Freddy : on a classé la saga, du pire au meilleur

La Rédaction | 30 avril 2022
La Rédaction | 30 avril 2022

Après des années à éventrer des adolescents, Freddy Krueger méritait bien un petit article. Notre classement des neuf films Les Griffes de la nuitdu pire au meilleur.

Un pull rouge et noir plein de trous, un chapeau de gangster, un sourire carnassier, une peau brulée au 35e degré et de longues griffes... Aux côtés de son collègue Jason Voorhees (qu'il humilie dans le crossover), Freddy Krueger est l'un des boogeymen les plus instantanément reconnaissables de l'âge d'or du slasher. Et contrairement à ses homologues parfois feignants, il ne se contente pas de trucider de l'ado libidineux à la chaine. En sévissant dans les plus sombres de nos cauchemars, il convoie un imaginaire luxuriant, aux frontières du surréalisme et du subconscient.

Un univers tout droit sorti de l'esprit d'un Wes Craven à son meilleur et qui a permis à la saga de s'élever au-dessus des franchises les plus mercantiles du genre, s'enfonçant progressivement dans la médiocrité. Certes, elle a connu des hauts et des bas, mais elle n'a cessé d'affirmer sa singularité, et ce au long des 9 films qui la composent. Ecran Large ingère sa dose de caféine et part en vadrouilles à Elm Street, le temps de revenir sur chacun des épisodes, par ordre de préférence, du pire au meilleur.

 

Les Griffes de la nuit : Photo Robert Englund, Heather LangenkampÇa va griffer, chérie

 

9. Freddy, les griffes de la nuit (le remake)

Sortie : 2010 - Durée : 1h35

 

Freddy, les griffes de la nuit : photo"C'est le plombieeeeeeer..."

 

Il se passe quoi dans ce remake ? Une bande de lycéens découvre que leurs rêves sont hantés par le spectre d'un violeur d'enfants, capables de les assassiner durant leur songe. Ce vilain pas beau cherche manifestement à se venger de leurs parents, qui l'assassinèrent des années plus tôt.

Ces joyeux drilles louperont pour l'essentiel leur épreuve de survie du baccalauréat, seule notre héroïne et le geekos de service parviendront à s'en sortir, et croiront même avoir triomphé du monstre. Jusqu'à ce qu'il surgisse d'un miroir pour offrir à la mère de la protagoniste un fond de l'oeil à sa façon, pour mieux l'attirer en enfer à ses côtés.

Pourquoi c'est un cauchemar ? La première décennie du XXIe siècle fut riche de remakes pauvrets de films d'horreur cultes. Logiquement, le CV de Wes Craven compta parmi les plus abondamment pillés, ses longs-métrages ayant façonné le genre outre-Atlantique depuis les années 70, le cinéaste lui-même ne renâclant pas  l'idée d'engranger moult billets verts à l'occasion du grand lessivage hollywoodien (il fut lui-même chef producteur de La Colline a des Yeux d'Alexandre Aja). Mais cette revisite de Freddy ne fut pas l'occasion d'une franche réussite.

Disons-le franchement, à peu près rien ne va dans ce récit souffreteux. Et ce, pour une raison essentielle : Freddy, les griffes de la nuit passe à côté de ce qui fit le sel, et l'horreur, de la saga mère : l'obscénité de son croque-mitaine. Bien sûr, on perçoit parfois ce bon vieux Krueger comme un antagoniste rigolard, gaguesque, mais sa vulgarité égrillarde, ses provocations crasseuses vont plus loin, et en font un adversaire d'autant plus redoutable qu'il semble tourner en dérision l'abomination de chaque situation, et renvoyer les tragédies individuelles de ses victimes à un petit théâtre de l'absurde.

 

Freddy, les griffes de la nuit : photoL'acné, un combat de chaque jour

 

Or, le remake n'aborde jamais cette dimension de la saga, et s'avère par conséquent incapable d'en comprendre les mécaniques d'effroi. Certes, photographie, compositions des plans et autres coquetteries sont parfois très soignées, notamment lors des séquences de rêves. Mais transformer l'inconscient des protagonistes en mauvais clip de rock progressif n'est pas exactement un vertige d'angoisse, tandis que la répétitivité de la direction artistique condamne l'ensemble à un esprit de sérieux en contradiction avec l'esprit du récit.

