Princesse malgré elle : conte de fées moderne ou Disney néo-réactionnaire ?

Maeva Antoni | 17 juin 2021
Maeva Antoni | 17 juin 2021

Petit plaisir coupable ou Madeleine de Proust pour nostalgiques du Disney des années 2000, Princesse malgré elle est un film culte au message ambigu.

Monument indéboulonnable du début du millénaire, Princesse malgré elle, réalisé par Gary Marshal, a donné des envies de couronne à plus d’un jeune spectateur. Au scénario, on retrouve une adepte des "films pour filles" : Gina Wendkos, qui porte dans sa filmographie Coyote Girls ou L'homme parfait. Porté par une Anne Hathaway toujours au poil et une Julie Andrews dont la classe transcende même les productions Disney, Princesse malgré elle est un étrange produit de l’usine à rêve de Mickey

Alors que presque toutes les princesses vraiment iconisées par le studio sont issues de l’animation, Amelia Mignonette Thermopolis Renaldi aka Mia aka Anne Hathaway ancre ce fantasme dans une réalité palpable. Et si le film assure ses arrières en partant de références classiques, il offre un message toujours double et souvent trouble sur ce que c’est, au fond, d’être une princesse, ainsi que sur la portée et la signification du titre. 

Icône ultime de la femme-objet nunuche, symbole féministe engagé ou jolie endormie de contes de fées, elle est un personnage complexe que le film tente de moderniser comme il peut tout en s’efforçant de ne jamais trop casser le moule - Disney obligeMais les codes princiers du cinéma ont la dent dure et ainsi, le film Princesse malgré elle se perd dans les messages qu’il veut faire passer.

 

photoSourire figé et gants blancs, une vraie princesse

 

Bibidi Bobidi Bou 

Depuis Blanche-Neige et les Sept Nains, sorti en 1937, Disney ne cesse d’alimenter le fantasme de la princesse. Quintessence d’une féminité inatteignable, ce mythe doit autant aux valeurs de l’Histoire qu'à la création de toutes pièces de modèles discutables, notamment issus de la fabrique à rêves de Mickey. Longtemps, l'héroïne Disney était une jeune fille douce que seul le prince charmant pouvait sauver, à l’instar du trio original Blanche-NeigeLa Belle au bois dormant et Cendrillon. Si désormais, ces figures sont moins nunuches et n’attendent plus les bras délicatement croisés qu’un jour leurs princes viennent, l’influence des trois héroïnes originelles a modelé une certaine image de la femme idéale.

C’est surtout Cendrillon qui est devenue le mètre étalon. Presque une expression populaire, la souillon devenue princesse influence les productions hollywoodiennes avec le fantasme de passer de la normalité à l’extase absolue que serait la vie de château. Avant Comme Cendrillon de Mark Rosman et avec Hilary Duff, il y avait ainsi Princesse malgré elle de Gary Marshal, qui se réappropriait le mythe de la boniche couronnée. En effet, avant sa transformation en idéal selon les critères ancestraux de Disney, Mia, jouée par Anne Hathaway, était une Cendrillon moderne au stade pré-marraine la bonne fée. 

 

photoLes mégères version cheerleaders

 

Adolescente qui travaille après les cours pour se payer une voiture (carrosse moderne), Mia est bien évidemment orpheline de son père, une condition sine qua non pour devenir tête couronnée chez Disney. Les vilaines sœurs sont remplacées par une version moderne et américanisée de ce que l’adolescente a de pire à offrir : les pom-pom girls. Tous les codes de Cendrillon y passent, de la bonne fée campée par la grand-mère (Julie Andrews) au bal inévitable. 

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