La Nuit d'Orion : critique du réveil de DreamWorks sur Netflix

Déborah Lechner | 2 février 2024 - MAJ : 02/02/2024 19:00
Déborah Lechner | 2 février 2024 - MAJ : 02/02/2024 19:00

Après les séries tirées des films Dragons, Kung Fu Panda, Les Croods, Les Trolls ou encore Le Chat Potté, le studio DreamWorks continue d'alimenter le catalogue de Netflix, cette fois avec un premier long-métrage réalisé par Sean Charmatz et diffusé exclusivement sur la plateforme de streaming. Autre particularité (plus attrayante), La Nuit d'Orion est écrit par le scénariste Charlie Kaufman, oscarisé en 2005 pour Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Et aussi surprenant que ça puisse paraître, ce nouveau film d'animation entretient bien quelques points communs avec le film culte de Michel Gondry.

ATTENTION : LÉGERS SPOILERS !

Dream-hard-works

DreamWorks n'est pas au meilleur de sa forme. Malgré la bulle d'oxygène qu'a été Le Chat Potté 2 en 2022, le studio coule à pic depuis le naufrage cataclysmique de Ruby, l'ado Kraken et la sortie sous les radars des Trolls 3. L'annonce d'un Kung Fu Panda 4 sept ans après le troisième volet, suivie de celle d'un Shrek 5 plus de 13 ans après le désormais mal nommé Shrek 4 : Il était une fin, sonne fatalement comme un aveu d'échec et un repli d'urgence derrière d'anciennes franchises à succès, à défaut d'avoir su en porter de nouvelles. 

  • À regarder aussi : notre vidéo sur l'état de santé de DreamWorks
 

 

Quant à La Nuit d'Orion, il avait à première vue tout d'un nouveau long-métrage anecdotique sacrifié sur Netflix. Il faut dire que cette histoire autour d'un enfant hyper anxieux et anxiogène qui rencontre la gentille incarnation de sa plus grande peur semblait n'être qu'un décalque peu inspiré des productions Pixar, quelque part entre Monstres et Cie, Vice-Versa, Soul et Elémentaire. Mais ce dernier film de Peter Sohn, qui paraissait déjà peu original sur le papier, a rappelé qu'il ne faut pas se fier aux apparences ni aux pitchs de départ téléphonés. 

La Nuit d'Orion personnifie effectivement les éléments abstraits propres à la nuit (du sommeil à l'insomnie en passant par les "drôles de bruits") et s'attaque à une autre peur infantile universelle après celle des monstres planqués dans l'armoire. Le récit traverse bien les grandes étapes attendues, avec un dénouement a priori joué d'avance – Orion qui réussit à combattre ses peurs – et donc un programme un peu ennuyant annoncé d'emblée. Mais c'est après une réplique surprenante qu'on se rappelle que si Charlie Kaufman (Eternal Sunshine of the Spotless MindDans la peau de John Malkovich) est derrière le scénario, c'est qu'il y a des chances qu'on ait été berné, et que l'histoire soit finalement plus ambitieuse et imprévisible qu'escomptée. 

 

La Nuit d'Orion : photoAvoir peur n'est jamais une simple histoire

 

Eternal DARKNESS of the Spotless Mind

Comme dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind, la narration de La Nuit d'Orion s'avère sinueuse, et se déroule entre plusieurs réalités et temporalités, avec un récit qui semble s'écrire et se modifier par la volonté et le bon vouloir de ses personnages. Ce fameux programme annoncé n'était qu'un leurre, puisqu'on comprend au bout d'une vingtaine de minutes que l'histoire d'Orion est déjà terminée au moment où il commence à la raconter. En une phrase, on est donc amené à voir le récit sous un autre angle, beaucoup plus large et stimulant. 

Évidemment qu'au vu de son sujet, le film appelle dans un premier temps à se libérer de ses peurs (du moins les plus irrationnelles et paralysantes), mais l'autre message porté se veut plus complexe et tente d'entretenir cette complexité en passant par une conscientisation de la narration, qui est parfois trop explicite pour ne pas gagner en lourdeur ce qu'elle perd en subtilité. Malgré cette étiquette de petit malin méta un poil prétentieuse, le film a le mérite d'impliquer ses spectateurs, de nous balader en reversant à plusieurs occasions nos certitudes, et donc de nous tenir à l'affût. 

 

La Nuit d'Orion : photoÀ qui Orion peut-il bien s'adresser ? Qui est le véritable narrateur ?

 

Au final, il ne s'agit pas tant de raconter une histoire utile pour les enfants, mais de leur raconter l'utilité des histoires et de leur créativité. On comprend donc un peu plus les choix graphiques, avec ces personnages en 3D plus tangibles que les fonds plus plats, parfois crayonnés sur lesquels ils évoluent. Cette toile de fond n'est qu'un décor de théâtre, là où les personnages sont la réelle essence et le réel fil rouge de l'oeuvre. 

Il convient ainsi de saluer le joli travail de Mikros Animation (qui avait déjà travaillé sur Le Petit Prince de Mark Osborn, les films Astérix d'Alexandre Astier), et les characters designs qui, en tout cas pour l'autrice de ces lignes, rappellent par moments ceux de Cédric, non sans une certaine nostalgie. Et ça, ça vaut bien une demi-étoile en plus sur la note. 

La Nuit d'Orion est disponible sur Netflix à partir du 2 février 2024

 

La Nuit d'Orion : affiche

Résumé

La Nuit d'Orion n'est certes pas le chef-d'oeuvre de Charlie Kaufman, mais bien la preuve que le scénariste sait toujours déjouer les histoires les plus convenues, pour notre plus grand plaisir.

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Lecteurs

(3.5)

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commentaires
Fou Dubulbe
31/03/2024 à 23:32

Critique intéressante, j'ai personnellement été assez déçu par ce film à l'exposition beaucoup trop longue et verbeuse et à l'esthétique peu inspirée. Le final de petit malin sauve heureusement le film de la catastrophe.

spyro
07/02/2024 à 15:08

An dirait le film de le famille de Cathie Mitchel

Deckker
04/02/2024 à 20:23

Le caracter design est incompréhensiblement ringard, vu les possibilités offertes par le scénar...
La VF est ignoble, neurasthénique..
Vivement l’avènement de l'IA et des frigo connectés !

Bibi34
02/02/2024 à 23:00

Très belle surprise et beau film. J'ai été curieux de regarder les crédits. Dommage de se rendre alors compte qu'on est dans un format où l'argent vient des US. Le mandat remporté par Mikros et Technicolor pour ensuite sous traiter en Inde. La qualité de leur travail est la mais cela fait peur pour tous nos travailleurs qui ne travaillent plus depuis presque 2 ans pour certains par manque de travail disponible. Cela aurait pu faire du bien à beaucoup... Vraiment dommage... D'autant plus quand on voit qu'il y a eu des abattages fiscaux francais intégré au film pour une main d'œuvre ailleurs...

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