Le Sixième sens : critique

Sébastien de Sainte Croix | 22 avril 2005 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Sébastien de Sainte Croix | 22 avril 2005 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Adapté de Thomas Harris, le film Le Sixième sens de Michael Mann met en scène Hannibal Lecter.

Film avatar des années 80 cette première adaptation du roman Dragon rouge de Thomas Harris marque la montée en puissance d'un cinéaste devenu depuis incontournable : Michael Mann. Au même titre que Police fédérale Los Angeles de William Friedkin, Le sixième sens (Manhunter) est un condensé de l'esthétique années 80, initié notamment par le même Mann dans la série Miami Vice (Deux flics à Miami) : lumière au néon, musique électronique, art déco, ralenti et longue focale,...Michael Mann synthétise toutes ces tendances esthétiques pour le meilleur (l'image) et pour le pire (la musique synthétique de Tangerine Dream) afin de nous livrer SA vision du Dragon rouge dans ce qui restera l'un des premiers films traitant de serial killers (en tant que phénomène de société).

 

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Les fans du roman ont pu s'estimer trahis par les multiples omissions effectuées par le cinéaste (le point de vue omniprésent du personnage de Dollarhyde et sa psychose) tant le film se concentre, lui, sur la quête du profiler Will Graham. Qu'importe puisque ce choix s'avère on ne peut plus judicieux serait-on tenté de dire aujourd'hui tant l'adaptation littérale du livre livrait plus d'une décennie plus tard s'avère catastrophique (le Dragon Rouge de Brett Rattner de sinistre mémoire). Si les partis pris de Mann peuvent se contester, Manhunter s'impose à son audience par la faculté qu'a le réalisateur de Heat d'assumer constamment sa vision. En résulte une oeuvre pas moins effrayante que le roman et qui parvient à distiller une atmosphère poisseuse et malsaine sans avoir recours au grand guignol d'usage. Voir pour s'en convaincre l'anthologique scène de « revisionnage » du premier meurtre.

 

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Quant au personnage du Dragon rouge, si sa psychologie n'est jamais dévoilée, il existe néammoins par la seule présence à l'écran de l'acteur (le robot camé de Robocop 2) et Mann parvient à lui insuffler une humanité peu commune dans une scène superbe où Dollarhyde fait caresser à sa compagne aveugle un tigre sous anesthésie. Cette seule séquence en dit plus long sur les contradictions du personnage qu'un long discours psychanalisant ou des flashs-back d'une enfance malheureuse dont Brett Rattner ne se privera pas dans sa relecture grossière. Quant au mythique personnage de Hannibal Lecter (interpreté par le alors peu connu Biran Cox), il n'occupe qu'une place secondaire (conformément au roman d'origine) et devait à l'origine être interprêté par William Friedkin premier réalisateur attaché au projet par le producteur Dino de Laurentiis et grand inspirateur du cinéma de Mann.

 

Affiche fr

 

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