Idiocracy : comment saboter une idée géniale de comédie parfaite

La satire corrosive Idiocracy a failli ne jamais voir le jour, c'est en tout cas ce qu'espérait la 20th Century Fox.

Idiocracy, c'est la comédie si prophétique sur l'évolution de la société occidentale qu'elle en est devenue désespérante. Croisement improbable entre La Planète des Singes, Black Mirror et Les Simpson, le film avec Luke Wilson, Maya Rudolph et Terry Crews prouve chaque jour un peu plus qu'il est bien trop réaliste. Derrière ce projet, on trouve Mike Judge, créateur de nombreuses séries humoristiques sur la culture américaine comme Beavis and Butt-Head, Les Rois du Texas, Silicon Valley et The Goode Family. Pour l'accompagner, il a comme coscénariste Etan Cohen, déjà passé en tant qu'auteur sur les programmes de Judge.

Et ce très moqueur long-métrage a presque eu le même destin que son héros, oublié pendant des siècles avant d'être redécouvert par un coup du sort. Car, avant même d'arriver dans le peu de cinémas l'ayant diffusé, Idiocracy a traversé un champ de mines, courageusement guidé par Mike Judge. Et pour cause, la 20th Century Fox tenait à ce que le moins de personnes possible découvrent en salles cette critique acerbe et pessimiste de l'Homme moderne. Dans les coulisses, c'est donc une guerre absurde et ahurissante pour tuer un film trop acide sur notre monde.

 

Retour vers notre futur de l'angoisse

 

satire sur tout ce qui bouge

Idiocracy avait tout pour être une comédie beauf sur un type ordinaire et pas très malin du début du XXIe siècle propulsé par accident en 2505, dans une ère où l’humanité est devenue complètement demeurée. Sauf qu'à l'origine du projet, il y a Mike Judge. Ce scénariste a fait de la critique au vitriol des États-Unis d'Amérique le cœur de sa filmographie. Ses travaux sont surtout connus outre-Atlantique, mais ils restent des références dans le genre de la satire.

Ainsi, le film à l'humour gras devient une dystopie moquant la décadence programmée du mode de vie occidental. Le produit est donc bien difficile à vendre pour la 20th Century Fox, distributrice du long-métrage, et les choses se compliquent encore plus. En effet, le récit fait de véritables marques, souvent partenaires du groupe Fox, les responsables de la stupidité de l'humanité du futur. Contrairement à ce qui était attendu par les cadres du studio, Idiocracy ne fait pas du tout une bonne publicité à Mountain Dew, Gatorade, Costco, Starbuck's, Carl's Jr. et surtout Fox News (branche de la Fox Corporation, compagnie possédant 20th Century Fox à l'époque).

En plus de ça, les premières projections tests ne sont pas concluantes, ce qui conforte la Fox dans l'idée de complètement délaisser la production d'Idiocracy.

 

Mike Judge face à la Fox