Category III : le meilleur (donc le pire) du cinéma trash et gore hongkongais

La Rédaction | 3 décembre 2022 - MAJ : 03/12/2022 20:09
La Rédaction | 3 décembre 2022 - MAJ : 03/12/2022 20:09

Grâce à The Sadness et à l'éditeur Spectrum Films, la mythique Category III revient en odeur de sainteté (enfin, façon de parler). On explore quelques-unes de ses productions les plus trash, gores et politiquement incorrectes.

Projeté en festival à un public médusé et édité en Blu-ray par les passionnés de chez Spectrum (aux côtés du passionnant Viva Erotica et en amont d'autres titres), Ebola Syndrome entretient de plus belle son culte. Non content de compiler les provocations en tous genres comme personne avant ou après lui, le long-métrage dégénéré d'Herman Yau est une porte ouverte sur un monde de déviances : la Category III.

Qu'est-ce que la Category III ? C'est une classification hongkongaise, qui interdit l'accès à certains films aux moins de 18 ans à partir de 1988. Dans la péninsule qui a vu émerger des artistes comme Tsui Hark, Ann Hui ou John Woo et qui voit arriver la Rétrocession avec méfiance, une telle restriction a, plutôt que de freiner la violence de la production globale, créé une niche pour les films d'exploitations les plus gores, érotiques et surtout immoraux. Lesquels – et c'est difficile à envisager aujourd'hui – ont parfois eu du succès.

Puisque le livre de référence en France écrit par Julien Sévéon est désormais difficile à dénicher, Ecran Large vous propose une sélection du pire du pire de cette période... bénie, remplie à ras bord de séries B provocatrices et de délires indéfendables, dans la limite des films auxquels on a eu accès. Avertissement, donc : les oeuvres répertoriées ci-dessous ne sont pas seulement pour la plupart très gores, elles mettent souvent en scène divers sévices souvent sexuels et autres abjections plus que condamnables. Lancez-vous dans la lecture de cet article à vos risques et périls.

 

The Untold story : photo, Anthony WongMathieu et Antoine après avoir bouffé du Category III pendant plusieurs semaines pour cet article

 

Men behind the sun

Sortie : 1988 - Durée : 1h45

 

Camp 731 : photoFaux film historique, vrai film d'exploitation

 

De quoi ça parle ? Des atroces exactions de l'unité 731, créée par l'armée impériale japonaise. Sous couvert de prévention des épidémies, elle soumettait des êtres humains à d'horribles expériences. 

Pourquoi c'est Category III ? Considéré comme le premier long-métrage a avoir reçu le label Category III, pour des raisons évidentes et bien que plusieurs films (dont de véritables classiques) aient été classés rétrospectivement, Camp 731 a.k.a Men Behind the Sun met la barre très, très, très haute. Il établit d'emblée une caractéristique essentielle du genre : il n'est pas juste question d'aligner les séquences gores, mais d'esquiver les questions morales de la représentation cinématographique.

En l'occurrence, ici, il s'agit d'exploiter l'un des crimes contre l'humanité les plus abjects du XXe siècle, d'ailleurs pas encore reconnu par le gouvernement japonais à l'époque, pour repousser les limites de l'horreur. Le cinéaste et ses défenseurs peuvent bien prôner la sensibilisation : le soin particulier apporté à l'élaboration des nombreuses séquences de torture ainsi que l'absence de point de vue, si ce n'est un léger fil rouge symbolisé par un groupe d'enfants, ne trompent personne. Men Behind the sun est un shocker hardcore déguisé en leçon d'Histoire.

