Mortal Kombat version 95 : et si c'était la meilleure adaptation possible du jeu vidéo ?

Arnold Petit | 29 avril 2021 - MAJ : 29/04/2021 17:46
Arnold Petit | 29 avril 2021 - MAJ : 29/04/2021 17:46

Déjà disponible aux États-Unis en salles et sur HBO Max, Mortal Kombat sortira le 12 mai en France, directement en VOD.

Alors en attendant de voir Sub-Zero, Sonya Blade, Liu Kang et toute la bande répandre de la cervelle sur les murs dans des combats sanglants comme le promet la bande-annonce, on a décidé de revenir sur la première adaptation du jeu vidéo sortie en 1995 et réalisée par Paul W.S. Anderson, quelques années avant qu'il ne s'attaque à la saga Resident Evil.

 

photoMEUWTAL KOMBAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAT

 

TON ÂME EST À MOI

Autant le dire tout de suite, Mortal Kombat n'est pas particulièrement un bon film. La réalisation est assez basique, le scénario n'a aucun sens, les costumes sont au rabais, certains effets spéciaux ont pris un sacré coup de vieux et presque l'ensemble du casting est à la ramasse. À vrai dire, personne n'y croyait quand le producteur Lawrence Kasanoff a proposé le projet à New Line après avoir obtenu les droits auprès de Midway Games. Encore plus après que Super Mario Bros. se soit fait démolir dans tous les sens par la presse et les fans (comme on le raconte ici).

Et pourtant, aussi stupide et défaillant qu'il soit à bien des niveaux, le film réalisé par Paul W.S Anderson a remporté un large succès, avec 70 millions de dollars de recettes au box-office à domicile et plus de 122 millions à travers le monde pour un budget d’environ 20 millions de dollars. Réévalué au fil du temps, il a même acquis un statut de film culte, considéré comme une des adaptations de jeu vidéo les plus réussies et un des nanars d'actions les plus drôles des années 90.

 

photoEverybody was kung fu fighting

 

Mortal Kombat est un film qui a parfaitement compris le jeu duquel il est adapté et fait tout pour respecter ses personnages bizarres, son histoire décousue, son atmosphère kitsch et son rythme frénétique autant que possible. Dans le jeu, un écran d’introduction de quelques lignes présente le contexte et chaque personnage dispose bien d'une petite description ainsi que d'une histoire complémentaire après être venu à bout de Shang Tsung, mais c'est tout ce qu'il y a en termes de narration.

Avec une trame aussi minimaliste comme point de départ, le film ne pouvait décemment pas proposer quelque chose de complexe. Le scénariste Kevin Droney aurait pu essayer d'apporter de la profondeur, mais il aurait ainsi fallu altérer l’œuvre originale, au risque de froisser les fans.

 

photoRèglement de compte entre des joueurs et l'équipe du film

 

Comme le note le journaliste Matt Goldberg dans un article du site Collider autour du film, tenter d'expliquer pourquoi la moitié du visage de Kano est en métal ou pourquoi Sub-Zero peut contrôler la glace n'apporte rien à l'histoire et vient seulement souligner son absurdité. Il vaut mieux présenter ces éléments comme des faits accomplis, en espérant que ceux qui n'y sont pas familiers les acceptent quand même.

En reprenant des éléments classiques de films d'action fantastiques, avec des répliques aussi clichées que de surmonter sa peur pour vaincre ses ennemis, Paul W.S. Anderson fait en sorte que le film soit accessible aux néophytes, mais se permet quand même de glisser bon nombre de références que les joueurs reconnaissent, comme le grand écart avec coup dans les roustons de Johnny Cage ou Scorpion qui retire son masque pour cracher des flammes.

 

photoC'est ce qui s'appelle jouer avec le feu

 

SÉRIE BÊTE

Mortal Kombat est apprécié pour ses Fatalities et sa violence outrancière, mais aussi pour son humour et son auto-dérision. Il ne faut quand même pas oublier qu'il s'agit d'un jeu autour d'un soi-disant tournoi dans lequel les participants s'entretuent sauvagement et dont la plupart des personnages ont été conçus en changeant les couleurs de leurs costumes ou en s'inspirant d’acteurs spécialisés dans les arts martiaux comme Jean-Claude Van Damme et Bruce Lee.