Pourquoi on peut ouvrir un oeil devant ? Parce qu'il n'est jamais déplaisant de revisiter les débuts de comédiens promis à de brillantes carrières, comme Rooney Mara. Plus sérieusement, à la différence de l'original, Freddy n'est plus "juste" un tueur d'enfants, mais bien un prédateur sexuel, ce qui eût été une piste intéressante, pour peu qu'elle ait été plus travaillée au sein de l'intrigue. Notons toutefois que si le nouveau look du grand méchant s'avère bien trop sobre pour convaincre ou effrayer, son interprète, lui, abat un boulot formidable. 

Ce n'est pas une surprise, puisqu'il s'agit de Jackie Earle Haley, dont le charisme inquiétant suinte lors d'une des rares séquences réussies, à savoir le meurtre de Krueger, transformé en barbecue par une association de parents d'élèves portée sur les travaux pratiques.

8. La fin de Freddy (freddy 6)

Sortie : 1991 - Durée : 1h45

 

La fin de Freddy - L'ultime cauchemar : photoGrosses promos sur les craies à Elm Street

 

Il se passe quoi dans Freddy 6 ? Un adolescent parvient à échapper au croque-mitaine en quittant Springswood. Malheureusement, il perd également la mémoire. La psychologue Maggie essaie de le traiter... en le ramenant à Springswood, ville traumatisée par le carnage de Krueger. Renommé John Doe, il apprend que le tueur a eu un enfant et en déduit que c'est lui. Mais en fait non, parce qu'il se fait tuer.

Freddy parvient à s'évader de la ville via l'esprit de Maggie. Elle apprend que c'est en fait elle sa fille, ainsi que les circonstances de la malédiction de son paternel. Elle finit donc par le vaincre malgré la laideur des effets numériques des années 1990, avant de lâcher : "Freddy est mort". En effet.

 

La fin de Freddy - L'ultime cauchemar : photo, Robert Englund, Lisa ZaneQuand ta petite soeur te fait une clé de bras

 

Pourquoi c'est le pire opus de la saga originale ? On dit souvent que les suites de slashers décroissent en qualité. Si Freddy échappe à la règle dans l'absolu (voir Freddy sort de la nuit, bien plus bas), la saga commençait déjà à flancher au début des années 1990, aussi bien sur le plan artistique que sur le plan économique, et il était temps qu'elle s'arrête, ou tout du moins qu'elle change sa formule. Bonne nouvelle : La fin de Freddy - L'ultime cauchemar a pour ambition de tuer le boogeyman. Mauvaise nouvelle : en lieu et place d'un baroud d'honneur explosif, elle va lui offrir une ultime humiliation.

Un échec qui devient cuisant lorsqu'on réalise son potentiel initial. À l'origine, Peter Jackson avait été dépêché de la Nouvelle-Zélande sur laquelle il était en train de déverser toutes sortes de fluides pour soumettre un scénario, profitant de la précarité financière de la production. The Dream Lover, titre de sa version, aurait selon Mad Movies déjà commenté le déclin du cinéma d'horreur à la fin des années 1980. 

 

La fin de Freddy - L'ultime cauchemar : photo, Robert Englund360 No scope

 

Rachel Talalay (comptable sur le premier film, se rappelle Englund, puis de plus en plus impliquée au fur et à mesure des épisodes) et Michael De Luca, appelé à la rescousse, ont cependant proposé un projet plus vendeur encore : la fin de Freddy. Jackson fut remercié (avant de se faire rappeler par cette même New Line pour pitcher une version de Freddy vs. Jason, puis pour adapter Le Seigneur des Anneaux) et Talalay embauchée. Rétrospectivement, l'anecdote est frustrante.

De loin le moins gore - la faute aux coupes cruelles infligées à Freddy 5 - et le moins inventif des films de la franchise en dehors des épisodes post-années 2000, La Fin de Freddy cristallise en fait l'intégralité de ses problèmes après la trilogie originale. Lalalay clame s'être alors inspirée de Twin Peaks pour créer "des personnages à la Lynch". Clairement encombrée par l'utilisation de 3D native, elle les perd dans des séquences de rêve qui se voudraient généreuses, mais qui se révèlent surtout interminables, à l'image de l'introduction, qui enchâsse les visions fantasmatiques (dont une apparition de Freddy en sorcière) pour ne rien en faire.

