Inside : critique d'une presque bonne surprise d'horreur
Inside (It Lives Inside) raconte la plus vieille histoire du monde de l'horreur : un monstre qui poursuit les malheureuses âmes qui ont osé s'y frotter, principalement la pauvre héroïne campée par Megan Suri. Quelque part entre Freddy Krueger et It Follows, le premier long-métrage de Bishal Dutta pourrait donc n'être qu'un énième film du genre si sa créature ne sortait pas de la culture indienne. Une petite idée qui change presque tout.
le passé hantérieur
La bonne idée du remake hollywoodien de The Grudge était de ne pas transporter son monstre aux États-Unis, mais d'isoler des personnages américains au Japon. D'un coup, ils n'étaient plus traqués par un simple fantôme, et la créature gagnait une passionnante symbolique culturelle. Inside fonctionne sur le même principe : la chose qui poursuit l'héroïne représente son héritage indien, qui revient la hanter alors qu'elle fait tout pour le chasser.
Prénom raccourci et look à l'américaine, Sam se bat dès le début du film contre ce qu'elle est et devrait être, notamment aux yeux de sa mère. D'un côté, elle essaie de trouver sa place dans le petit cirque de son lycée, tout droit sorti d'un teen movie cliché. De l'autre, elle fuit son amie d'enfance, qui contrairement à elle n'a pas sauté le pas de l'assimilation totale chez l'oncle Sam. Et ce n'est pas un hasard si c'est en la rejetant violemment sous le regard de ses camarades que l'héroïne libère le démon : dans sa quête pour exister aux yeux des autres, Sam a négligé une part d'elle-même, et elle va évidemment le payer très cher.
Au lieu du génie qui sort de la lampe, c'est le démon qui sort du bocal, trimballant avec lui toute une charge symbolique. Comme le naturel qui revient au galop, ce monstre vient de l'intérieur, mais pour bouffer chair et âme. C'est la meilleure idée d'Inside, écrit et réalisé par Bishal Dutta, qui est lui-même arrivé aux États-Unis avec sa famille lorsqu'il avait quatre ans. Mais malheureusement, ça ne suffit pas.
brouillon de CULTURES
Dans un premier temps, Inside exploite plutôt bien cette idée. Grâce à quelques scènes lourdes de sens (la toute première apparition de Sam, dans la salle de bain) et le cadre du lycée qui fait évidemment office de société miniature, la quête d'identité de Sam ancre le récit dans une réalité bien plus riche que le film d'horreur moyen.
Coincé entre les adultes qui sont trop loin (les conflits silencieux avec la mère, la discussion avortée avec la professeure) et les camarades qui sont trop extérieurs (la nouvelle amie en carton, l'ancienne laissée derrière), le personnage de Sam apparaît d'emblée comme tendu et fragile. Soit le meilleur point de départ pour un monstre qui a un objectif : isoler pour mieux régner.
Le problème d'Inside, c'est qu'il finit par simplement remplacer tous les codes du catho-porn par le folklore indien, sans pour autant réinventer ou repenser les règles. On n'est pas au royaume des grenouilles de bénitier, mais c'est tout comme puisqu'il faudra comprendre la bête à coups de vieilles légendes et croyances, puis plasmodier des prières pour l'affronter. Tout y est, du vieux carnet avec des dessins blindés d'indices à la réunion finale digne du pouvoir des trois de Charmed.
course contre le MONSTRE
En tombant dans les panneaux de l'horreur très classique (des visions pour rythmer l'avancée du cauchemar), le scénario d'Inside tire tout le film vers le bas. La mise en scène en est la première victime et la tension des premières (non) apparitions, qui jouent plutôt bien avec l'absence et le silence afin de susciter la peur face au vide, laisse place à des scènes convenues.
À l'image d'une séquence contorsionniste parfaitement oubliable qui pourrait sortir d'un mauvais remake de Ring, le film accumule peu à peu les effets grossiers – mention spéciale à ces transitions avec fond noir + cri qui résonne durant plusieurs secondes, dignes de la fin d'Insidious 1 et 2. Et à force de tirer sur la corde de l'attente pour repousser la confrontation, Inside finit par tourner en rond, malgré une durée d'environ 1h30.
C'est d'autant plus triste que la créature est bien pensée, du moins en théorie. À mesure que les personnages (et donc, le public) commencent à y croire, elle s'incarne. Le courant d'air diabolique devient des yeux dans le noir qui, eux-mêmes, se transforment en silhouette vaporeuse tapie dans l'obscurité. Et finalement, c'est un monstre à part entière qui apparaît à l'écran pour défendre son territoire. Bishal Dutta n'a pas peur de filmer cette bête particulièrement fascinante et flippante, qui invoque un imaginaire quasi sous-marin, et bénéficie de quelques effets solides.
Problème : la réalité de ce démon est bancale, avec des règles et des limites qui semblent bouger d'une séquence à l'autre pour arranger les frissons et l'action. De quoi définitivement frustrer quand Inside doit mettre en scène l'ultime et maladroite confrontation, laquelle laisse place à un épilogue là encore trop classique. C'est la dernière touche un peu trop douce d'un film qui partait pourtant bien.
Lecteurs
(2.3)06/09/2023 à 13:01
@Vous défendez e film
Si je lis bien votre message : vous n'avez clairement pas lu la critique.
J'y explique en quoi le film a de sérieux problèmes de rythme, de dramaturgie, de mise en scène de l'horreur/l'angoisse avec des effets grossiers, et d'utilisation de son monstre. J'explique littéralement que le problème d'Inside, c'est qu'il ne fait rien d'intéressant de son folklore fantastique lié à la culture indienne. Et ce que je défends un peu, c'est l'idée de départ (parler de l'isolement d'un personnage dans une autre culture, avec un monstre qui isole ses victimes, et "contamine" les gens), et quelques scènes bien réalisées qui jouent sur l'absence/l'invisible.
Ça vous dirait de parler de ce qu'on écrit et pas de ce que vous fantasmez pour un procès d'intention absurde ?
06/09/2023 à 12:57
Si on lit bien vos critiques vous défendez le film uniquement sur un concept idéologique car ça traite du communautarisme et de la religion mais ça vous dirait de surtout le traiter d'un strict point de vue cinématographique ?
05/09/2023 à 13:37
Les 2 trucs qui ressortent de l'affiche : Get out ... inside...
Ce mindF*ck !
Bon, en tout cas ils ne se sont pas foulés sur le titre.