Tous en scène : Critique chantée

Jacques-Henry Poucave | 25 janvier 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Jacques-Henry Poucave | 25 janvier 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Terrain d’invention et d’expérimentation à nul autre pareil depuis que les progrès démentiels de l’animation 3D ont mis à portée de main des animateurs un bac à sable illimité. Véritable lessiveuse à billet vert, l’animation est également souvent synonyme de montagnes de pognon et de rentabilité maximum, puisque pour tout marmot qui entre dans une salle obscure, il faut bien vendre un billet à papa, maman, voire toute la famille. Et ça, Tous en Scène l’a bien compris.

 

Dollar Academy

Inutile de feindre la découverte de l’eau chaude ou de se scandaliser qu’un film d’animation à gros budget ait l’intention d’amasser le plus de bénéfices possible. Le problème du film qui nous intéresse ici est son incapacité de masquer combien le récit et la narration passent au second plan dans sa conception.

 

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Ainsi, la galerie de personnages, plutôt que de nous présenter une brochette de caractères hauts en couleurs, semble mue par des exigences sorties d’une réunion de pubards désireux de renvoyer au public un miroir (à peine déformant) à la fois compatissant, complaisant et un peu putassier. Ado tourmenté, ménagère de moins de cinquante ans qui s’ennuie, etc etc… Les protagonistes sont écrits en fonction de ce que le métrage imagine de son public, plus qu’en fonction d’exigences dramatiques palpables.

Cette pauvreté se retrouve également dans ce qui devait être le cœur du projet, à savoir sa sélection musicale. Tous en Scène étant structuré comme une version scénarisée de la Nouvelle Star, il aligne les tubes et autres cash-machines musicales. Mais en dépit d’une track-list bancable, le film est incapable de proposer une sélection pop convaincante, une mise en perspective de ce que tout un chacun écoute tous les jours. En résulte le sentiment de naviguer au milieu d’une hallucination hébergée par le cerveau d’un programmeur de Virgin Radio en descente de laxatifs.

 

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Narcokids

Reste que budget et grosse machine oblige, Tous en Scène n’est pas pour autant torché avec les pieds. Son rythme tient très bien la cadence, et l’ensemble se suit sans déplaisir. À condition de le considérer comme un machin destiné à occuper des enfants deux heures durant tout en leur rappelant leurs chansons préférées, on peut considérer la chose comme plutôt efficace.

De même, le film n’a pas à rougir techniquement. Si sa direction artistique est insipide, elle n’en demeure pas moins maîtrisée et ne fait jamais souffrir l’œil, tandis que l’animation s’avère de très correcte facture.

Ainsi, Tous en Scène devrait tenir à distance les cinéphiles, qui ne pourront que s’agacer devant l’opportunisme mollasson de l’entreprise et devront de surcroit se priver de l’excellent casting vocal anglophone s’ils y traînent leur descendance. En revanche, les marmots en question devraient y trouver leur compte et les auteurs de leur jours, un (mauvais) moyen de les occuper.

 

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Résumé

Trop mécanique et désincarné pour charmer, Tous en Scène demeure un produit fonctionnel qui occupera sans mal les plus jeunes.

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commentaires
BenJ
26/01/2017 à 08:35

Je trouve la critique injuste.
Avez vous réellement vu le film?? On pourrait se demander lorsque je lis "se priver de l’excellent casting vocal anglophone": ce n'est pas vrai, les chansons sont restées en anglais avec les voix d'origines. Ce qui n'était pas le cas de Trolls et qui avait tout gâché.
Ensuite le scénario m'a rappellé l'ecole du rock avec Jack Black: un bon moment de détente avec de bonnes musiques. Et c'est bien cela que les gens viennent chercher.

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