Au fil du temps, la franchise n'a cessé de faire preuve de second degré et d’inventivité, avec les Friendship (l'inverse des Fatalities, pleines de mignonnerie), les Babalities (qui transforment l'adversaire en bébé) ou, plus récemment, en ajoutant des personnages de la culture populaire comme Freddy et ses griffes, Jason et sa machette, le Predator, l'Alien, RoboCop, Terminator, un Rambo plus vrai que nature ou encore Spawn.

 

photoQui m'a filé le jouet de son gosse ?

 

Alors le film ne se prend pas au sérieux non plus et ne lésine pas sur l'humour potache, avec un Raiden qui se fout ouvertement de la gueule de ceux sur lequel repose le sort de la Terre dans un éclat de rire devenu légendaire. Comme le jeu, le film présente le Mortal Kombat le plus simplement du monde lors d’une conversation sur le bateau et les combats peuvent alors s'enchaîner entre deux interventions du Dieu Ancien.

La bande-son apporte également beaucoup à cette ambiance décérébrée, typique des années 90, la musique rock et électronique retranscrivant toute la nervosité des sonorités du jeu, le morceau Techno Syndrome de The Immortals étant devenu un hymne pour les fans de Mortal Kombat. Cependant, le film reste quand même respectueux envers l'univers du jeu et ses joueurs, Paul W.S. Anderson étant lui aussi un fan qui se rendait dans les salles d'arcade de Londres pour passer le temps en arrachant des membres pixélisés entre deux réunions au début de sa carrière.

 

photo mortal kombatFight !

 

CHOOSE YOUR FIGHTER

Avec le temps, certains éléments du film ont même carrément été intégrés à la mythologie : après l'interprétation de Trevor Goddard, Kano a ensuite été représenté comme ce mercenaire britannique dégueulasse et grossier, prêt à vendre sa mère pour arriver à ses fins.

"Ton âme est à moi" est devenu la réplique officielle de Shang Tsung et l’interprétation de Cary-Hiroyuki Tagawa a tellement marqué les fans que les développeurs l'ont rappelé pour à nouveau prêter sa voix et ses traits au sorcier dans le dernier jeu de la franchise, Mortal Kombat 11, qui multiplie les hommages au film. Incarnation du méchant asiatique par excellence, l'acteur nippo-américain crève l'écran à chacune de ses apparitions et propose un Shang Tsung atteignant des sommets de sadisme et de drôlerie.

 

photoRessens l'agression

 

Robin Shou fait un Liu Kang admirable et Johnny Cage est probablement le personnage le mieux retranscrit à l'écran comme cet acteur de série B comique et arrogant qui lâche punchline sur punchline incarné par un acteur de série B aussi charmant que détestable.

Le doublage français de Linden Ashby étant effectué par Jean-Philippe Puymartin, la voix de Tom Cruise, le personnage pourrait également être vu comme une sorte de parodie de l'acteur de Mission : Impossible, essayant à tout prix de montrer au public que ses cascades et ses combats ne sont pas truqués et bien réalisés pour de vrai. À noter aussi le travail du grand Benoît Allemane avec sa voix grave et sérieuse pour le doublage de Goro.

 

photoJohnny Cage a clairement le droit aux meilleures scènes du combat du film

 

Cependant, s'il y en a un qui contribue largement au plaisir ressenti devant le film et accapare toute l'attention, c'est bien notre Christophe Lambert national. Au départ, les producteurs avaient pensé à Danny Glover, puis à Sean Connery pour incarner le Dieu du Tonnerre et de la Foudre, mais l'Écossais a refusé, préférant jouer au golf plutôt que de s'investir physiquement pour un rôle.