 

Camp 731 : photoBon, TOUS les effets spéciaux ne sont pas convaincants

 

La réputation de la chose tient également aux quelques légendes urbaines qui l'entourent. Le réalisateur Mou Tun-fei aurait utilisé de vraies images d'autopsie, voire de vrais cadavres. Un mythe entretenu aussi par la qualité de certains effets spéciaux (ce qui est loin d'être une habitude dans le genre, la preuve plus bas), notamment lors de l'attaque du chat par des rats, qu'on jurerait véridique. Autre particularité du Category III : il a inspiré deux pseudo suites. Quant au fameux Philosophy of a Knife de 2008, inspiré des mêmes évènements, il ne fait que déplacer encore un peu plus le curseur de l'hypocrisie.

 

The Big Heat

Sortie : 1988 - Durée : 1h36

 

The Big Heat : photoLes vrais bad boys

 

De quoi ça parle ? Un flic pris de tétanie à la main droite (un peu emmerdant quand il faut canarder ses ennemis) décide de venger l'un de ses anciens collègues en s'attaquant à un gang. Indice chez vous : il y a du sang et des bavures.

Pourquoi c'est Category III ? Si on vous dit que Johnnie To et Tsui Hark ont coréalisé un film de Category III (en y ajoutant le moins connu Andrew Kam), logiquement, ça fait rêver. Et quand on sait à quel point les deux cinéastes se sont souvent amusés d'un cinéma pop et politiquement rentre-dedans, on est encore plus curieux de se demander ce qu'ils ont pu faire en signant un polar avec une telle classification. Pour la faire courte, The Big Heat tient surtout à son regard sans concessions sur une police qui n'a rien à envier aux mafieux qu'elle traque.

 

The Big Heat : photoCeci est l'un des premiers plans du film

 

Les flingues deviennent littéralement des extensions des bras de leur possesseur, tandis que la torture et les bavures sont monnaie courante. A priori, il n'y a plus vraiment le choix du "Mort ou vif" comme à l'époque du Far-West, mais les protagonistes s'en fichent pas mal. En résulte un discours sur la pourriture de Hong-Kong et de ses institutions qui n'a forcément pas beaucoup plu. Mais quand on pense au fait que des réalisateurs comme To et Hark n'ont cessé d'explorer ce rapport à la corruption du système en étant de cacher de tels propos par une mise en scène stratégique, il y a dans The Big Heat quelque chose de l'ordre du brouillon de sale gosse libéré qui ose tout.

Le meilleur, c'est que le découpage et le montage des scènes d'action sont à l'avenant. Au-delà d'être bourrées d'idées situationnelles et rythmiques (ce climax !), elles cherchent toujours le pas de côté, la faute de goût inattendue, le moment où le film va trop loin pour notre plus grand bonheur (une décapitation impromptue après une fusillade, un corps renversé par trois voitures différentes...). C'est d'autant plus passionnant que le long-métrage traite en substance de la peur du corps, et plus particulièrement de sa perte de contrôle, ce qui passe par le rejet régulier de fluides immondes et autres idées gores qui servent de liant thématique étonnant à cette proposition coup de poing.

 

Story of Ricky

Sortie :  1991 - Durée : 1h31

 

Story of Ricky : photoOn se fend la poire

 

De quoi ça parle ? De Ricky-Ho, expert en arts martiaux injustement emprisonné, et de sa spectaculaire / grotesque / sanglante évasion.

Pourquoi c'est Category III ? The Big Heat prouve que la Category III est devenue un refuge pour certains grands artistes et leurs excès. Story of Ricky démontre qu'elle abrite également d'immenses délires Z improbables, arborant leur propre stupidité avec une fierté qui force le respect. Adapté d'un manga, c'est un gigantesque défouloir bouffon et crado, qui ne manque pas pour autant d'originalité dans ses bastons gores. 

Le concept ? Notre bon vieux Ricky-Oh dégomme à peu près tout ce qui se met en travers de son chemin, murs, dents, visages et chair compris. Ce qui donne des séquences aussi ahurissantes qu'inventives, où le héros transperce ou déloge un oeil du crane de ses adversaires d'un simple coup de poing, quand il ne s'improvise pas chirurgien dentiste (comprendre : il fait un noeud avec ses propres veines à coups de canines). Ses adversaires font ce qu'ils peuvent, en l'étranglant avec leurs intestins ("T'as des tripes, Oscar !") ou en faisant exploser leurs camarades à qui mieux mieux.