 

La fin de Freddy - L'ultime cauchemar : photoFreddy Krueger à l'école des sorciers

 

Les suites précédentes transformaient la peur viscérale et glauque des débuts en bouffonnerie, cet opus rassemble le pire des deux approches. Tantôt il tente de développer une intrigue quasi psychanalytique qui renoue carrément avec le thème de la pédophilie ou joue avec nos phobies (le coton tige), tantôt il lorgne sur le cartoon pur et dur, avec bruitages à la clé. Un échec qui culmine avec l'une des pires scènes de la saga et même du slasher en règle générale : celle du jeu vidéo, pitoyable gimmick qui a vieilli plus vite que le "power glove" dont le pauvre Freddy est affublé. Une triste fin qui se termine elle-même avec un triste climax, à des années-lumière de la conclusion grandiose qu'il méritait.

Pourquoi il reste regardable ? Déjà, on y découvre, à condition de scruter les arrière-plans, que Freddy a assassiné Elvis. Et ça, c'est un sacré scoop. On en apprend encore un peu plus sur le personnage et c'est l'occasion de voir encore Englund sans son maquillage. Johnny Depp y fait un caméo rigolo. Enfin, certaines séquences valent tout de même le détour, comme le meurtre de Carlos, tué par le son des griffes de la nuit sur un tableau noir.

7. Freddy VS Jason 

Sortie : 2003 - Durée : 1h37

 

Freddy contre Jason : Photo JasonLe Livre d'Eli 2

 

Il se passe quoi dans Freddy vs Jason ? Ce pauvre Krueger est coincé en enfer. Les parents de ses victimes ont trouvé le moyen de tout à fait réprimer son souvenir du cerveau de leurs enfants, ce qui l'empêche d'entrer en contact avec notre réalité. Il décide donc de se servir d'un autre locataire des enfers, Jason, aiguiseur de machettes de son état.

À sa demande, le bourrin suprême entame une nouvelle série de massacres qui seront attribués à Freddy, l'autorisant à revenir dans les mémoires,  et donc les cauchemars. Sauf qu'en vilain petit manipulateur, il finit par agacer Jason, qui décide de l'affronter. Mais comment le maître des illusions et un golgoth a priori sans peur peuvent-ils bien se départager ? En se battant comme des catcheurs mexicains, jusqu'à se démembrer presque intégralement, puis sombrer dans les profondeurs de Crystal Lake.

Pourquoi ça titube de la machette ? Si ce type de rencontre improbable peut aiguiser la curiosité d'une partie des fans, elle présente plusieurs inconvénients ou risques majeurs, que le film ne parvient jamais à esquiver. Premièrement, multiplier les croque-mitaines, a fortiori quand leurs mythologies sont très différentes, contraint à prendre du temps pour les connecter l'un à l'autre et créer un terrain fictionnel où ils peuvent évoluer de concert. Difficile de tenir la suspension d'incrédulité dans de telles conditions.

 

Freddy contre Jason : photo Freddy contre JasonLe bon vieux temps des concerts de Kyo

 

Ce problème en entraîne un autre : le temps passé à créer un semblant de justification au concept de départ est perdu pour les personnages. Les victimes de slasher n'ont jamais été de glorieux prototypes d'écriture ? Non seulement cette affirmation est loin de valoir pour tous les films du genre, mais quand bien même les victimes sont stéréotypées, il faut néanmoins qu'elles génèrent un minimum d'empathie (ou d'antipathie) pour que le spectateur ressente quelque chose quand vient l'heure de les vider comme des truites.

Dès lors, plutôt qu'à une grande kermesse de la viande ou un délire méta assumé comme tel, on a le droit à une regrettable désacralisation de deux icônes. Icônes qui ont certes toujours charrié leur lot d'outrance, voire d'auto-parodie, mais au sein d'oeuvres qui les prenaient au sérieux. Ici, elles démastiquent d'insupportables acteurs ratés à la manière d'un Tex Avery sous Lexomil, avant de faire du catch sur du hard rock. On peut s'en contenter. Ou pas.

 

Freddy contre Jason : Photo clin d'oeilQuand le scénariste a un petit coup dans le nez

 

Pourquoi on peut s'en payer une tranche ? Si vous êtes en descente de mauvais vin, que votre tête semble sur le point d'exploser, le visionnage pourra vous faire relativiser vos souffrances. Plus sérieusement, si on peut apprécier le film, c'est en grande partie grâce au sémillant Robert Englund, qui aura rarement eu les clés du personnage à ce point, et paraît prendre beaucoup de plaisir à l'incarner. Bien souvent, c'est lui qui parvient à donner à une séquence sa cohérence, ou à rattraper par un rictus goguenard une écriture grotesque.

