Jawbreaker : le parfait film culte queer qu'il faut vénérer, c'est un ordre

Geoffrey Crété | 28 février 2023
Geoffrey Crété | 28 février 2023

Passer à côté de Jawbreaker, teen movie de 1999 avec Rose McGowan, Rebecca Gayheart, Judy Greer et Pam Grier : c'est très grave.

Quelques films font office de cri de ralliement pour pas mal de personnes queers (celles de bon goût), un peu comme Le Père Noël est une ordure et Les Aventures de Rabbi Jacob pour la France des parents. Lolita malgré moi, Belles à mourir, Charlie et ses drôles de dames, Mommie Dearest, But I’m a Cheerleader, La Mort vous va si bien, Miss Detective, Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?... Au fil des années, des déguisements pour Halloween et des épisodes de RuPaul, ces films sont devenus des symboles.

Il existe un mot magique et évidemment anglais pour tous les réunir : campy. Est campy ce qui est tellement grossier, artificiel, extrême et exagéré, que ça en devient fascinant, iconoclaste et incroyable. C'est parfois une simple réplique (le "SNAP OUT OF IT !" de Cher qui gifle Nicolas Cage dans Éclair de lune) et parfois le film tout entier (Showgirls).

Jawbreaker, discrètement sorti en 1999 et devenu culte au fil des années, défend sans effort une place de choix dans ces classiques queers. Et si vous avez encore un doute sur la valeur de ce film, c'est honteux, mais ce n'est pas trop tard.

 

Jawbreaker : photo, Judy Greer, Rose McGowan, Rebecca GayheartLe pouvoir des trois

 

la marge d'horreur

Dans les années 90, l'adolescence selon Hollywood était une histoire de sang et de niais (et d'acteurs et actrices trop vieux pour ces rôles). D'un côté, il y avait Scream et ses enfants illégitimes (Souviens-toi... l'été dernier, Urban Legend, Halloween : 20 ans après). De l'autre, il y avait les comédies romantiques à la sauce teen, comme Clueless, Elle est trop bien, Big Party, College Attitude, et 10 bonnes raisons de te larguer. Il y avait aussi des hybrides souvent malins (Sexe Intentions, The Faculty, La Main qui tue, American Pie, Mrs Tingle) mais le système était bien en place. C'était même une machine de guerre, qui recyclait les mêmes mêmes corps, les mêmes noms, les mêmes formules.

Jawbreakers était l'un des plus beaux bâtards dans cette famille aux sourires Colgate. Le film était certes soutenu par Sony, avec l'une des productrices de The Craft sur le coup, mais le budget était ridicule (3,5 millions : c'est deux ou trois fois moins que les autres, au minimum). Le film a en plus écopé d'un Rated R (interdit aux moins de 17 ans non accompagnés, aux États-Unis). Le studio avait de toute façon misé sur Big Party avec Jennifer Love Hewitt. En gros, tout le monde s'en foutait de Jawbreaker, et c'est grâce à cette inattention qu'il a pu exister.

Jawbreaker était le deuxième film d'un réalisateur gay qui n'avait qu'un long-métrage sur son CV (Sparkler, en 1997), et qui avait ce scénario dans la poche depuis des années. C'était au départ un film d'horreur, mais très vite, c'est devenu une comédie noire. Et tant mieux : tout le monde s'arrachait les teen movies à l'époque.

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commentaires
Franken
04/03/2023 à 21:05

@Geoffrey Crété – Rédaction

Ouille oui non…
J’ai rebondi sur le titre par pure facilité, parce que pas de temps de phraser consciencieusement et tout de même l’envie de rappeler que ce genre d’article intéresse quelques badauds.
Mais l’explication complémentaire est parfaite !

Je suis prêt pour la prochaine recommandation, à vénérer ou non. ;p

Geoffrey Crété - Rédaction
03/03/2023 à 17:27

@Francken

Si besoin de préciser : je ne vénère pas non plus Jawbreaker. C'est évidemment un titre humoristique. Mais il reste un film bien plus intéressant que le genre où il a pu s'inscrire, et représente quelque chose d'assez fort pour cette période. Et comme je l'écris, c'était déjà particulièrement hors-normes pour ce cadre de teen movie des 90s (tout en restant bien un film de studio, avec le cadre et cahier des charges que ça implique).

Franken
02/03/2023 à 16:46

Voilà une critique qui aura au moins attiré quelques curieux.

Je l’ai maté hier.
Il y a le postulat de départ joyeusement gratuit et quelques audaces qui en font une vraie curiosité mais je n’irai pas jusqu’à obéir à l’ordre de le vénérer.
J’aurais tellement aimé que ce soit plus radical et féroce.

….Ciel, rien que de relire le titre la Main qui Tue m’a immédiatement fait visualiser des scènes entières du film qui aurait dû être banni de ma mémoire. J’ai l’impression d’avoir un parasite en moi, c’est sale !

Geoffrey Crété - Rédaction
28/02/2023 à 16:16

@Nickdabaro

Avec plaisir !

Nickdabaro
28/02/2023 à 14:09

Jamais entendu parlé de ce film, je l'avoue. Merci pour la découverte Geoffrey. Je l'ajoute à ma liste de films à regarder.