 

Story of Ricky : photoUn film qui prend aux tripes

 

Un véritable festival d'effets gores approximatifs et de situations hilarantes, qui ont valu à Story of Ricky un véritable statut culte. C'est très probablement l'un des films les plus divertissants de cette sélection, ainsi qu'un sommet bis à peu près insurpassable. D'ailleurs, l'éditeur 88Films vient de lui accorder une superbe édition. 

 

La saga Sex and Zen

Sortie : de 1991 à 2011 - Durée : de 1h27 à 2h09 (!)

 

Sex and Zen : photoUne saga salée

 

De quoi ça parle ? D'une greffe de pénis de cheval approximative, de ceintures de chasteté castratrices, de fellations maléfiques, d'un éventail impressionnant de positions sexuelles et d'une deuxième greffe de pénis de cheval.

Pourquoi c'est Category III ? Bien entendu, si les cinéphiles un peu déviants ont surtout retenu les films d'horreur, les comédies gore et les rape and revenge glauques, l'industrie a surtout profité de cette classification pour produire des films érotiques ou softcore à la pelle. Les plus célèbres d'entre eux restent probablement les quatre Sex and Zen, pseudo-films d'époque pseudo-humoristiques, aussi vides de consentement que pleins de séquences d'accouplements.

Sur le papier, les quatre opus de la saga paraissent bien sages... À ceci près qu'ils se veulent pour la plupart (le troisième se calme un peu sur les vannes pour déballer un Kamasutra plus acrobatique qu'aguichant) burlesques... D'où des séquences d'un mauvais goût stratosphérique.

 

Sex & Zen 3D : photoLes pubs sur les sites pornos

 

Le premier opus donne le la : passée la séquence ahurissante de la greffe, montrant un duo de chirurgiens amateurs jongler avec un membre viril d'équidé, le long-métrage parodie plus ou moins volontairement les lubies sexuelles masculines. Le deuxième cherche visiblement à se mettre à dos les esthètes en se la jouant parodie picaresque de The Lovers. Quant au remake (oserait-on parler de legacyquel ?), de son petit nom 3D Sex and Zen: Extreme Ecstasy, il multiplie les scènes d'orgies blindées d'effets de projection (pensez pub Haribo) avec une voracité éreintante.

Pas trop mal produite par instants (les costumes, certains décors), la franchise se savoure avec des amis très ouverts d'esprits et de grosses quantités de substances en tous genres (hors vaseline). Par contre, pour une soirée onanisme and chill, on vous déconseille l'expérience, a fortiori si vous êtes attirées ou attirés par les hommes. 

 

Daughter of Darkness 

Sortie : 1993 - Durée : 1h36

 

Daughter of Darkness : photoPas exactement un feel-good movie

 

De quoi ça parle ? Une jeune femme vient reporter le massacre de sa famille à la police. Le capitaine en charge de l'affaire trouve vite un coupable. Mais ses aveux sont trop précipités pour êtres sincères.

Pourquoi c'est Category III ? Daughter of Darkness n'est pas particulièrement graphique, mais il permet d'aborder une caractéristique évidente du genre : une obsession quasi maladive pour le viol. En purs produits d'exploitation, les Category III contiennent presque systématiquement de la nudité féminine, sans contrepartie à l'exception du pénis de Billy Chow dans le nanardesque Robotrix. Mais ils s'assoient aussi régulièrement sur le concept même de consentement. Parfois, c'est au service d'un faux romantisme dégueulasse (les femmes de Sex and Zen, qui finissent toutes par se laisser faire). Parfois, c'est complètement frontal.