De même, on pourra se rassasier un chouia du premier tiers du film, celui dans lequel le film est à la fois le plus tenu et le plus décomplexé. Les meurtres de Jason frisent la parodie mais demeurent formidablement généreux, quand les illusions provoquées par Freddy et sa représentation de l'enfer offrent également des trouvailles bienvenues, jusqu'à l'apparition Carrollesque d'une chenille fumeuse de joints. Pas de quoi casser trois pattes à un canard, mais bien assez pour le plumer décemment.

6. L'enfant du cauchemar (freddy 5)

Sortie : 1989 - Durée : 1h29

 

Freddy 5 : l'enfant du cauchemar : photoBlue Holocaust

 

Il se passe quoi dans Freddy 5 ? Alice et Dan, ex-Dream Warriors, refont leur vie ensemble. Alors qu'ils fêtent la fin de leurs études, Alice fait un cauchemar, où elle donne naissance à un bébé Freddy qui nous ferait presque défendre l'avortement postnatal. Elle a en fait revécu le calvaire de la mère du croque-mitaine, lequel est donc de retour.

Après la mort de Dan, elle apprend qu'elle est enceinte. Elle plonge donc dans le passé de la pauvre Amanda Krueger, parvient à la libérer et à vaincre son rejeton à l'aide de son propre fils à naitre (vous suivez ? Nous non). Le tout dans un rêve bien sûr.

 

Freddy 5 : l'enfant du cauchemar : photoLaisse-faire les pros

 

Pourquoi c'est le début de la fin ? L'arc des Dream Warriors entamé avec Les Griffes du Cauchemar arrive en bout de course, et nous aussi. Produit dans des conditions délirantes à cause des angoisses du studio, persuadé qu'une potentielle grève des scénaristes risque de perturber le rythme métronomique de sortie des films, et réalisé en moins de 6 mois par un jeune technicien très doué, pas encore responsable de Predator 2l'enfant du cauchemar ne nait pas sous les meilleurs auspices.

Résultat : il fait l'un des moins bons scores de la saga au box-office, concluant de fait la trilogie. Il était temps qu'elle se termine : les opus 3 et 4 ont déjà amenuisé sérieusement la menace inspirée par Freddy, régulièrement ridiculisé dans le film de Renny Harlin. Ici, il se transforme définitivement en comique de service, assaisonnant ses répliques de "Bitch" à tout va (tic parodié plus tard dans un excellent épisode de Rick et Morty). Les meurtres eux-mêmes ont beau être parfois très bien mis en scène (le dîner), ils relèvent parfois plus de la boutade que du morceau de bravoure horrifique.

 

Freddy 5 : l'enfant du cauchemar : photoQuelques beaux plans tout de même

 

Les fausses bonnes idées s'enchainent, en tête desquelles la scène de la bande dessinée. Dans le sillage des cinéastes inspirés par le comic-book, comme Sam Raimi, Stephen Hopkins, lui-même story-boarder, aspire l'un de ses héros dans sa propre BD. L'occasion d'insérer un passage en dessin animé et de jouer sur les couleurs. Mais ni les décors censés émuler le découpage du format ni la réalisation ne sont à la hauteur. Des concepts amusants, mais bancals de la sorte, le film en est saturé.

Une impression évidemment renforcée par l'intrigue générale, victime de la préproduction éclair du long-métrage. Alors que les ados trépassent les uns après les autres, elle s'épaissit de plus en plus afin de coller à la fois à la thématique de la maternité et aux origines de Freddy développées depuis deux films. En résulte la grosse confusion finale, qui alourdit maladroitement la mythologie du boogeyman avec, en guise de justification, la délocalisation du dernier acte dans un rêve et les pouvoirs de la pauvre Alice. L'univers fantasmagorique a cessé d'être un terrain d'expérimentation, c'est devenu un prétexte.

 

Freddy 5 : l'enfant du cauchemar : photoTsuka(moto)

 

Pourquoi ça reste sympa ? Moins abouti que ses deux prédécesseurs, Freddy 5 n'en demeure pas moins rempli d'audaces esthétiques et d'effets spéciaux mémorables, tel que l'enfant du titre, animatronique craspec créée par David Miller. Les meurtres, quant à eux, plongent dans le grotesque avec une approche moins terre-à-terre que celle du Cauchemar de Freddy, quitte à lorgner bien plus franchement sur la body-horror pure.

