Network : le coup de boule prémonitoire à la télé de Vincent Bolloré et compagnie

Antoine Desrues | 26 février 2022
Antoine Desrues | 26 février 2022

Plus actuel que jamais, Network, main basse sur la télévision reste un film inimitable sur le pouvoir des médias. Retour sur les prémonitions de Sidney Lumet.

Le cliché est éculé : à chaque fois qu'on parle des Simpson, c'est pour mettre en avant les prémonitions de la série de Matt Groening. À vrai dire, il est intéressant de voir comment le grand et le petit écran ne cessent d'appréhender l'avenir du médium télévisuel, et plus particulièrement de sa gestion de l'information. On peut bien sûr penser à The Truman Show et à sa vision extrême de la télé-réalité. Mais ce qui démarque encore aujourd'hui Network, main basse sur la télévision, c'est qu'il n'est pas à proprement parler un film d'anticipation.

Il est même fascinant de constater qu'à l'époque de sa sortie en 1976, le succès critique et public du film fut contrebalancé par une partie de la presse, trouvant le discours satirique du scénario trop grossier et exagéré. Pourtant, en évoquant les dérives de l'éditorialisation de l'info et le rachat des médias par les grandes corporations, impossible de ne pas voir dans le chef-d’œuvre de Sidney Lumet une œuvre visionnaire, annonçant de manière cinglante la vulgarité de journaux télé transformés en spectacles ostentatoires et manipulateurs.

 

Network, main basse sur la télévision : photo, William HoldenDu grand au petit écran, c'est ça l'écran large

 

L'heure des pros (les vrais)

Pour parler de Network, il faut délaisser un temps le génial réalisateur de 12 hommes en colère et de Serpico pour évoquer le scénariste Paddy Chayefsky. Bien qu'extrêmement respecté dans le domaine des pièces télévisées (notamment avec Marty en 1953, qu'il réadapte deux ans plus tard pour le cinéma, avant de remporter un Oscar), ce dernier n'affiche qu'un profond mépris pour le médium, et sa manière de maltraiter ce qu'il écrit.

Face à une période creuse dans les années 60, Chayefsky s'intéresse à la machine qui lui a permis d'émerger. Petit à petit, il construit une galerie de personnages aussi passionnante que réaliste dans la hiérarchie d'un tel milieu et découvre, effaré, qu'un présentateur de télévision peut presque tout se permettre à l'antenne, surtout en direct.

 

Network, main basse sur la télévision : photo, Peter FinchPeter Finch, trop proche de notre réalité

 

C'est là que la première force prémonitoire de Network naît. L'auteur a pour idée de créer un protagoniste qui, suite à son renvoi, se suicide devant les caméras. Malheureusement, en 1974, cette vision s'ancre dans le réel par la mort de Christine Chubbuck, journaliste d'une émission locale de Floride, qui se tue en direct.

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commentaires
Simon Soumis
26/02/2022 à 23:51

Encore un coup des réac facho racistes

Castor
26/02/2022 à 18:12

À part 7h58 ce samedi là j'ai jamais accroché au cinéma de Lumet : trop scolaire, trop plat, et enfonçant toujours des portes ouvertes. D'ailleurs pas mal de ses films vieillissent mal.

rientintinchti
26/02/2022 à 17:59

L'un des films les plus racistes et orduriers de l'histoire. Comme d'autres films de Lumet. Lire "reel bad arabs" de Jack Shaheen.
Ou regarder le doc sur youtube "hollywood et les arabes"

Ray Peterson
26/02/2022 à 13:39

Un sacré pu**** de film ! Lumet (et son scénariste comme bien cité dans ce chouette article merci EL!) avait le nez creux! On en parle de la prestation de Mr Holden ? De la Dunaway en divin poison ? De cette fin tellement cynique que Billy Wilder en aurait été jaloux.
Aparté, une belle édition Blu-Ray chez Carlotta (cocorico) pour profiter de ce chef d'oeuvre.

Kobalann
26/02/2022 à 12:13

Le groupe de Niel, le groupe d'Arnault, le groupe de Bolloré... juste avant c'était TF1 chaine de fachos, après c'était BFNTV à les écouter, maintenant c'est Cnews.
Ça tient de la pathologie je crois
J'en connais qui devraient mettre en cohérence leurs actes avec leurs pensées et démissionner de leur poste sur canal+ ou europe1 ^^