Twilight - chapitre 2 : Tentation : Critique

Jean-Noël Nicolau | 18 novembre 2009
Jean-Noël Nicolau | 18 novembre 2009

Que sont devenus les bons films pour ados ? Pas seulement les teen comedies et autres frivolités musicales, qui surgissent chaque année par légion. Non, les vrais films sérieux, pour les 12-18 ans, spécialement conçus pour eux, avec des thèmes, une esthétique, des acteurs, des ambiances qui leur sont clairement destinés. Avec le temps, la série des Harry Potter s'est quasiment érigée en monopole, mais tout en visant un public plus large. Jusqu'à l'arrivée du phénomène Twilight, inexplicable pour beaucoup, sauf si on comprend qu'il répond à une réelle demande, souvent laissée en suspens.

On reprend là où on s'était arrêté : Bella aime Edward qui ne veut pas lui faire de mal, au point de la quitter, pour de faux, sans doute. La demoiselle se retrouve fort dépourvue, et livrée à ses pulsions qui la rapprochent des loups-garous musclés (mais imberbes). C'est un ménage à trois qui se construit, alors qu'en filigrane se dessinent des enjeux bien plus importants, dont une guerre entre les races de monstres, ainsi qu'une bataille au sein même des vampires. Il en découle un mélange de menace (de violence) et de tension (sexuelle) qui rend l'œuvre captivante (on ne s'ennuie jamais même s'il ne se passe finalement que peu de choses) et attachante (le trio principal existe avec force).

 

 

L'une des principales qualités de Twilight demeure ses interprètes, avant tout et surtout l'excellente Kristen Stewart. Omniprésente dans le film, elle porte l'histoire sur ses (jolies) épaules et délivre une nouvelle performance remarquable. Les deux stars masculines sont plutôt filmées comme des bimbos façon éphèbes. On ne compte plus les ralentis sur le visage évanescent de Robert Pattinson ou les gros plans sur la musculature impressionnante de Taylor Lautner. Encore une fois, il faudra rappeler que le cœur de cible de Twilight est un public féminin, souvent délaissé par les blockbusters traditionnels. Il n'y a pas que Megan Fox à Hollywood, donc.

 

 

Fragile et inégal, le film navigue entre maladresse et éclats. Il sera facile de s'en moquer et ceux qui n'ont pas adhéré au premier chapitre peuvent largement passer leur chemin. Twilight 2 peut enchaîner de magnifiques idées de mise en scène (comme une scène de poursuite très aérienne portée par la voix de Thom Yorke, le chanteur de Radiohead) avec des plans embarrassants (en particulier une réplique finale, différente de celle du livre et involontairement comique). Mais de l'ensemble de l'œuvre se dégage une tendresse toute romantique, un peu désuète, joliment magique.

 

 

Ce sont cette retenue, cette pudeur qui forment l'un des plus grands atouts de Twilight et expliquent en partie sont succès. Dans des temps du « tout explicite » où la règle est de tout dire et tout montrer, on se retrouve surpris par la discrétion et les nuances de ces blockbusters pas comme les autres. Leur triomphe révèle le besoin du public pour des œuvres plus subtiles et plus pudiques. 

Résumé

Moins de bruit, plus de sentiments, dévoiler au lieu d'imposer et laisser la majeure partie aux rêves et aux fantasmes : la force du conte dans ses plus beaux atours.

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