La scène du repas, pastiche de la peinture de Norman Rockwell et remake express de La Grande bouffe, comporte une crise de boulimie bien cradingue. Au cours du climax, Freddy s'extirpe d'Alice au gré d'un effet très efficace. Mais la palme revient à la mort de Dan, qu'on aurait juré inspirée de l'oeuvre de Shin'ya Tsukamoto si son film le plus célèbre, Tetsuo, n'était pas sorti la même année. Le pauvre hère fusionne avec sa bécane dans un déluge de gros plans que n'aurait pas renié le Cronenberg de La Mouche.

À ce stade, à défaut d'effrayer ou de s'approprier une mythologie de plus en plus bordélique, les Freddy continuent de fournir quelques purs fantasmes horrifiques, malheureusement bridés par une censure qui a ici empêché les meilleures scènes du film de s'imposer comme les plus gores de la franchise. Heureusement, on en peut savourer les quelques plans coupés sur YouTube.

5. Le cauchemar de Freddy (freddy 4)

Sortie 1988 - Durée : 1h39

 

Le Cauchemar de Freddy : photoTon coeur de fan arrivé au 4e épisode

 

Il se passe quoi dans Freddy 4 ? Un an après Freddy 3, et la mort de Nancy, ses amis Kristen, Roland et Joey ont été libérés de l'hôpital psychiatrique, et pensent que Freddy est derrière eux. Sauf que non, puisqu'il veut finir le massacre. Il les tue, mais leur nouvelle amie Alice va s'interposer.

Grâce à un don bien pratique qui lui permet de gagner les compétences de tous ses copains tués, elle devient une warrior. Elle libère toutes les âmes piégées par Freddy, qui explose après avoir vu son reflet monstrueux.

 

Le Cauchemar de Freddy : photo, Tuesday KnightCuisson rapide

 

Pourquoi c'est un Freddy qui commence à dérailler ? À ce stade, la saga était officiellement une simple machine à fric. Le Cauchemar de Freddy était avant tout une obligation pour les producteurs Sara Risher et Robert Shaye. Patricia Arquette ne souhaite pas reprendre son rôle de Kristen après Les Griffes du cauchemar ? Elle sera remplacée par une autre actrice. Wes Craven aurait pu revenir, avec une idée de voyage dans le temps dans les rêves ? Mieux vaut continuer à partir des restes du troisième film. Il n'y a pas encore de réalisateur ? Le tournage commencera sans.

C'est Tom McLoughlin (Vendredi 13 : Jason le mort-vivant) qui le racontait à Midnight's Edge, en 2018 : « On m'a proposé Freddy 4, j'ai rencontré les producteurs, et je leur ai dit : "J'adore Freddy, j'adorerais le faire, mais je veux vraiment avoir un contrôle créatif". Ils m'ont répondu, "Et bah, on a déjà commencé le tournage. On a deux équipes qui tournent déjà les effets visuels et tout ça". Je leur dis, "Sans réalisateur ?". Ils m'ont répondu, "On sait comment gérer ça". »

Le Cauchemar de Freddy : photoOptions âmes et anchois

 

Les producteurs ont néanmoins eu le flair d'engager Renny Harlin, sorti de nulle part, et qui allait ensuite décoller avec 58 minutes pour vivre, Cliffhanger, Au revoir à jamais ou encore Peur bleue. Harlin expliquait à Slashfilm en 2021 : "J'ai eu ce travail parce que j'ai insisté. J'allais répéter à New Line Cinema qu'ils devaient m'engager. Il n'y avait aucun scénario. Juste une ébauche. Puis il y a eu la grève des scénaristes, donc ils ne pouvaient plus en engager. Ils avaient une date de sortie. Il fallait faire le film. Il se trouve que j'étais au bon endroit au bon moment".

Le scénario est écrit au jour le jour par Renny Harlin et les producteurs Mike De Luca et Rachel Talalay, avec une perspective : tout le monde connaît Freddy, donc il doit être plus grandiloquent que jamais. "Faisons de Freddy le James Bond de l'horreur", selon les mots du réalisateur, qui veut amener une dose d'humour débridée. Il explique que le producteur Bob Shaye avait très peur que ça ne tue la franchise, avant de réaliser à la sortie du film que c'était la meilleure idée possible. Avec près de 50 millions, Le Cauchemar de Freddy reste le plus gros succès des suites directes de la saga.

