Sexe, mensonges et parano : la sélection tarée de la rédac pour Filmo en novembre

La Rédaction | 28 novembre 2022
La Rédaction | 28 novembre 2022

Besoin d'un peu de violence et de folie avant d'entamer le marathon annuel de films de Noël ? Ça tombe bien, ce mois-ci, les gens tordus sont de sortie sur Filmo.

Les téléfilms de Noël envahissent nos écrans, mais pour calmer le déluge de marrons chauds, de guirlandes, de pulls moches et de bons sentiments, le catalogue de Filmo, service de SVoD à abonnement, propose pour ce mois de novembre un changement d'ambiance radical qui ferait pâlir Krampus et le Père Fouettard.

Les rédacteurs d'Écran Large vous ont ainsi sélectionné cinq films, classiques ou plus contemporains, à (re)découvrir, mais pas en famille. Au programme : un jeu de vie ou de mort, du sexe et des mensonges, du fanatisme religieux, de la politique parano et du journalisme qui frôle la psychopathie. Mais le plus fou, c'est que si vous utilisez le code ELFILMO, vous pourrez bénéficier de deux mois offerts sans engagement (si vous êtes encore abonné.e ensuite, ce sera 6€99 par mois).

 

la reco de déborah - The Game 

Sortie : 1997 - Durée : 2h08

 

The Game : photoOù s'arrête la vie et où commence le scénario ?

 

Sorti entre les mythiques Seven et Fight Club, The Game est un film souvent oublié ou minimisé dans la carrière de David Fincher. Le cinéaste, qui a toujours eu un penchant pour les personnages instables et la folie sous-jacente, n'a cependant pas dévié de son genre de prédilection avec ce troisième long-métrage et thriller porté par Michael Douglas. L'histoire suit la descente aux enfers de Nicholas Van Orton, un homme d'affaires riche et misanthrope qui est sur le point de "fêter" ses 48 ans. Pour le dérider, son frère lui offre les services d'une mystérieuse société chargée d'organiser un jeu dont il ne sait rien et qui va progressivement le pousser dans ses derniers retranchements.

A nouveau, David Fincher prend plaisir à malmener son anti-héros et à l'écarteler psychologiquement en donnant à son jeu des allures de piège pour le faire plonger dans la paranoïa. Rapidement, le cinéaste brouille les repères entre réalité, mise en scène et délire collectif, jusqu'au point où Nicholas et le public ne parviennent plus à repérer les acteurs parmi les passants ou à distinguer les environnements authentiques des décors montés de toute pièce. San Francisco devient ainsi un labyrinthe angoissant, la scène d'un spectacle de prestidigitation où sont dissimulées des portes dérobées et autres trappes pour maintenir l'illusion.

Au final, ce n'est pas tant de la beauté de la vie dont parle Fincher, mais du cinéma en lui-même à travers une mise en abime. Le jeu est le film et Nicholas Van Orton le spectateur désenchanté transformé en consommateur intransigeant, qui est réticent à l'idée de se laisser prendre au jeu en question, qui cherche constamment les failles sans profiter de ce qui s'offre à lui. Un propos décidément bien riche pour une oeuvre "mineure". 


la reco de geoffrey - Sexcrimes

Sortie : 1998 - Durée : 1h50

 

Sexcrimes : photo, Denise Richards, Neve Campbell"Allo, c'est les urgences psychiatriques"

 

Dans la catégorie des gens tordus et toxiques qui ont vraiment besoin d'un bilan psychiatrique, il y a évidemment Sexcrimes. Parfait prototype du thriller à tiroir, le film réalisé par John McNaughton et écrit par Stephen Peters déroule une intrigue vicieuse qui donne envie de brûler l'humanité : accusation de viol, violence policière, abus de pouvoir, extorsion d'argent, chantage, caprices et autres manipulations en tout genre, avec en toile de fond un coin de Miami où les plus riches côtoient les plus pauvres. Il n'y a personne qui rattraper l'autre, et même si "l'héroïne" campée par l'excellente Neve Campbell en sort délicieusement victorieuse, elle incarne à merveille les pires excès de l'espèce.

Sexcrimes a bien sûr marqué les esprits lubriques, qui ne se sont jamais remis de Denise Richards sortant d'une piscine, Denise Richards dans un plan à trois au champagne, et Denise Richards tout court. Bouquet final d'une étrange décennie où les thrillers érotico-débilos avaient le vent en poupe, le film a joué à fond la carte de la provoc – jusqu'à une certaine limite, puisque la scène de sexe entre les personnages de Kevin Bacon et Matt Dillon a été virée. Mention spéciale à la France, qui a casé Sexe dans les titres comme un mot compte triple au Scrabble : Wild Things en SexcrimesCruel Intentions en Sexe Intentions, et Body Shots en Sexe Attitudes.

Mais Sexcrimes vaut bien mieux que ça. Mené d'une main de maître jusqu'à une avalanche de scène post-générique qui ferait passer celles de Marvel pour des pubs Nespresso, le thriller est un petit modèle du genre, qui n'a pas pris une ride. Au contraire, puisque le film est encore plus féroce dans le monde de 2022.


la reco de mathieu - Jour de colère

Sortie : 1943 - Durée : 1h32

 

Jour de colère : photo, Ruben ThorkildsenPas exactement un feel-good movie

 

Carl Theodor Dreyer est sans conteste l'un des plus méticuleux observateurs de la bigoterie et du fanatisme religieux. Le Maître du logis (qui s'attarde plus précisément sur la condition féminine), Vampyr (la parenthèse fantasmagorique), Gertrud et Ordet (deux réflexions théologiques à la temporalité étirée) sont également dans la sélection de Filmo. Mais c'est peut-être Jour de colère, dans la continuité de son film le plus célèbre La passion de Jeanne d'Arc, qui est le plus virulent à ce niveau.