Paradoxalement, Christophe Lambert a justement accepté d'interpréter Raiden parce qu'il avait compris que son personnage était tellement puissant qu'il n'avait pas besoin de s'entraîner ou se battre (et aussi parce que l'histoire le faisait marrer).

Encore auréolé de son rôle de Connor MacLeod dans Highlander, il s'éclate comme un gamin et ça se sent, avec ce Raiden plus comique que sérieux, qui apparaît et disparaît quand bon lui semble. En raison de son salaire mirobolant, l'acteur ne pouvait pas se rendre en Thaïlande avec les autres et ses séquences devaient donc être tournées en studio à Los Angeles et rajoutées au montage. Comprenant que ce serait long et compliqué (et probablement mal fait), il a alors préféré faire le voyage à ses frais pour être présent avec les autres et aurait aussi payé la fête de fin de tournage. Quel homme ce Christophe Lambert.

 

Photo Christophe LambertHin hin hin

 

Sub-Zero représente lui aussi une fierté française. Sous le masque du cryomancien se trouve François Petit, un acteur spécialisé dans les arts martiaux, qui était chargé d'entraîner Cary Hiroyuki-Tagawa sur le tournage pendant que Linden Ashby recevait des leçons de Chris Casamassa, qui incarnait Scorpion. Malheureusement, le film n'a pas exploité la rivalité entre les deux ninjas et préféré les présenter comme des sbires silencieux de Shang Tsung.

Les personnages féminins n'ont pas autant de chance. La Kitana de Talisa Soto (apparue comme James Bond Girl dans Permis de tuer) est réduite à une femme séductrice et mystérieuse qui aide Liu Kang tandis que la Sonya Blade de Bridgette Wilson-Sampras passe de militaire badass à demoiselle en détresse une fois que Shang Tsung décide de prendre part au tournoi.

Cameron Diaz avait d'abord été choisie pour incarner le personnage, mais s'était blessée au poignet quelque temps avant le tournage et avait donc été remplacée plus ou moins à la dernière minute par Wilson-Sampras, qui venait tout juste de terminer Billy Madison avec Adam Sandler.

 

photoOn ne dirait pas, mais elle était ravie

 

TEST YOUR MIGHT

En dépit de ses limites, Mortal Kombat ne manque pas d'ambition et va jusqu'à inclure Goro, le sous-boss emblématique du jeu avec ses quatre bras et sa taille gigantesque, malgré les contraintes techniques et le manque d'expérience de Paul W.S. Anderson en termes d'effets numériques. Le réalisateur voulait tellement être choisi par le studio qu'il a potassé le sujet en lisant tout un tas de bouquins et fait illusion en réussissant à maîtriser le jargon. Ce n'est qu'une fois sur le tournage qu'il a dû apprendre.

N'ayant jamais tourné de film d'action auparavant, c'est aussi sur Mortal Kombat qu'il a assimilé les techniques pour tourner les scènes de combat, sur les conseils de Robin Shou, qui avait participé à de nombreux films hong-kongais et côtoyé Jackie Chan. En plus de réaliser toutes ses cascades, l'acteur a également aidé Pat E. Johnson à élaborer les chorégraphies des combats et carrément pris la main au bout d'un certain temps, jusqu'aux reshoots.

 

photoQuatre bras, quatre chocolats

 

Donnant l'impression de parcourir les arènes les uns après les autres, les environnements alternent entre forêt, donjon inquiétant ou salle de banquet, avec des décors impressionnants et proposent même des représentations d'Outremonde ou du Royaume du Nether. Sans être ahurissants, les combats sont assez bien foutus, en particulier ceux entre Scorpion et Johnny et entre Liu Kang et Reptile (rajoutés après que les spectateurs aient pointé le manque d'action et de mouvements repris du jeu pendant des projections tests).

Les acteurs et actrices ont d'ailleurs réalisé la grande majorité de leurs cascades eux-mêmes, et Robin Shou et Linden Ashby ont donné de leur personne pendant les reshoots. Le premier s'est brisé plusieurs côtes en étant projeté sur un pilier pendant le combat et le second a pissé du sang (littéralement) après avoir été blessé au rein.

