Collision : derrière l'arnaque à Oscars, un vrai beau film ?

Geoffrey Fouillet | 26 mai 2022
Geoffrey Fouillet | 26 mai 2022

Pris dans les phares des Oscars qui le sacrent meilleur film en 2006, Collision compte sûrement autant d'admirateurs que de détracteurs. À juste titre ?

Étrange parcours que celui de Paul Haggis avant le couronnement de son Collision. Après avoir mis en scène un petit film inconnu au bataillon, intitulé Red Hot, il s'en va frayer avec la télévision et les gros bras de Chuck Norris en collaborant à la création de la série Walker, Texas Ranger. Pas franchement un CV de rêve, vous en conviendrez, d'autant qu'on lui doit encore à cette époque de sérieuses affinités avec l'église de scientologie.

Pourtant, tout bascule près d'une décennie plus tard, lorsqu'il signe le scénario du Million Dollar Baby de Clint Eastwood, qui reçoit l'Oscar du meilleur film en 2005. Une récompense qu'il décroche à nouveau l'année suivante, cette fois en tant que réalisateur-scénariste, avec Collision donc. Un doublé gagnant inédit dans l'Histoire d'Hollywood et de la prestigieuse cérémonie qui place Haggis comme l'un des nouveaux grands espoirs du cinéma américain... ou l'un de ses plus grands escrocs, c'est selon.

Non content d'avoir raflé la statuette tant convoitée aux dépens de Brokeback Mountain ou du Munich de Spielberg, Collision se retrouve dans le collimateur de toute une frange du public et de la critique. Taxé de mélo moralisateur et rétrograde, le film devient le sujet de raillerie préféré des commentateurs professionnels et un exemple de « ce qu'il faut à tout prix éviter de faire ». Et si derrière la démonstration un peu lourde palpitait une sincère émotion ?

 

photo, Don CheadleIl y a des jours où rien ne va, d'autres où c'est encore pire

 

La Cité des (mél)anges

Érigée sans doute un peu vite en capitale du rêve américain (Hollywood encore et toujours), Los Angeles reste à bien des égards la cité de toutes les communautés et de toutes les inégalités. Haggis ne le sait que trop bien et inscrit l'action de Collision au cœur de cette effervescence cosmopolite pour mieux questionner la peur de l'autre, de l'étranger, d'autant plus vivace dans une Amérique post-11 septembre rongée par les préjugés.

Deux heures durant, le film adopte une structure chorale, embrassant les trajectoires de plusieurs individus, de classe et d'ethnie différentes, à la fois discriminés et discriminants. Pour incarner cette galerie de personnages hétéroclite, le cinéaste s'offre un casting de stars bien décidées à égratigner leur image. Sandra Bullock joue une bourgeoise colérique, Matt Dillon un policier raciste, Brendan Fraser un procureur manipulateur... La liste est longue, d'où plusieurs sorties de route inattendues qui transforment le film en un kaléidoscope rugueux et mal-aimable.

 

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commentaires
sylvinception
30/05/2022 à 14:17

En-dessous de zéro.
A ranger aux côtés de Shakespeare in Love au rayon des énormes ratages de l'Académie.

andarioch1
30/05/2022 à 11:07

Vu à l'époque. Pas un film marquant (je serais incapable de citer la moindre scène) mais qui m'avait laissé un très bonne impression

Art
29/05/2022 à 21:27

Perso j'adore ce film, je comprends pourquoi on le traite de "film a Oscars" mais en ce qui me concerne c'est l'un des rares film qui le mérite vraiment.

Ozymandias
26/05/2022 à 17:47

Merci pour l'article, je vais me tenter ça. Toujours aussi intéressant de vous lire.