Cigarettes et chocolat chaud : Little Critique Sunshine

Une mission que le métrage remplit avec une réelle efficacité, supporté par un quatuor de comédiens investis. Qu’il s’agisse du duo d’adultes (Gustave Kervern et Camille Cottin), chaleureux en losers candides, ou des deux gamines (Héloïse Dugas et Fanie Zanini)), parfaites en ados azimutées. Ces personnages, au-delà des ficelles scénaristiques souvent épaisses qui les lient, parviennent à nous toucher grâce aux élans de sincérité qui les meuvent.

Quant à cette chronique d’une famille disfonctionnelle aux yeux des institutions et nécessaire refuge pour ceux qui la constitue, elle fonctionne notamment grâce à son ancrage social. Attaché à traiter sans fard ni misérabilisme les travailleurs pauvres, des prolos, sans jamais chercher à confronter les constituants du corps social, le récit dégage ainsi une belle candeur, qui tient le plus souvent en respect les épanchements de guimauve qui guettent.

Malheureusement, la cinéaste Sophie Reine est monteuse avant d’être réalisatrice et cela se sent, d’autant plus que cette histoire contient une dimension autobiographique. Très modeste en termes de composition et de cadrage, le film peine parfois à nous caresser la rétine. De même on sent également l’artiste, manquant peut-être de recul sur ses personnages, avoir du mal à trouver la distance adéquate pour les sublimer sans être complaisante, pour les porter sans les idéaliser. Le résultat s’avère parfois trop sucré, mais par les temps qui courent, ce ne peut être envisagé qu’avec une certaine indulgence.