiques, leur mélange des genres confinant au fourre-tout expérimental, leurs outrances et leur narration parfois alambiquée, The Butterfly Murders et Histoire de cannibales ne cherchaient pas à brosser le public dans le sens du poil. D'ailleurs, celui-ci n'a pas du tout répondu présent...

 

L'enfer des armes : Che Biu-lawDon't play with firegun

 

Par de quoi entamer le jusqu'au-boutisme de Tsui Hark, qui culmine avec L'Enfer des armes. Sa troisième réalisation aligne les scènes-chocs dans le sillage de sa sociopathe d'héroïne, dont chaque interaction est envisagée sous l'angle de la violence. Sa conception très personnelle du bien-être animal ne se limite pas aux rongeurs : difficile d'oublier ce chat complaisamment empalé sur la clôture, sur lequel la caméra s'attarde et dont la décomposition servira d'improbable fil rouge.

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commentaires
Franken
14/12/2023 à 01:25

Pas revu ce film depuis une éternité, ça m’a donné envie de me replonger dans la film de Tsui Hark...
Comme mon prédécesseur, j’affirme sans trembler que c’est un génie.
Mais un génie fou, capable de toutes les expérimentations, même les plus improbables, au risque de faire n’importe quoi !
Mais ses réussites sont éclatantes, et niveau action, un film comme Time and Tide relève de la leçon de cinoche, avec un Tsui Hark explorant des dimensions physiques presque surnaturelles.
Pas étonnant que ce taré se soit amusé comme un gamin avec la 3D.

Leepifer
13/12/2023 à 18:53

Je pourrais écrire 2 pages sur Tsui Hark mais j'opte pour 2 mots.
Un génie.
Avec toute la controverse que cela peut engendrer.
Après, ce n'est que mon avis.

Pour l'action, il a très souvent travaillé avec Yuen Woo-ping, Sammo Hung et Chung Siu-tung
La crème de la crème.
Pour la lisibilité, il faut en effet avoir l'œil un peu entraîné pour rentrer dedans. Après, on aime ou pas.

Kolby
12/12/2023 à 20:46

@saiyuk
Bien sûr que c'est assumé de sa part mais ce qui fait la popularité des film hk de baston ou d'actions, c'est lisibilité des scènes, c'est qui m'as fait un peu détester the blade sinon c'est une claque monumentale. Pour je commence à me lasser des récent film hk ou même chinois, c'est tout simplement que les scènes sont fade sans rigueur comme au temps et cela me déçoit mais quand même certains sortent du lot difficile par contre de les voir dans nos contrées en ce moment pourtant tout a évolué

saiyuk
12/12/2023 à 18:05

@kolby
Alors que moi pas du tout, je trouve que c'est très lisible, parfois un peu bordélique mais c'est son style, et a mon avis c'est assumé pour Time and Tide et The blade, mais dans Il etait une fois la chine la réal des scenes de Kung-fu ce sont des ballets de coup de tatane dans la tronche...
Mais même quand il veut insuffler une énergie de bordel comme dans Time and tide les scènes d'actions sont plus lisible que celles des Jason Bourne (serie de films que j'adore mais dont les bastons a mains nue me font rager).

Kolby
12/12/2023 à 14:23

@saiyuk
Je n'en disconvient pas, il est l'un des meilleurs dans l'industrie mais pour ma part, il pêche très souvent concernant les actions, ces actions sont très souvent illisible je faisait souvent des return pour pouvoir voir les scènes... Ce qui me decougeait souvent de ces films, regarde un peu thé blade ou Time and tide? Des chefs-d'œuvre mais le visionnage côté action est pénible par contre il était une fois en Chine?

Ray Peterson
12/12/2023 à 14:17

Une grosse grosse claque!
C’est brillant, fou, inventif comme son réalisateur. J’ai ouï dire qu’une sortie blu-ray était dans les placards.
Vite vite hâte hâte !

Mx
12/12/2023 à 13:22

Ecran large, cela serait possible des dossiers sur le syndicat du crime 1 et 2, de John woo?

Et des dossiers sur les films mal aimés que sont l'île du docteur moreau, avec brando, et Outlander, le dernier vicking, avec jim caviezel?

Merci.

saiyuk
12/12/2023 à 13:16

Je ne peut pas parler de ce film, vu il y a fort longtemps et dont je me rappel assez peu, mais même si il est difficile de faire un top Tsui Hark vu sa carrière prolifique et le nombre de chef d'œuvre qui la parcoure j'ai pourtant un gros faible pour :
-ill était une fois en chine = La 1ére fois fut une baffe monumental, renouvelé a chaque vison.
-The lovers = d'une beauté folle, et d'une tristesse egal
-The blade = Chef d'oeuvre ultime, folie de tout les instants
-Time and tide = ou comment dire a tout le monde "c'est comme ca qu'on film"
-Le festin chinois = Le regretté Leslie Cheung, la folie d'Anita Yuen, un humour désarmant, des scènes de cuisine mode kung fu, peut-être son film HK le plus léger mais la encore quel kiff.
Un génie, et ce n'est pas galvaudé.