Avant Tchernobyl et Fukushima, ce film prémonitoire avait tout compris aux dangers du nucléaire

Antoine Desrues | 29 octobre 2023
Antoine Desrues | 29 octobre 2023

Le Syndrome chinois est un petit classique du thriller parce qu’il a anticipé les risques des centrales nucléaires. Ou quand le réel rattrape la fiction.

26 avril 1986 : la centrale nucléaire de Tchernobyl connaît un accident majeur, classé au niveau 7 sur l'échelle internationale des événements nucléaires (seul Fukushima l’y rejoindra). À cause d’une fusion du cœur du réacteur, celui-ci finit par exploser, lâchant dans la nature d'énormes quantités de radiations.

Bien évidemment, le cinéma n’a pas manqué d'accaparer le sujet une fois la tragédie survenue, notamment dans une pelletée de documentaires plus ou moins opportunistes. Cependant, les risques de l’énergie nucléaire ont été dépeints et dénoncés avant même que le monde ne soit paralysé par la catastrophe soviétique. En 1979, le réalisateur James Bridges a signé, en compagnie de Jane FondaJack Lemmon et Michael Douglas, le thriller Le Syndrome chinois. Et si le film est toujours aussi flippant, il l’est encore plus quand on est conscient de sa nature prémonitoire.

 

Le syndrome chinois : Jane Fonda"Derrière moi, vous pouvez admirer le décor dépaysant du prochain Marvel"

 

Coup de coeur en fusion

Quand on pense à la menace nucléaire, la culture s’est principalement emparée de la peur liée à son utilisation militaire, cristallisée par les événements d’Hiroshima et Nagasaki et par l'équilibre de la terreur durant la guerre froide. Pourtant, le nucléaire civil est tout aussi important. Son impact sur l’environnement et notre dépendance à sa création d’énergie méritent d’être interrogés, au même titre que sa dangerosité en cas d’erreurs humaines.

Il est intéressant de voir qu’à l’exception de fictions ou de reconstitutions liées à de véritables tragédies (Chernobyl, The Land of Hope...), peu de longs-métrages ont exploré les risques du nucléaire civil sans se rattacher au réel. À vrai dire, Le Syndrome chinois pourrait bien être l’un des premiers du genre, tombé à point nommé dans une société américaine qui entamait des débats sur le sujet.

 

Le syndrome chinois : Jane Fonda, Michael Douglas"C'est trop calme, j'aime pas trop beaucoup ça"

 

Ouvertement alarmiste, James Bridges explicite ce point de vue dès le choix de son titre, qui se réfère à l’hypothèse scientifique la plus apocalyptique en cas de fusion d’un cœur de réacteur nucléaire. Pour faire simple, si les éléments combustibles échappent à ses diverses barrières, plus rien ne peut les retenir, et ils pourraient fondre jusqu’à percer la croûte terrestre. Dans le cas où la centrale se trouverait aux États-Unis, le cœur pourrait creuser jusqu’à atteindre l’autre côté du globe, en Chine.

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commentaires
RobinDesBois
01/11/2023 à 01:56

@alulu +1000

Cidjay
31/10/2023 à 14:06

"Derrière moi, vous pouvez admirer le décor dépaysant du prochain Marvel"

Euh, c'était pas un décor déjà utilisé dans la série ObiWan ?

alulu
31/10/2023 à 12:52

https://lehollandaisvolant.net/tout/tools/conso-en-france/

Pseudonaze
31/10/2023 à 06:35

La balle perdue pour Marvel m'a bien fait marrer !

Pat Rick
30/10/2023 à 22:03

Un bon film.

Hasgarn
30/10/2023 à 08:15

@ Nico1

Je n’ai aucun problème avec le fait que les opinions politiques débordent dans le débat ciné. Le 2 peuvent se lier et donner de très bons films. Ça permet de débattre et c’est même un moyen comme un autre pour intéresser les gens à la politique.
Donc que Antoine Desrues donne son opinion ne me gêne pas et je le respecte.

Le problème de cet article est que l’écologie et le nucléaire n’ont rien de politique. C’est de la science dure et la récupération de ces matières pour en faire des parangons est irresponsable.
Les spécialistes et les scientifiques ont plus que largement expliqué en quoi se passer du nucléaire est une énorme connerie, autant sur le volent énergétique que sur le volet écologique.
Et il me semble que ces derniers sont bien plus compétents que les politiciens sur ce sujet.

Eomerkor
29/10/2023 à 19:15

Le film est sorti deux semaines avant l'incident de la centrale de Three Mile Island. Il a donc gagné son statut de film prémonitoire. Surtout quand on pense à Fukushima, il a vu juste. C’est un film je me repasse assez souvent. Que ce soit pour Jack Lemmon, Jane Fonda ou Michael Douglas ou pour la mise en scène très efficace. Un petit faible aussi pour les années 70 et le cinéma de ces années là. Une bonne fiction avec une base de réflexion. Un classique donc. Quand à se passer du nucléaire pourquoi pas. A condition de faire de la trottinette électrique quand il y a du vent dans les éoliennes, de mater son Smartphone que lorsqu'il y a du soleil tappant sur les panneaux solaires et de se faire son petit netflix en pédalant. Chiche.

alulu
29/10/2023 à 17:26

Pour une question de coût, de consommation grandissantes et parce que l'on impose en sus les véhicules électriques, le nucléaire reste le meilleur choix. Mais depuis l'instauration de l'Arenh, Edf ne peut rénover ou remplacer ses centrales vieillissantes pour une question idéologique mais surtout parce qu'elle est obligée de vendre pour un coup minime sa production à des fournisseurs qui ne produisent ni n'investissent, sauf dans de la pub. De la pure concurrence déloyale, toute la charge est pour Edf.

Malgré elle, Edf tire sur l'élastique et le jour ou ça pétera et que l'on aura des enfants à trois bras et deux têtes, l'on pourra remercier ces cols blancs qui pour enrichir leurs copains, ont imposés l'Arenh.

Pour maîtriser le nucléaire, il faut deux choses, des personnes compétentes dans les centrales (c'est déjà le cas) et des personnes consciencieuses à Bruxelles et à l'Assemblée. Il en manque une...

Nico1
29/10/2023 à 15:32

@Hasgarn
M. Desrues a pour habitude de faire passer toutes ses convictions politiques à travers ses choix de chroniques ou ses critiques, ce qui par moment est à la limite de la propagande.

Hasgarn
29/10/2023 à 14:20

Merci pour ce papier sur un film très peu connu.
Mais une fois n’est pas coutume, je ne suis pas du tout en accord avec le ton de l’article sur le risque nucléaire.

Si des errances ont bien eu lieu, il convient de rappeler que le système montre une excellente gestion du risque.

Le problème du nucléaire est qu’on lui donne une place dans le débat publique et qu’il sert de levier politique depuis plus de 10 ans. C’est ce qui fait qu’on est aujourd’hui très très en retard sur la maintenance du parc électrique français et la construction de nouvelles centrales.

Soyez prudent quand vous avancez sur ce terrain ;)

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