Ce qui explique peut-être pourquoi presque tout le monde s'accorde pour dire que ce sont les deux meilleurs combats du film, tandis que d'autres comme celui de Sonya contre Kano ou Liu Kang face à Kitana sont lents, trop courts et finalement assez décevants.

 

photoMême si personne n'a jamais pardonné ce truc et le Reptile en images de synthèse

 

Finalement, le défaut majeur vient surtout du fait qu'ils aient réduit la violence extrême afin d'être classé PG-13 au lieu de R Rated, mais en dehors de quelques libertés, le film est exactement ce à quoi devrait ressembler un film adapté d'un jeu comme Mortal Kombat.

En soi, Mortal Kombat est à prendre pour ce qu'il est : l'adaptation d'un jeu à propos d'un tournoi qui ne que sert que de prétextes pour que des combats spectaculaires entre des personnages aussi étranges que stéréotypés puissent avoir lieu. Ni plus ni moins. Et en tant que tel, il reste une série B d'action bizarrement plaisante et efficace. Un plaisir coupable qui ne demande qu'à être apprécié dans un rire gras et nerveux entre deux réflexions sur la beauté de la vie et la folie des hommes.

Tout savoir sur Mortal Kombat

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commentaires
Simon Riaux
03/05/2021 à 16:56

@Guile

La première vient de la Cité de la Peur, la seconde de Cyrano de Bergerac.

Guile
03/05/2021 à 16:21

@Simon
Il s'agissait d'une simple remarque, ne prenez pas la mouche, mon point de vu ne méritait pas plus de lignes. Si vous pensez que citer Steet Fighter dans l'article n'était pas pertinent c'est votre avis, tout comme je pense et exprime qu'il s'agit d'un réel oubli sur un tel sujet. J'ai pris le temps de lire l'article et de vous donner mon point de vu, je ne vois pas pourquoi faire plus long... Enfin : "jeune homme" (??) Sérieusement ?? Bonne continuation :)

Pog
03/05/2021 à 15:02

@Guile

Et vous semblez bien arrogant à juger ainsi, basé sur... "moi j'aurais fait et ressenti autrement". Sûrement votre âge apparemment avancé ;)

Simon Riaux
03/05/2021 à 14:53

@Guile

"C'est un peu court jeune homme."

Guile
03/05/2021 à 14:38

@Simon

"y dit que c'est bien le problème"
;)

Guile
03/05/2021 à 14:34

*continuation :)

Simon Riaux
03/05/2021 à 14:28

@Guile

"Y dit qui voit pas le rapport"

Guile
03/05/2021 à 14:26

(à l'auteur) Bravo, vous arrivez à parler d'adaptation de jeux vidéo, (qui plus est de jeux vidéo de combat) en citant JC Van Damme tout en omettant de parler de l'adaption cinématographique de Street Fighter pourtant sortie à la même époque (1994)... Bravo !! Du coup l'article est simpa, mais vous semblez parler de choses qui vous dépassent, ou plutôt d'une époque que vous fantasmez sans l'avoir connue, et ça se ressent... Un peu comme l'erreur de réa sur le second opus de Mortal Combat... Bonne contination ;)


02/05/2021 à 14:38

Ce film il faut le remettre dans le contexte de l'époque, ou les producteurs et le public n'était pas prêt à voir des adaptation de jeux vidéo et malgré ça Anderson nous livre un film sérieux avec des effets spéciaux qui non jamais était irréprochable même lors de sa sortie était bon, les décors aussi. Les combats était franchement bien pour l'époque et bien filmé. Après si on compare à maintenant ben oui l'engouement n'est pas le même, la technologie aussi

Arnaud (le vrai)
30/04/2021 à 18:08

Bon du coup avec vos conneries je viens de me le remater sur Netflix (j’avais jamais vu en anglais) et ... ben c’est de la merde hein, y a pas a tortiller du cul

Et ça a mal vieilli ... c’était déjà moche a l’époque mais la ...

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