 

Le Cauchemar de Freddy : photoBig Bug

 

Pourquoi ça reste un Freddy cool ? Dans la grande ascension vers la débilité, Le Cauchemar de Freddy défend une belle place au sein de la franchise. En ramenant les personnages du précédent film pour les tuer, et pour présenter une héroïne dotée de pouvoirs magiques qui peut affronter Freddy, ce quatrième opus continue à repousser les limites du bon goût et du bon sens. Tout n'est que popcorn porn, avec la recherche de mises à mort toujours plus étranges, absurdes, visuellement décalées et drôles.

Le Cauchemar de Freddy se consomme donc comme un tunnel de morts grandiloquentes et grotesques. La résurrection-squelette dans une décharge sans fin, Freddy à la plage avec des lunettes de soleil, la pizza aux visages, le kung-fu invisible, l'asthmatique-momie... À peu près plus personne ne se souvient de l'histoire de ce Freddy 4, mais personne n'a oublié le matelas d'eau, ou le remake de La Métamorphose/La Mouche. Le film se paye même une tranche de cauchemar plus noble et malin, avec une étonnante boucle temporelle, particulièrement bien mise en scène au milieu de la boucherie.

4. La revanche de Freddy (freddy 2)

Sortie 1986 - Durée : 1h27

 

La Revanche de Freddy : photo, Mark Patton, Robert EnglundTu es moi, ou tuez-moi ?

 

Il se passe quoi dans Freddy 2 ? Cinq ans après le premier film, la famille Walsh s'installe dans la maison des Thompson. Le fils Jesse hérite de la chambre de Nancy, où Freddy l'attaque évidemment dans ses cauchemars. Avec sa voisine et désormais petite amie Lisa, il découvre le journal intime de Nancy, qui parle de Freddy. Mais les règles ont changé : Krueger veut utiliser le corps de Jesse, pour exister dans la réalité et tuer grâce à lui.

À la fin, Jesse fait cramer Freddy, et semble l'avoir vaincu. Sauf que non, bien sûr.

 

La Revanche de Freddy : photo, Mark PattonLa main droite d'un ado

 

Pourquoi c'est un super Freddy ? Parce que c'est la suite la plus improbable, la plus étrange et la plus folle possible, qui reste complètement à part dans la saga. La Revanche de Freddy est pourtant né dans les pires conditions, lancé quelques mois après la sortie du premier, pour surfer au plus vite sur la vague du succès. Le développement a donc été rapide, avec une idée de grossesse cauchemardesque rejetée par le studio (et qui sera recyclée dans Freddy 5 : l'enfant du cauchemar), le refus de Wes Craven de rempiler après lecture du scénario, et finalement le choix du réalisateur Jack Sholder (qui n'avait selon ses propres mots aucun intérêt pour l'horreur).

Mais sous ses airs de banale suite industrielle, La Revanche de Freddy est un cas à part, presque comme Halloween 3 : Le Sang du sorcier. Ici, Krueger ne cherche pas à hanter les cauchemars pour tuer : il veut prendre possession du corps d'un ado pour rejoindre la réalité. Une règle spéciale dans la saga, qui brise le sortilège du croque-mitaine fantasmagorique. Wes Craven trouvait l'idée parfaitement stupide, et la ridicule scène de la piscine, où Freddy est réduit à un vulgaire tueur de slasher qui trucide des ados, lui donne raison. Hors de son royaume des rêves, Krueger n'est plus qu'un surhomme ordinaire, soumis aux pauvres lois de la réalité - ou presque, puisqu'il peut tout enflammer et disparaître dans une haie.

 

La Revanche de Freddy : photo, Robert EnglundQuand la lumière se rallume à la fin de la teuf

 

Mais la vraie folie de La Revanche de Freddy est ailleurs : dans sa lecture gay, tellement évidente que parler de sous-texte est une blague. À l'écran, c'est une hallucination totale, qui laisse imaginer que tout le monde était soit de mèche, soit complètement saoul. C'est une orgie de dialogues lourds de sens, de symboles explicites et d'imagerie gay, qui provoquerait un AVC chez toute la fratrie de Christine Boutin.

