Society : inceste, aristocratie et soap opera dans la partouze de body-horror ultime

Mathieu Jaborska | 10 octobre 2021
Mathieu Jaborska | 10 octobre 2021

Imaginez un teen movie comme il en pullulait dans les années 1980, avec décors de banlieue bourgeoise, comédiens venus du soap et romantisme de supermarché, qui se terminerait en partouze incestueuse gore. Ça existe, et ça s'appelle Society.

La première réalisation du célèbre producteur Brian Yuzna, passée selon lui inaperçue en 1989, suscite désormais un culte discret, évidemment dû à son climax, l'un des plus hallucinants morceaux de bravoure horrifiques jamais tournés. Une séquence d'autant plus traumatisante qu'elle met un terme à une heure de récitation roublarde des codes des teen movies en vogue, ce qui fait de Society à la fois un pur produit et une anomalie de son époque, une oeuvre de transgression au sens premier du terme.

Encore aujourd'hui, plus encore après que l'épreuve du temps ait ringardisé ses simulacres de comédie romantique populaire, le film reste un sommet de provocation, si hardi et taré qu'il s'intègre lui-même à ses étonnantes références artistiques.

 

PhotoL'intégration des stagiaires chez Ecran Large

 

Teen orgy

Il faut prendre la mesure de la singularité du scénario, qui envoie paître la plupart des conventions structurelles de la production d'un film. Comment promouvoir un long-métrage qui se la joue teen movie pendant une bonne heure avant de concentrer toute sa puissance iconographique lors de ses dernières minutes ? Les pauvres distributeurs et publicitaires, auxquels Yuzna a vite refilé son bébé mutant, se sont probablement cassé les dents sur cette question. Ils ont fini par accoucher d'une bande-annonce émiettant ses effets avec étrangeté et d'une affiche pas super suggestive, pourtant devenue assez légendaire.

Le cinéaste était bien conscient que son hybride invendable risquait de se vautrer complètement, et ce avant même le tournage. À l'époque, il jouissait d'un CV maigre, mais aguicheur, en tête duquel trônait la mention de Re-Animator, son premier essai (ou presque) en tant que producteur. Histoire de ne pas abréger sa carrière trop prématurément, il a proposé au studio Wild Street un contrat de deux films, avec d'abord Society, puis Re-Animator II, soit une expérimentation kamikaze, puis une suite plus prudente.

 

photo, Jeffrey CombsYuzna réanime Re-Animator

 

C'est dire à quel point un mélange des genres si explosif inquiétait tout le monde, à commencer par les acteurs et actrices, qui ont tous avoué depuis avoir halluciné à la lecture du scénario. Il a parfois fallu une insistance de leur agent (ils étaient jeunes et à l'aube d'une potentielle carrière) pour les faire signer. Et pour cause : Society s'amuse à piétiner allégrement les succès du moment, voire à corrompre leurs poncifs.

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commentaires
Franken
11/10/2021 à 11:01

Je me souviens encore de sa sortie cinéma et des photos dans Mad Movies qui poussaient n’importe quel spectateur déviant amateur de délire gore (et de partouze décomplexée ?) dans les salles…
Quand bien même le film est loin d’être parfaitement réussi !

Ah les années 80, quand les jeunes pouvaient encore se construire avec des valeurs fortes et des images marquantes !

Kyle Reese
11/10/2021 à 01:31

Vue il y a longtemps sur C+ je pense, oui, car aucun autre chaine n'aurait pu diffuser ce film très spécial. Pas subtile du tout, il me semble que Yuzna avait bien réussi son coup, film à la fois grotesque, avec un coté d'abord érotico/sexy puis très vite dérangeant, au service d'un message classique mais fort. Je suis curieux de savoir s'il a bcq vieilli comme pas mal de prod de ce genre de cette époque. Ca reste quoiqu'il en soit très osé et culte.

Ray Peterson
10/10/2021 à 23:23

Yuzna est un génie. Bien sûr la scène d'orgie à la fin est chef d'oeuvre : merci Mr "Screaming Mad George" !
Vu jeune, j'avais remarqué que le héros était l'un des 1ers sauveteurs de "Alerte à Malibu" et de la série ""Les 3 as" avec des détectives en chapeau et Mr. Strickland de Retour vers le Futur à leur tête! Merci TF1 pour ces superbes références de toutes beautés.

La bonne blague
10/10/2021 à 17:35

Vous la connaissez celle du ver de terre qui tombe dans un plat de spaghettis et qui s'écrie : "Chouette, une partouze ! "?

alulu
10/10/2021 à 15:00

Un film sur la Saint Valentin dans le Nord :)

Flash
10/10/2021 à 14:00

JR@ en effet les vidéo clubs c’étaient la terre promise pour les amateurs de cinéma de genre.
Society comme Réanimator, c’est typiquement le genre de films qu’on ne verrait plus de nos jours et je parle même pas de la Galaxie de la terreur.
Trop osé pour notre société de fragiles.

Adam
10/10/2021 à 11:33

Je l’ai découvert il y a 5-6 ans et j’avoue que c’est le genre d’expérience qui vous retourne…

JR
10/10/2021 à 10:13

Film incroyable (bénit soit l'époque des videoclub).