187 : Code meurtre : Samuel L. Jackson en Punisher des cours d'école

Geoffrey Fouillet | 1 juillet 2023
Geoffrey Fouillet | 1 juillet 2023

Samuel L. Jackson est déterminé à gagner le respect de ses élèves dans 187 : Code meurtre, le film qui vous fait passer l'envie de retourner à l'école.

Non, il n'y a pas de début de carrière meilleur qu'un autre, mais lorsque Steven Spielberg vous donne un petit coup de pouce pour démarrer dans le métier, on peut légitimement supposer qu'il y a pire. C'est justement ce qui est arrivé à Kevin Reynolds, dont le premier long-métrage, Une Bringue d'enfer (ou Fandango en version originale), a pu voir le jour grâce au soutien du papa des Dents de la mer.

Quelques années plus tard, il s'assure une vraie visibilité en dirigeant Kevin Costner dans Robin des bois : prince des voleurs puis Waterworld. Et si le premier connaît un succès commercial retentissant, le second est, hélas, un échec cuisant. Pour se refaire une santé loin de la case "blockbusters", le réalisateur revient alors à un cinéma plus modeste avec 187 : Code meurtre. Dans la lignée de The Substitute et Esprits rebelles, le film catapulte Samuel L. Jackson en pleine jungle scolaire et troque la bien-pensance habituelle du genre contre une violence amorale et radicale.

 

187 : Code meurtre : photo, Samuel L. Jackson"Aujourd'hui, je vais vous apprendre à filer droit"

 

CURSUS CARCÉRAL

Auréolé de la mention "écrit par un professeur", qui fera l'objet d'un carton avant le générique de fin, le film entend représenter le plus fidèlement possible la réalité scolaire dans les quartiers difficiles de Los Angeles. Et tenez-le-vous pour dit, cela n'a rien d'une partie de plaisir. Sorti indemne d'une agression subie sur son ancien lieu de travail, Trevor Garfield (Samuel L. Jackson) accepte d'être professeur remplaçant dans un lycée en plein ghetto. À son arrivée, il doit tenir tête à un groupe de caïds, délinquants notoires faisant régner la peur dans l'établissement.

Ce qui intéresse Reynolds ici, malgré sa déférence au scénario d'origine, c'est de dépeindre le lycée à la façon d'un pénitencier et d'en extraire la part la plus cauchemardesque. "Pour moi, les réalisateurs dignes d'intérêt sont ceux qui utilisent la caméra de telle sorte qu'elle donne à percevoir une scène d'une façon tout à fait particulière. Cela dépend avant tout de ce qu'ils retirent ou intègrent, de ce qu'ils choisissent d'accentuer", expliquait Reynolds lors d'une interview pour le site Den of Geek. Et force est de constater que le cinéaste applique ce qu'il défend.

 

187 : Code meurtre : photo, Samuel L. Jackson, Clifton Collins Jr., Karina ArroyaveAsseoir son autorité ou mourir

 

Quand Garfield traverse les couloirs ou la cour extérieure de l'école, le réalisateur prend soin de l'isoler du reste des élèves qu'il croise, soit par une suite de champs-contrechamps qui renforcent l'opposition entre eux, soit en jouant sur le flou en arrière-plan, notamment lorsque le héros tourne le dos à sa classe, reléguant les lycéens à une masse lointaine et menaçante. Ces partis pris de mise en scène redéfinissent également le décor, les salles de classe s'apparentant très vite à des cellules (les stores aux fenêtres rappelant des barreaux), sans compter les grilles qui délimitent les différentes ailes de l'établissement comme autant de clôtures de sécurité.

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commentaires
Boddicker
06/07/2023 à 13:50

Pour moi c'est un des meilleurs rôles de Jackson (avec Changing lanes entre autres), le meilleur Reynolds après The Beast, noir de chez noir une bande originale de fou (spyglass de Massive Attack en intro), épuré, tendu et qui se revoit encore très bien aujourd'hui.
En revanche, la référence à Punisher dans le titre, ah bon? on n'as pas vu le même film alors... c'est pour le racolage ?
Cheers.

Sanchez
02/07/2023 à 16:43

C’est l’anti « esprit rebelle ». J’aime profondément ce film pour sa radicalité dans le sens où il va à fond dans sa thématique sans aucune complaisance. On est pas dans le cinéma social français de base. Ici on montre une realite sans detour, mais le geste du prof contre cette réalité est aussi ce qui est dénoncé dans le film. La plan où on les voit tous à la morgue à la fin est glaçant (sans mauvais jeu de mot). Il y a ca mais aussi et surtout les interprétations magistrales de Samuel L. Jackson tout en ambiguïté (c’est un de ses rôles préférés d’après ses dires) et Clifton Collins Jr. en « méchant » inoubliable car tour à tour énervant, terrifiant, fragile.
La dernier dialogue pendant la roulette russe à la fin est magistral. « Tu ne respectes que la bêtise » « je voulais vous aider »

RobinDesBois
02/07/2023 à 02:33

Le "je voulais vous aider" à la fin est déchirant dans mes souvenirs.

RobinDesBois
02/07/2023 à 02:29

J'avais adoré ce film à l'époque. L'inteprétation magistrale de Samuel L Jackson qui m'avait beaucoup ému surtout à la fin, l'ambiance guetto de L.A, la fin qui fait écho à voyage au bout de l'enfer comme l'a dit Ray Peterson. J'aimerais le revoir aujourd'hui pour voir si mon regard à changé mais je pense que je l'apprécierais toujours autant.

Ray Peterson
01/07/2023 à 20:12

Un film extrêmement discutable sur sa thématique! Reste un bon Samuel L. Jackson et une séquence assez "culte" faisant écho au chef d'oeuvre de Cimino "The Deer Hunter".
Kevin Reynolds n'était pas très très grande forme sur ce coup là.

Par ce film j'ai eu ma période film de lycée avec ados pas cool dans le style "The Principal" (Le Proviseur avec James Belushi et le formidable Louis Gossett Jr.), "Class 84" de Mark "Commando" Lester ou "Dangerous Mind" (Esprits Rebelles avec la Michelle Pfeiffer et son chewin gum) mais franchement ce film reste vraiment plus trash et moins brillant que le film culte de Brooks. Bref, je m'égare.

Mx
01/07/2023 à 19:31

Je garde un souvenir très mitigé du film, qui dans mon souvenir avait constamment le cul entre deux chaises, reste la classe impérial de du gram sam, dans un registre plus périlleux, et cliffton collins jr en bad guy.