La Colère des Titans : pourquoi vous avez tort de le trouver si nul que ça

Malgré tout ce qu’on a pu dire, La Colère des Titans est un film sur la mythologie plus intéressant que son prédécesseur, Le Choc des Titans de 2010.

Contrairement aux mythes nordiques et à leur Ragnarök, les dieux de la mythologie grecque n’ont jamais connu de conclusion à leur histoire dans les anciens récits. Point de fin des temps ou d'effondrement céleste; du moins, aucun ne nous est parvenu. Si l’on peut fantasmer la défaite de l’Olympe à travers l’œuvre perdue d’Eschyle (et les fameuses suites du Prométhée enchaîné), tenter de la raconter aujourd’hui tiendrait du pur apocryphe. Et ce mythe inachevé – celui de la chute de dieux –, croyez-le ou non, ce fut l’ambition de La Colère des Titans, de Jonathan Liebesman, de l'imaginer.

Ce pur produit hollywoodien, issu d'un genre qui ne passionnait alors plus l'industrie, avait en effet bien en lui le germe d’une grandiose perspective narrative. Une idée pertinente au regard de notre héritage mythologique à laquelle il convient de rendre désormais un peu justice. Malgré ses (très) évidents défauts, qui ont valu au film de figurer au panthéon des blockbusters méprisés et oubliés des années 2010, La Colère des Titans mérite qu’on s’y attarde un peu. 

 

Quand on fait l’état des lieux

 

Il est titan d’en parler

En premier lieu, rappelons que La Colère des Titans est la suite du dispensable Choc des Titans, remake du classique des années 80. Le film adaptait donc en 2010 le mythe de Persée (tel qu’il apparaît chez Hésiode) avec une certaine approximation. La réception du long-métrage fut (à juste titre) mitigée et l'on aurait tout aussi pu s’en tenir là. Toutefois, dès la sortie du Choc des Titans, une suite au projet fut immédiatement annoncée. Encore plus improbable, cette suite étendrait l’histoire de Persée au-delà des textes anciens.

Un parti pris, si on peut dire, plutôt audacieux. Le cinéma américain a souvent détourné des légendes pour les déformer selon ses envies, mais rarement il a assumé à ce point d’écrire une toute nouvelle page de la mythologie, dans la continuité de l’un de ses récits. Avec La Colère des Titans, les mots d’Hésiode et d’Eschyle se stoppent tout à coup là où ceux du scénariste d’Esther et d’Aquaman prennent le relais. Avouez donc que cette insolite confrontation d’auteurs, défiant le temps et le bon sens, a à lui seul quelque chose d’exaltant. 

 

Rosamund Pike est là... donc le film est pas si mal