 

Daughter of Darkness : PhotoAnthony Wong Anthony Wonging

 

Ce qui explique le nombre de rape and revenge (ces séries B dont le scénario tourne généralement autour d'une héroïne qui se venge de ses agresseurs dans le sang), comme Her Vengeance, Raped by an Angel (suivi de quatre suites !) ou donc ce Daughter of Darkness, où l'éternel Anthony Wong surjoue un flic pervers qui enquête sur une affaire bien poisseuse. Et si le résultat est aussi marquant, c'est parce que le récit fait tout son possible pour faire vivre le pire enfer possible à son personnage principal, jusqu'à un final cynique.

Une méchanceté d'autant plus suspecte que des films ont été classés Category III pour avoir montré des sexualités non hétérosexuelles. L'exemple le plus célèbre restant le classique de Wong Kar-Wai Happy Together, relégué Category III pour avoir osé mettre en scène une romance gay.

 

Red to Kill

Sortie : 1994 - Durée : 1h31

 

Red to kill : photoBen Ng voit rouge

 

De quoi ça parle ? D'un homme qui viole toutes les femmes habillées en rouge qu'il croise. Ah, et il travaille dans un établissement pour personnes atteintes d'un handicap mental.

Pourquoi c'est Category III ? En toute logique, certains cinéastes se sont fait un nom grâce à la Category III. Herman Yau, cité plus bas, est peut-être le plus célèbre d'entre eux, d'autant que sa carrière mainstream a fait parler d'elle jusqu'en occident. Mais le roi rarement contesté du mauvais goût reste probablement Billy Tang, qui a fait les grandes heures du genre, avec des oeuvres qui transgressent les unes après les autres les limites morales admises par le cinéma grand public.

 

Red to kill : photoPourquoi tant de haine envers ce personnage ?

 

Dans Dr. Lamb (1992), il raconte les exactions d'un chauffeur de taxi nécrophile qui exprime ses pulsions dès qu'il pleut. Heureusement, il n'habite pas en Normandie. Dans Run and Kill (1993), thriller d'une bien meilleure facture, il relate les mésaventures sanglantes d'un père de famille qui commande le meurtre de sa femme un soir de beuverie. Le climax pousse son infortune dans des extrêmes assez mémorables. Dans Brother of Darkness (1994), il perpétue l'horreur incestueuse du film cité juste au-dessus. Mais son méfait le plus radical est sans conteste Red to kill, considéré à raison par beaucoup comme l'une des fictions les plus immorales jamais tournées.

Outre son pitch scandaleux, la performance surréaliste d'un Ben Ng bien décidé à rejoindre Anthony Wong au panthéon des monstres allumés ou les nombreuses scènes d'agression sexuelle, teintées du bleu caractéristique du metteur en scène et cadrées comme de vrais instants de bravoure, c'est la mesquinerie démentielle du récit qui fait mal au spectateur. Les dernières vingt minutes sont entièrement consacrées à l'étouffement de tout espoir. On a rarement vu morceau de pellicule plus nihiliste. Lars Von Trier et son Dancer in the Dark peuvent se rhabiller.

 

The Eternal Evil of Asia

Sortie : 1995 - Durée : 1h39

 

The Eternal Evil of Asia : photoPinehead

 

De quoi ça parle ? Quatre amis hongkongais rentrent de vacances en Thaïlande où ils n'ont rien trouvé de mieux à faire que de violer la soeur d'un puissant magicien. Forcément, le sorcier est bien décidé à se venger.

Pourquoi c'est Category III ? Dans le genre débridé, The Eternal Evil of Asia se pose là. Dès sa première séquence, qui s'amuse avec des travellings vifs à la Evil Dead, on sait qu'on entre dans le domaine d'un cinéma survitaminé, qui mêle autant d'inspirations occidentales que les effets de style traditionnels du wu xia pian, dont il parodie volontiers les codes.

