Night Swim : critique qui enchaine les longueurs

Mathieu Jaborska | 3 janvier 2024
Mathieu Jaborska | 3 janvier 2024

Ça devait arriver : les deux pontes de l'horreur grand public américaine, Jason Blum et James Wan, ont fini par s'allier en fusionnant leurs compagnies respectives, Blumhouse et Atomic Monster. Une association de malfaiteurs qui avait déjà rapporté gros avec M3GAN et qui pourrait bien encore faire ses preuves au box-office avec Night Swim, une histoire de... piscine hantée qui fait plouf, où surnagent Wyatt Russell et Kerry Condon.

J'peux pas, j'ai piscine

Pas étonnant que cette seconde collaboration entre les deux firmes sorte dans nos salles le jour même de l'annonce de leur fusion : Night Swim est un mélange flagrant de leurs marottes respectives, à savoir les familles américaines persécutées par une entité surnaturelle dans le cas de Atomic Monster, et le high concept dans le cas de Blumhouse. La famille, c'est celle de Wyatt Russell (actuellement à l'affiche de la série Monarch), ancienne star de base-ball en rémission, et Kerry Condon. Le high concept, c'est la piscine installée dans le jardin de leur nouvelle maison, ayant tendance à malmener quiconque y pique une tête.

 

Night Swim : photoSe méfier de l'eau qui dort

 

Malheureusement, c'est surtout le pire des deux mondes. Comme les pires productions Wan, c'est une succession d'archétypes génériques, des motivations de "l'antagoniste" aqueux à ses techniques de prédation, en passant par les obligatoires phases de recherches internet et de dialogue avec le précédent habitant. Comme les pires productions Blumhouse, il s'agit d'un postulat de court-métrage étiré sur plus d'une heure et demie. Et d'ailleurs c'est le cas, puisque Bryce McGuire adapte ici son propre court, d'une durée de moins de 4 minutes générique compris et déjà franchement oubliable.

Il y décline son idée originale dans une demi-dizaine de scènes et tartine le reste de clichés éculés (le destin du personnage de Wyatt, sorti du pire des sous-Conjuring) histoire de remplir les trous, tant et si bien qu'on passe la majeure partie du film à prier que la jolie petite famille gentiment dysfonctionnelle retourne barboter avec les fantômes numériques.

 

Night Swim : Photo Kerry CondonRôle : femme attentionnée / maman inquiète

 

Pool partie

En d'autres termes, Night Swim est un film de maison hantée des plus anonymes avec une piscine à la place de la maison. Et ce n'est pas un twist new-age similaire à quasi tout ce qui se fait dans le genre depuis 10 ans (le catho-porn en moins), grillé dès le premier acte, qui va entretenir l'illusion.

Ainsi, le long-métrage parviendrait même presque à être plus mécanique que ses nombreux modèles, restreignant la plupart du temps ses scènes d'angoisse aux plongées dans la fameuse piscine. Quitte à subir les atermoiements du patriarche insupportable campé par Russell, et puisqu'il s'agit de la seule touche de singularité de la chose, autant s'y raccrocher. Certes, McGuire a bien quelques idées lorsqu'il s'agit d'exploiter son bassin, telle la réflexion des fantômes sous l'eau, les plans panoramiques au ras de la surface ou la disparition du fond inspirée par la géniale séquence des Griffes de la Nuit. Mais jamais elles ne dépassent le stade du gimmick, quand elles ne sont pas carrément contredites plus tard dans le scénario.

 

Night Swim : photoVraiment criminel de le sortir en hiver

 

La promesse d'un gros shoot de trouille sous-marin est diluée dans un cahier des charges qui aurait vraiment besoin d'une réécriture. Bien qu'ils joignent leurs forces et leurs catalogues, Atomic Monster et Blumhouse persistent dans la production originale plutôt que de se cantonner à la surexploitation de franchise. L'intention est louable, mais ce Night Swim paresseux et surtout pas du tout inspiré donne déjà envie de chlore le dossier.

 

Night Swim : Affiche française

Résumé

Ce n'est pas en remplaçant les maisons et les portes qui claquent par des piscines ou des tondeuses à gazon maudites que Blumhouse et Atomic Monsters se débarrasseront des poncifs qu'ils ont eux-mêmes fini par systématiser.

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Lecteurs

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commentaires
Trashyboy2
04/01/2024 à 08:47

Au moins ils essayent de proposer du contenu "original", plutôt qu'une énième extension de franchise, c'est un bon début. Ne leur reste plus qu'à trouver des concepts exploitables sur 1h30, J'hallucine toujours de voir des courts-métrages (qui ne tiennent déjà pas vraiment la route) devenir des longs métrages, et leurs pseudos réalisateurs propulsés sur le devant de la scène jusqu'à se voir confier de gros budgets.

Cidjay
04/01/2024 à 08:25

Blumhouse et atomic monster, 20 ans de retard sur leur propre calendrier de ce qui est sensé faire peur. Il est grand temps de reinventer les codes. Tous les films d'horreur mainstream que j'ai pu voir ces dernières années etaient des navets (la main, megan, les conjuring et autres insidious...)
Bon sang, c'est fou, j'ai l'impression que la dernière fois que que j'ai vu un film qui fasait vraiment peur, c'était en 2004 avec "the Grudge" de Takashi Shimizu ( pas l'infâme remake degueulasse récent)

Boddicker
03/01/2024 à 22:11

De quel pétard on parle ici? mouillé...
Parce qu'il y a plusieurs significations qui n'ont pas le même... intérêt.

alulu
03/01/2024 à 19:47

En gros, Night Swin fait moins peur qu'une crotte au fond du bassin.

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