Car La Revanche de Freddy est bel et bien l'histoire d'un adolescent en plein éveil sexuel, dont l'attirance refrénée (car interdite) pour les hommes devient incontrôlable. Ce désir s'incarne en Freddy Krueger, monstre qui essaie de prendre possession de son corps, non pas pour baiser, mais pour tuer.

Défini par un cri très féminin au début du film, Jesse est harcelé par Freddy, qui se lance continuellement à l'assaut de son corps ("Il est en moi, il veut me prendre, encore !"). Au moment de perdre sa virginité avec sa copine, il s'enfuit et se réfugie chez son ami Grady, avec lequel il se battait sur le terrain de sport au point de dévoiler son beau jockstrap. Il lui saute littéralement dessus comme dans un bon début de porno, avant de se réveiller en pleine nuit pour le tuer. Et pas n'importe comment : c'est une pulsion venue de l'intérieur, qui démarre dans sa main droite, avant de prendre la forme d'une naissance monstrueuse à la Alien. Grady, torse nu et pectoraux moites, sera empalé contre la porte par les griffes de Freddy.

 

La Revanche de Freddy : photoJe vais te niquer

 

Le film atteint un niveau de folie suicidaire absolument fantastique avec la mort du professeur de sport, que Jesse croise dans un club gay. Le monsieur a troqué le short pour le cuir, et ramène son élève à l'école pour une séance spéciale. Mais Freddy revient à la charge pour un meurtre complètement ahurissant : attaché aux poignets, le prof est traîné jusque dans les douches, où une force invisible (nommée bondage) l'attache, avant d'arracher ses vêtements. Sous les yeux de Jesse, il est fouetté cul nul jusqu'au sang, avant d'être achevé par les griffes. Avec un plan qui s'attarde sur l'éjaculation de sang des pommeaux de douche.

Repérée dès la sortie du film, cette lecture gay est devenue une triste légende, puisque personne ne l'a assumée. Le producteur Robert Shaye et le réalisateur Jack Sholder ont joué aux naïfs pendant des années, pendant que le scénariste David Chaskin niait jusqu'à s'en étouffer ; quitte à rejeter la responsabilité sur l'interprétation de l'acteur Mark Patton.

 

La Revanche de Freddy : photoUne des meilleures intros de la saga

 

Sachant qu'il est gay, mais n'avait pas encore fait son coming out, puisque c'était un suicide professionnel dans les années 80. Patton expliquait dans un excellent article de Buzzfeed que le sous-texte gay, présent dès le départ, était devenu de plus en plus évident au fil des réécritures, ce que Chaskin a nié en bloc. La vérité est donc ailleurs. Ou peut-être dans le documentaire Scream, Queen! My Nightmare on Elm Street, où Mark Patton donne sa version de l'histoire.

Dans tous les cas, Freddy 2 a été un succès, avec environ 30 millions au box-office pour un budget de 3 millions. Et même sans focaliser sur la lecture gay, le film est une petite réussite, avec une poignée de scène mémorable et visuellement spectaculaire (l'intro hallucinée avec le bus, l'irruption de Freddy dans le corps de Jesse et la chambre de Grady). Assurément un épisode incontournable de la saga.

3. Freddy sort de la nuit (freddy 7)

Sortie : 1995 - Durée : 1h52

 

Freddy sort de la nuit : photo, Robert EnglundAu clair de la lune, mon ami Freddy

 

Il se passe quoi dans ce septième Freddy meta ? Wes Craven, dans son propre rôle, prépare un nouveau film Freddy. Heather Langenkamp, qui incarne l'héroïne du premier épisode, accepte de rempiler, malgré de grosses hésitations et quelques cauchemars.

Wes Craven lui apprend que les films Freddy ont permis de piéger une entité supernaturelle, qui a été libérée quand la saga s'est terminée. Faire un nouveau film est donc une urgence pour sauver le monde. Mais l'entité, sous l'apparence de Freddy donc, veut tuer Heather pour rejoindre la réalité, et s'attaque aussi à son fils.

Heather est peu à peu aspirée par la fiction de Freddy, ce qui le libère pour de bon dans la réalité. Elle finit par cramer Freddy dans un four. À son réveil, elle trouve le scénario de tout ce film, avec un remerciement de Wes Craven, pour avoir repris le rôle de Nancy et vaincu Freddy.

