Toys : et si le grand film oublié de Robin Williams était son plus fou ?

Le rire émaillé de larmes de Robin Williams nous manque. Peut-être n'a-t-il jamais été aussi puissant que l'injustement oublié Toys.

Étrange carrière que celle de Barry Levinson, qui oscilla entre feel good movie institutionnel avec Good Morning Vietnam ou encore Rain Man, avant de se tailler dans le marbre hollywoodien un nom de metteur en scène conscient, voire engagé, avec des créations telles que Sleepers ou Des hommes d'influence. Pour mieux comprendre sa versatilité, il faut se pencher sur un long-métrage qui ne connut pas une postérité à la hauteur de sa réussite.

Il s'agit bien sûr de Le secret de la pyramide, rêverie aventureuse et bourrée d'idées géniales, revisitant le mythe de Sherlock Holmes pour imaginer un détective adolescent, pour lequel l'investigation est encore un jeu, dans un univers pas si innocent, autorisant les protagonistes comme le réalisateur à jongler entre les époques, les styles et les concepts, pour livrer finalement un émouvant commentaire sur les mutations de la société occidentale autant que l'industrie hollywoodienne, toutes deux sur le point de céder tout à fait au nuage de superficialité anesthésiante des années 80 triomphantes.

Il en va de même pour un autre joyau oublié, le fascinant Toys, effacé de (presque) toutes les mémoires, quand il constitue une des plus incroyables performances de Robin Williams, doublé d'une attaque visionnaire contre les industries du divertissement et de l'armement.

 

Bienvenue dans une glorieuse maison de fous

 

PLAYER KING

Lorsque le monde découvre, le 11 août 2014, que Robin Williams n'est plus et qu'il a choisi de suicider, la nouvelle bouleverse cinéphiles, cinéphages et spectateurs, qu'ils aient ou non grandis avec les performances cartoonesques de l'acteur.

Sorte d'antidépresseur vivant, celui qui se fit connaître avec des sketchs passablement irrésistibles était devenu le compagnon de route d'une comédie américaine qui eut bien besoin de ses trips hallucinogènes, de ses mimiques folles, comme de l'évidente candeur de ses performances, capables d'arracher une larme sincère, jusque dans ses foirades les plus embarrassantes (oui, Jack, on parle de toi), quand il ne parvient pas, à lui seul, à inonder de grâce un projet particulièrement mal parti, à l'image de Madame Doubtfire.

Ses aficionados citent souvent le succès planétaire du Cercle des Poètes disparus, n'oublient que rarement Fisher King, et gardent un souvenir glacé de ses plus audacieuses sorties de route, telles Au-delà de nos rêves ou encore Photo obsession. Deux propositions étonnantes, bien plus noires que celles auxquelles il accoutuma les spectateurs, et où affleuraient sans mal une forme de désespoir et une mélancolie inarrêtable, dont il est facile d'imaginer qu'elle appartenait en propre à l'interprète, et qu'elle l'accompagna, peut-être, dans ses derniers instants.

 

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