Creation of the Gods : Kingdom of Storms - critique bénie des dieux

Mathieu Jaborska | 9 février 2024
Mathieu Jaborska | 9 février 2024

Après Godzilla Minus One (qui a depuis eu le droit à une exploitation plus conventionnelle), c'est à un autre blockbuster non américain de sortir sur une fenêtre de deux jours en France : Creation of the Gods I: Kingdom of Storms. Réalisé par Wuershan, le film d'action fantastique débarque chez nous à l'occasion du Nouvel An chinois, le 10 et 11 février 2024. Dommage qu'il ne soit pas à la hauteur de l'évènement, ou du moins de ses gargantuesques promesses.

Beau comme un dieu

C'est un véritable rouleau compresseur et le premier opus d'une franchise presque plus mégalo que ses cousines américaines. Creation of the Gods I: Kingdom of Storms inaugure une énorme trilogie développée cinq ans durant, qui aurait coûté selon le China Daily la modique somme de 3 milliards de yens, soit plus de 415 millions de dollars.

Et il aurait déjà amassé à lui seul 373 millions de dollars, quasi uniquement dans son pays d'origine. Bien qu'adapté d'un grand classique de la littérature locale au lourd bagage mythologique, il a toutefois su s'exporter, à une période où le public occidental se découvre un appétit pour le grand spectacle asiatique.

 

Creation of the Gods I: Kingdom of Storms : photoUne intro qui pète le feu

 

Fut un temps, il fallait sillonner les festivals pour profiter des superproductions chinoises. Une restriction absurde, certaines d'entre elles livrant une dose de divertissement surdopée aux effets spéciaux numériques qui n'a rien à envier à leurs homologues yankees. Et Kingdom of Storms le démontre d'emblée avec sa scène d'introduction, gigantesque bataille aux proportions assez impressionnantes, s'achevant avec une lichette de fantasy plutôt bien mise en scène et surtout incarnée avec un dévouement presque flippant par Narana Erdyneeva.

Très vite, le constat est sans appel : à condition de faire fi de la barrière culturelle, c'est bien dans cette industrie qu'on trouve encore des fresques médiévales fantastiques ambitieuses. Et le reste du récit est à l'avenant. Les protagonistes héroïques de la bataille, au service d'un Empereur tout puissant, sont empoisonnés plus ou moins directement par un mal surnaturel. S'ensuivent des embrouilles politiques au sein du clan victorieux qui vont complètement perturber les allégeances de la cour et plus particulièrement des jeunes gardes, fils des seigneurs aux alentours tenus traditionnellement en otage.

 

Creation of the Gods I: Kingdom of Storms : photoDe superbes amures

 

Tempête dans un verre d'eau

Les décors, costumes et effets divers sont d'excellente facture, y compris quand ils composent des environnements tout numériques pour le moins grandiloquents. Et tant mieux, car passé une heure de métrage, on se souvient qu'il ne s'agit que du premier volet d'une trilogie. La narration ressasse les mêmes motifs, entièrement articulée autour d'une confrontation annoncée très rapidement... mais qui est sans cesse repoussée.

Certes, l'objectif est d'appuyer le plus possible la thématique principale du film : les limites de la loyauté et ce moment fatidique où elle se heurte à la morale, jusqu'à un niveau surhumain, puisque même les Dieux sont de la partie et ils ont peinent eux aussi à l'arbitrer. Toutefois, difficile de ne pas y voir une volonté de jouer la montre jusqu'au climax, lequel débouche bien évidemment sur un énorme cliffhanger, rentabilisant les 2h passées à bâtir l'antagoniste. Assez intéressant de prime abord, le long-métrage semble tourner en boucle sur la même idée, quitte à introduire dans le cycle plusieurs personnages au fil du récit, personnages qui n'existeront que dans l'ombre de cette idée.

 

Creation of the Gods I: Kingdom of Storms : photo, Xuejian LiUn fusil de Tchekhov particulièrement subtil

 

Le récit perd donc progressivement de sa force de frappe, d'autant qu'il n'est pas aussi généreux que la promotion le prétend. Si le premier quart d'heure envoie effectivement du pâté, la longue poursuite du dernier acte souffre un peu des contraintes imposées par son dispositif. Entre deux, c'est la frustration qui l'emporte, car deux personnages aux pouvoirs extraordinaires provoquent les meilleures scènes d'action... avant d'être subitement rapatriés dans la boite à jouets divine.

En bref, on passe son temps à se dire que ça pourrait être mieux, et c'est probablement le cas, puisque la deuxième partie s'annonce bien plus débridée une fois débarrassée des complots de cour. En espérant qu'elle ait aussi le droit à une sortie en salles en France.

 

Creation of the Gods I: Kingdom of Storms : Affiche française

Résumé

Une superproduction plutôt spectaculaire, mais qui en garde beaucoup trop sous le coude pour ne pas tourner en rond.

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Lecteurs

(4.3)

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commentaires
Fox
12/02/2024 à 11:58

@The insider 38

Non, tout le monde s'en fout parce que c'est chinois.

Pseudo1
11/02/2024 à 21:41

Très bon film, dommage pour la disti inexistante.

The insider38
10/02/2024 à 04:07

Tout le monde s’en fou parceq que c’est ultra laid et très mauvais

Fox
09/02/2024 à 17:54

A tous ceux qui se plaignaient de la distri de Godzilla Minus One, avec celui-ci c'est encore bien pire.
Mais là, curieusement, tout le monde s'en fout...

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