Breathe : critique d'un Resident Evil cérébralement asphyxié sur Amazon

Ange Beuque | 15 avril 2024 - MAJ : 15/04/2024 18:51
Ange Beuque | 15 avril 2024 - MAJ : 15/04/2024 18:51

L'humanité suffoque depuis que l'oxygène a décidé de démissionner après des millénaires de bons et loyaux services : c'est le postulat pas plus bête qu'un autre de Breathe de Stefon Bristol, discrètement bazardé sur Amazon Prime Video. Sans faire injure à Jennifer Hudson et Sam Worthington, la principale curiosité tient évidemment à Milla Jovovich, dont les catastrophiques Hellboy et Monster Hunter n'ont pu faire oublier le séminal nanar en série Resident Evil. La présence de l'actrice et le cadre post-apocalyptique du pauvre pouvaient d'ailleurs laisser croire à un nouvel opus de la saga... d'autant que le film en reprend les plus honteuses tares.

Apocalypse Navrant

C'est vrai, nous ne partions pas totalement en confiance face à Breathe, qui s'avançait à notre encontre raidi par le thermomètre à nanar solidement fiché dans son fondement : l'inénarrable Milla Jovovich. Pour autant, nous n'étions pas prêts.

Une Terre confrontée à une pénurie d'oxygène n'était pas une mauvaise idée, imposant une menace existentielle massive tout en surfant sur la thématique en vogue du bunker (Silo, Fallout). Hélas, en matière d'ambition artistique, de mise en scène et de rigueur d'écriture, c'est bien du côté des Resident Evil de Paul W. S. Anderson qu'il faut chercher un étalon.

Le film introduit son postulat avec une nonchalance stupéfiante, puis n'en fait rien de plus qu'un prétexte pour réparer des générateurs. À ce stade, il faut reconnaître au scénariste Doug Simon un certain génie déviant : il en fallait pour réussir l'exploit de ne prévoir aucun moment de tension basé sur la suffocation. Les masques à oxygène sont si ridiculement permissifs qu'une batterie de voiture pose davantage problème.

 

Breathe : Milla JovovichResident Evil : (Creative) Asphyxiation

 

Et puisque personne ne s'est donné la peine de creuser les conséquences civilisationnelles d'une asphyxie mondiale, à l'exception d'un malheureux tag égaré au détour d'un plan, le film pourrait tout aussi bien se dérouler sur Saturne. C'est ballot : dans l'espace, son postulat perd toute originalité.

Faute d'un univers un tant soit peu réfléchi, le réalisateur Stefon Bristol (dont le CV n'affiche que l'obscur See you Yesterday) se contente de décors flous. Une tartinade de filtres rudimentaires (jaune, bleu, rouge, aucun tube de gouache n'est oublié) fait office de cache-misères, entre deux plans larges que Fallout mettrait techniquement à l'amende (le premier jeu, sorti il y a presque trente ans).

 

Breathe : Sam Worthington, Milla JovovichLequel de vous deux a dit : "Bristol ne risque pas de faire un carton ?"

 

Un bunker invasion indigent

Malgré toutes ces réserves, il y avait encore de la place pour un petit home invasion anxiogène, qui camouflerait par le huis clos les limites d'un budget plus ras qu'un champ de maïs privé de soleil depuis le Mésozoïque.

Hélas, celui-ci est aussi mal pensé que pauvrement exécuté. Toute l'ambiguïté des intentions des visiteurs est méticuleusement sabotée par des palabres interminables et une focalisation suicidaire sur leurs tentatives (pathétiques) de forcer l'entrée de l'abri.

Heureusement, on peut compter sur leur comportement invraisemblablement lunaire pour restaurer un peu d'imprévisibilité. Leurs revirements sont si arbitraires qu'on s'inquiète pour leur santé mentale, surtout lorsqu'ils se mettent à courir pour... économiser de l'oxygène.