 

The Eternal Evil of Asia : photoElle mange juste une glace

 

Résultat, le film se permet des moments de pur WTF magique, à commencer par une séquence de combat câblée où deux sorciers pratiquent la levrette dans les airs. Grâce à son postulat de film fantastique, le long-métrage enchaîne les idées saugrenues avec une énergie communicative, qui a le mérite de rester imprévisible du début à la fin (notamment quand il donne littéralement une tête de bite à l'un des personnages).

Cela étant dit, The Eternal Evil of Asia se distingue également par sa totale immaturité, et sa simple envie de pousser les potards sans même réfléchir au sens de ses images. De ce point de vue là, il est plus difficile de voir le film rétrospectivement sans grincer des dents, surtout lorsque sa vision du sexe (rarement consenti) est accompagnée d'un petit saxo pseudo-romantique. La culture du viol devient même l'enjeu majeur d'un climax complètement pété du bulbe, où l'héroïne est obligée de pratiquer une fellation sur le corps invisible du magicien.

 

Ebola Syndrome

Sortie : 1996 - Durée : 1h38

 

Ebola Syndrome : photoLe roi du Cat III

 

De quoi ça parle ? Kai est en cavale en Afrique du Sud après avoir tué sa maîtresse (et le mari de cette dernière). Alors qu'il viole une femme agonisante, il contracte le virus Ebola, qu'il décide de refiler à tout le monde.

Pourquoi c'est Category III ? Si vous êtes germophobes, ou que le Covid a réveillé certaines craintes, fuyez ! Avec Ebola Syndrome, Herman Yau s'est imposé comme l'un des réalisateurs les plus fameux du Category III, après avoir signé deux ans avant The Untold Story à partir d'un pitch similaire.

 

Ebola Syndrome : photoCe que fait le réalisateur à nos yeux

 

Mais ce qui distingue Ebola Syndrome, c'est le fait que le film ne se pose absolument aucune limite. Mieux encore (ou pire), il y a une forme d'expérimentation dans la surenchère, portée par un montage qui enchaîne les séquences-chocs et les contaminations comme s'il filmait une chaîne d'usine.

Ajoutez à cela un goût prononcé pour le sexe non consenti, le cannibalisme, et les mutilations en tous genres, et vous avez là un incontournable du mauvais goût amoral, qui ne serait rien sans la performance hallucinée d'Anthony Wong. L'acteur embrasse le rôle de Kai en tant que connard terminal du cinéma, au point d'engendrer une question fascinante : peut-on vraiment suivre pareil récit en n'ayant aucune empathie pour le personnage principal ?

 

Revenge : A Love Story

Sortie : 2010 - Durée : 1h30

 

Revenge : A love story : photoUn film qui reste sur l'estomac

 

De quoi ça parle ? Un tueur en série s'attaque à des femmes enceintes en pratiquant des césariennes un peu hardcore. Alors que les enquêteurs cherchent à comprendre le mobile de ce meurtrier de mamans et de foetus, ils réalisent que cela pourrait être en lien avec une affaire plus ancienne.

Pourquoi c'est Category III ? Si la classification est souvent synonyme de fun tant ses extrémités font halluciner, Revenge : À Love Story est un film qui laisse avec le moral dans les chaussettes. Au-delà de la dégueulasserie des premières séquences, le réalisateur Ching-Po Wong façonne une ambiance délétère efficace, qui fait sentir la crasse de son univers délavé, limite monochrome.

 

Revenge : A love story : photoLa joie des cotons-tiges

 

Il est d'ailleurs intéressant de voir que le Cat III a su timidement se renouveler dans les années 2000 à l'aune de la Nouvelle Vague coréenne et de ses thrillers sordides. Difficile ici de ne pas penser à Memories of Murder, mais où on prendrait cette fois le point de vue du tueur. Revenge n'en est que plus macabre et étrange, et pourtant, son côté provoc est contrebalancé par son envie sincère de raconter une tragédie en actes, ponctuée par un chapitrage qui fait des allers-retours dans le temps pour mieux comprendre ce qui a transformé un simple citoyen en psychopathe.

