Critique : Captivity

Ilan Ferry | 8 juillet 2007
Ilan Ferry | 8 juillet 2007

Nous sommes réunis aujourd'hui pour évoquer la mémoire cinématographique de Roland Joffé. Ancien réalisateur de talent auréolé d'une Palme d'Or pour Mission en 1986, sa carrière amorça un sérieux nivellement vers le bas en 1993 avant de sombrer dans les tréfonds de la médiocrité avec Captivity. Si son poste de producteur sur la très ringarde adaptation live de Super Mario Bros en 1992 annonçait déjà le début de la fin, rien ne pouvait vraiment laisser prévoir le choc laissé par son dernier méfait.

Peu décontenancé par l'échec artistique et public de son pseudo sulfureux Goodbye Lover, il persista à s'engouffrer dans l'opportunisme le plus ouvert. Association presque contre nature entre le réalisateur des Maîtres de l'Ombre et ce vieux briscard de Larry Cohen, Captivity confirma par l'image que même les valeurs les plus sures pouvaient être très fatiguées. Tentant de surfer sur la tendance du torture flick , récemment ressuscitée par les franchises d'Eli Roth (Hostel) et du duo James Wann/Leigh Whannell (Saw), les deux hommes ont tôt fait de casser leurs dentiers de vétérans de la pelloche.  

Une pincée de Sliver, une grosse louchée de Saw et un zeste de Seven pour son générique inquiétant, telle fût le dernier et indigeste cocktail préparé par notre très cher Roland Joffé. Nanti d'une tension sexuelle à faire passer Basic Instinct 2 pour du Oshima période Empire des Sens, Captivity se plante royalement à l'exercice du huis clos. Avec l'ardeur d'un ayatollah du mauvais goût, le réalisateur n'a ici reculé devant aucun obstacle pour faire subir au spectateur et à la belle Elisha Cuthbert les pires outrages (démastiquage de caniche au shotgun, dégustation de sang millésime 2006...) rendant ainsi l'expérience aussi singulière que repoussante.

Conscient de l'impossibilité de se reposer uniquement sur les épaules de l'ex Kim Bauer et du fadasse Daniel Gillies, au charisme proche de celui d'une huître sur son rocher, l'ancienne gloire cannoise essaya tant bien que mal de sauver les meubles avec une réalisation branchouille maladroitement traduite à grands coups de cadres et bandes sons pseudos expérimentales insupportables. En l'état, il ne resta donc plus qu'un nanar aussi rigolo que poussif proche de la série Z.  R.I P. Roland Joffé, puisse ton dernier film sur le groupe t.A.T.u nous montrer que la rédemption peut venir par les plus  chemins les plus sinueux et improbables qui soient.

 Ceci était un message du C.C.C (Comité contre les Chiens) associé au C .C.B (Comité contre les Blondes) et au C.C.G.H. (Comité contre les Gueules d'Huîtres)

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