Des psychotiques névrosés et des superstitieux pathologiques, le film n'en manque pas. Les victimes et les bourreaux se croisent, se toisent et se font du mal au milieu du terrain d'étude favori du cinéaste : le foyer familial. Foyer qui ne va pas tarder à se transformer en véritable piège pour la pauvre Anne, seconde épouse coupable par nature aux yeux de l'Église et de ses dévots. Car en réalité, le mal est autant un réseau d'hommes et de femmes convaincus de la légitimité de leurs grilles morales que la bigoterie en tant que telle, qui se persuade de la réalité d'un mal qu'elle a lui-même provoqué.

Une sorte de cercle vicieux dont n'émane rien d'autre qu'une colère sourde et une violence de plus en plus prononcée. Et c'est ce qui fait de Jour de colère un long-métrage d'une modernité assez extraordinaire, dans son traitement de ses personnages féminins et du système inextricable auquel elles font face. Une porte d'entrée parfaite pour une filmographie parfois exigeante, toujours passionnante.

 

la reco d'antoine - Docteur Folamour

Sortie : 1964 - Durée : 1h35

 

Dr Folamour : photo, Peter SellersNous à l'approche de l'Apocalypse nucléaire

 

En attendant que certains "présidents" envisagent d'appuyer sur le gros bouton rouge, on peut toujours utiliser Docteur Folamour comme exutoire et catharsis de nos vies réelles. C'est dire la modernité du film de Stanley Kubrick, qui n'a pas pris une ride. Sa comédie satirique s'avère toujours aussi mordante, oserait-on même dire tranchante au vu de la précision de ses compositions de cadres et de son montage, toujours au service d'un humour noir et dérangeant.

Dans cette salle de réunion de crise fantasmatique, centre névralgique qui s'ouvre avec brio sur un extérieur hors de contrôle, Kubrick filme ses personnages comme autant de pantins et de petits êtres ridicules, comme s'il observait au microscope l'humanité dans ce qu'elle a de plus médiocre et risible. Alors que l'espèce tout entière est réduite à ses pires travers autodestructeurs, le cinéaste en profite pour faire incarner plusieurs rôles à Peter Sellers, dont le personnage éponyme qu'il traite en bouffon hilarant responsable de la fin du monde.

Par ailleurs, Docteur Folamour n'en oublie pas, derrière son humour désespéré, d'être un vrai et grand film à suspense, qui confirme le talent que Kubrick a développé en la matière depuis L'Ultime Razzia, titre presque méta à raccorder avec ce compte à rebours inévitable, causé par une poignée de puissants aussi dangereux que stupides. Ça ne vous rappelle rien ?

 

LA RECO D'ALEXANDRE - Night call

Sortie : 2014 - Durée : 1h57

 

Photo Jake GyllenhaalQuand tu veux être dans la lumière

 

Lorsqu'il tourne Night Call en 2014, Dan Gilroy espérait capturer une dérive de plus en plus prépondérante dans le paysage médiatique avec le voyeurisme malsain de nombreuses chaînes de télévision (et pas uniquement) prêtes à capitaliser sur la violence, la sexualité et la mort pour espérer gagner un maximum d'argent. Et à travers ses déambulations nocturnes aussi envoutantes qu'inquiétantes, Night Call y parvient avec brio, suivant le personnage de Lou, jeune homme marginal qui espère se faire une place dans le monde médiatique.

Lou est alors embauché par une directrice des programmes dénuée de déontologie, lui qui est capable de prendre des risques inconsidérés pour filmer l'impensable plus rapidement que tous les autres. Sauf qu'évidemment, face à la dure loi de la réalité, du sensationnalisme gangrénant l'information, ses agissements vont le mener à la démence, quitte à mettre en scène ses propres reportages pour mieux espérer captiver des spectateurs toujours plus avides d'horreurs.

 

Photo Rene RussoEn vérité, elle aussi est une psychopathe

 

S'en suit une descente infernale dans les abysses de l'immoralité, posant un regard terrifiant sur la course à l'audimat, les dangers de la dictature de l'immédiateté, mais également sur notre perception du réel. Complètement décomplexé et particulièrement cynique, le long-métrage ne se refuse ainsi rien, n'hésitant pas à jongler entre les deux tableaux en dénonçant le voyeurisme crade de ces méthodes tout en les incarnant de manière extrêmement immersive.

En résulte un thriller sordide largement porté par un Jake Gyllenhaal métamorphosé pour l'occasion (neuf kilos de perdus pour le rôle) et avouera que le tournage exclusivement nocturne du film l'a mené à laisser ses émotions prendre le dessus pour mieux sombrer dans son personnage. Sacré psychopathe.

Ceci est un article publié dans le cadre d'un partenariat. Mais c'est quoi un partenariat Écran Large ?

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commentaires
J'aimerais d'être puissant avec l'esprit svp je vais être esprit
29/11/2022 à 16:46

J'aime d'être comme esprit je vais être puissants

Roi Cramoisi
28/11/2022 à 21:27

Sexe Crime c'était vraiment bien, Neve et Denise étaient splandides (on a encore le droit de le dire ?)

Maxim
28/11/2022 à 13:39

On le rentre où le code quand on s’inscrit ?