L'intimité qu'il tisse entre ses protagonistes est réellement touchante, et rend leur descente aux enfers d'autant plus déchirante. À partir de là, Revenge ne se prive pas de scènes de torture-chocs, jusqu'à parvenir à un final étonnant, qui réinterprète à sa manière un cycle de violence impossible à stopper.

 

Dream Home

Sortie : 2010 - Durée : 1h36

 

Dream Home : photo, Josie HoChercher un appartement à Paris, Allégorie

 

De quoi ça parle ? D'une jeune femme qui rêve d'un appartement dans un beau quartier de Hong-kong. La mauvaise nouvelle : ce n'est pas dans ses moyens. La bonne nouvelle : elle a ses propres méthodes pour faire baisser les prix.

Pourquoi c'est Category III ? Beaucoup considèrent les Category III, au même titre que la trilogie Infernal Affairs ou le Time and Tide de Tsui Hark, comme le baroud d'honneur du cinéma libre hongkongais. Après la rétrocession, le genre s'est logiquement asséché. Mais il est resté une inspiration pour quelques irréductibles. Irréductibles dont font partie le réalisateur Pang Ho-Cheung et l'actrice et productrice Josie Ho.

 

Dream home : photoSe faire latter la gueule, définition

 

Avec Dream Home, ils s'attaquent à la crise immobilière de la mégalopole. Et pas question de prendre des pincettes : pour son Graal, leur anti-héroïne éventre ou égorge locataires et femmes enceintes, parfois à l'aide de leur propre anatomie. Grotesque, ironique et doté d'effets spéciaux à mi-chemin entre le réalisme et le grand guignol, le film se réapproprie avec un plaisir certain les cadors qui l'ont précédé. Pour qui était désespéré de l'état du slasher américain dans les années 2010, il fait office de miracle nécessaire.

C'est une bonne manière de rendre hommage à ses modèles. Car comme Dream Home souille de sang et de tripes les inégalités immobilières de la Péninsule, certaines productions estampillées Category III, en jouant avec les limites et les règles de bienséance et malgré des obsessions largement questionnables, faisaient état, puis pastichaient presque la frénésie créative hongkongaise. À une époque où même la fougue libertaire de Tsui Hark a été étouffée par le régime chinois et sa propagande, il est important que ses rares héritiers le rappellent.

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commentaires
Ankytos
04/12/2022 à 13:21

De la liste, je n'ai vu que Dream Home. J'avoue que j'avais trouvé que c'était amusant dans le genre gore et excessif.

Terryzir
04/12/2022 à 13:08

Merci Ecran Large pour cette découverte. Beau boulot !

Kyle Reese
04/12/2022 à 11:31

A part les films déliro-érotico-fantastico le reste trop gerbo-gore ne 'intéresse pas
Je me suis arrêté au tout premier rigolo sex and zen, je ne savais pas qu'il y en avait eu d'autre, vais y jeter un petit coup d’œil Toute une époque, il se passe quoi déjà à Hong-kong aujourd'hui ? Plus grand chose et avec la politique du zéro-covid foireuse des autorité chinoise ...

HK c'est mieux avant. ^^

Flash
04/12/2022 à 08:47

Camp 731, je l’avais vu il y a très longtemps sur une VHS pourrie. Il en faut beaucoup pour me choquer, mais là, ça va très très loin dans le crade.

Baretta
04/12/2022 à 07:57

Ce story of Ricky c'était quelque chose quand même; meilleur fausse adaptation de ken le survivant en prison que jai vu.

Le chat machine
04/12/2022 à 06:08

J'ai plus envie de déjeuner..merci.

Lord Sinclair
03/12/2022 à 20:57

Haaaa la grande époque où on essayait de dénicher les éditions VHS anglaise de ces pépites du bon goût...