 

Breathe : Milla JovovichEt si la Covid-19 avait été fomentée par Décathlon ?

 

Un acte manqué : avec un brin de folie en plus, Breathe pouvait basculer dans la farce pure. Difficile de ne pas croire à une sitcom de l'enfer lorsqu'un personnage ligoté s'égosille à travers une porte blindée : "il est mort, il peut pas ouvrir !"

Si on a envie d'épargner la jeune Quvenzhané Wallis (dont la carrière se perd après être devenue la plus jeune nommée aux Oscars de l'histoire pour Les Bêtes du sud sauvage), on ne comptera pas sur ses partenaires de surjeu pour rattraper l'affaire. Mention spéciale à Sam Worthington, en roue libre capillaire et artistique.

On aimerait en revanche savoir qui a dépressurisé la cabine de montage. On ne voit que des techniciens en apnée pour pondre des enchaînements si erratiques qu'ils rendent presque illisibles les actions les plus simples. Par bonheur, avec trois pelés et deux décors, il n'y en avait aucune de compliquée au planning.

Breathe est disponible sur Amazon Prime Video depuis le 4 avril.

 

Breathe : Affiche

Résumé

On remerciera chaleureusement Milla Jovovich de n'avoir, cette fois, insulté aucune licence préexistante : à la place, elle s'est contentée de souiller la notion même de cinéma.

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commentaires
Soporifique
17/04/2024 à 11:32

J'aime les films de science-fiction, zombies post-apocalyptique, mais là je suis dit j'ai perdu 1h30 de ma vie à regarder ce navet .

Ghob_
16/04/2024 à 18:37

Bon, ce machin-là, même sans voir la BA ou lire cette chro', je savais déjà que c'était caca mais en revanche j'ai vu y'a pas longtemps Monster Hunters (toujours avec Milla Jovovitch) et pour peu qu'on laisse notre cerveau au vestiaire et qu'on reste un minimum tolérant sur les défaillances techniques de ce cher bon vieux W.S. Anderson, ça peut laisser regarder, si on aime bien ce genre de films de genre ultra débilos, quelque part entre la série B bien typée et le nanar plus ou moins assumé.
Mais ce truc-là... nan, nan, ma tolérance au mauvais goût et à la nullité a ses limites lol :)

Angie JetCity_84994
16/04/2024 à 14:12

J'ai tenté le visionnage mais...
À éviter.. vraiment.

Cidjay
16/04/2024 à 09:23

Milla Jovovich et Sharknado, même combat.

Nicoco
16/04/2024 à 07:28

#Niconcon
Premièrement le post de cocolas n'est pas le mien et les 2 autres sont du au fait qu'il y a eu un bug et j'ai cru que mon 1er post n'avait pas été créé.
Deuxièment ton idiotie m'aura bien fait rire en ce début de journée.
Bisous bisous mon grand

Conconlas
15/04/2024 à 22:14

Et en voilà un dernier pour la route, car je me fais vraiment beaucoup chier dans ma vie

Niconcon
15/04/2024 à 22:13

Bonjour, je me fais chier dans ma vie donc je poste 3 fois le même commentaire en changeant pas grand chose

Cocolas
15/04/2024 à 22:05

Sam Worthington... lol
Le type aurait pu avoir une belle carrière mais enchaîne les films que quasiment personne ne voit. Ironie du sort les seuls qui cartonnent sont ceux où on ne le voit pas.

Nicoco
15/04/2024 à 19:06

Sam Worthington où l'incarnation physique de l'ironie : il joue dans beaucoup des films que personne ne voit et les seuls qui cartonnent sont ceux où on ne le voit pas physiquement.

Nicoco
15/04/2024 à 19:02

Sam Worthington....mdr
Le mec aurait pu avoir une belle carrière mais enchaîne les films quasiment personne ne voit. Ironie du sort les seuls films qui cartonnent sont ceux où on ne le voit pas.

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