 

Freddy sort de la nuit : photo, Heather LangenkampDernier four de piste

 

Pourquoi c'est un Freddy fou ? Parce que Wes Craven a bouclé la boucle de la plus étonnante et poétique des manières. Lui qui avait abandonné puis dénigré la saga, est finalement revenu y foutre le feu dans un ultime épisode, qui marque un point de non-retour. Freddy ne pouvait pas se remettre d'une telle pirouette meta, où le réalisateur apparaît dans son propre rôle, face à Robert Englund et Heather Langenkamp. Le croque-mitaine est propulsé dans une nouvelle dimension, qui déracine toute la mythologie pour la passer au karcher, permettant ainsi au cinéaste de remettre la main sur sa création pour de grandes funérailles.

C'est d'autant plus passionnant que Freddy sort de la nuit (écrit par Craven lui-même) est arrivé avant Scream, et qu'il y avait presque tout Scream. L'appétit du public pour la violence, le recul sur le succès d'une saga autour d'un personnage culte, la mise en abyme avec des décors en studio, et même des images précises (la porte de la chambre bloquée par celle du placard) : Freddy 7 est une cartographie de presque toute la saga Ghostface, qui doit définitivement autant à Craven qu'au scénariste Kevin Williamson.

Le réalisateur se moque autant de Hollywood que de lui-même et son propre bébé, avec néanmoins une petite touche de tendresse. En mettant en scène une force maléfique qui ne peut être contenue que grâce aux films, Wes Craven raconte la puissance du cinéma, et au fond, sa foi pure en l'horreur comme catharsis. Le septième art a ici créé une gigantesque illusion où l'entité elle-même s'est perdue, jusqu'à embrasser l'identité de Freddy et conférer aux artistes du film (notamment l'interprète de Nancy) une grande force. Tout en poussant au maximum l'idée originelle de la saga (croire en Freddy, c'est lui donner vie), Freddy sort de la nuit avance donc sur des territoires passionnants.

 

Freddy sort de la nuit : photoC'est l'hôpital qui se fout de la chair

 

Pourquoi c'est quand même bancal ? Parce que Wes Craven commence à s'essouffler, et semble moins intéressé par le symbole Freddy que le personnage lui-même. Ce n'est pas anodin s'il remet en scène (en beaucoup moins bien) la mort mémorable de Tina au plafond dans le premier film, avec Julie à l'hôpital : le cinéaste semble accepter le triste cirque de la répétition, comme si le réservoir à idée était bel et bien vidé.

Le réalisateur n'a jamais caché qu'il détestait la tournure comico-gogol de la saga, et la transformation du monstre en bouffon du gore. Il a donc calmé le jeu, et même revu son design pour trancher avec les suites - une décision qu'il a par la suite regrettée, en citant le masque éternel de Ghostface dans la saga Scream. Mais ce que Freddy sort de la nuit gagne en sobriété, il le perd en plaisir. Le septième film est donc étonnamment sage et simple, non seulement dans les mises à mort, mais également dans la narration.

Les images cauchemardesques les plus délicieuses (la bouche de Freddy qui avale Dylan, sa langue qui enroule Heather) ne pèsent finalement pas beaucoup face aux scènes meta, comme lorsque Robert Englund débarque sur un plateau télévisé pour vibrer au son des applaudissements du public, sous le regard inquiet de l'héroïne. Le réel plus flippant que la fiction : c'est l'ironie ultime de cet enterrement meta, unique en son genre.

2. Les Griffes du cauchemar (freddy 3) 

Sortie : 1987 - Durée : 1h36

Freddy 3, les griffes du cauchemar : photo, Robert EnglundSi FreddyBien, c'est FreddyMine !

 

Il se passe quoi dans ce Freddy 3 ? Nous y retrouvons Nancy, survivante du premier opus, devenue psychiatre, et spécialisée dans un mode de thérapie innovant, usant des rêves des patients. Mais son passé ressurgit quand Freddy Kruger fait irruption dans les rêves de jeunes gens qu'elle tente de soigner. Parmi eux se trouve Kirsten, qui a le pouvoir d'attirer d'autres personnes dans ses propres rêves.

Pour la première fois, les victimes du tueur au pull rayé vont pouvoir mener l'affrontement sur son propre terrain, et investir la dimension où il règne en maître. Nancy met donc sur pied une véritable équipe d'assaut adolescente, laquelle, avec le soutien de son père dans le monde réel, affrontera Freddy. En effet, la fine équipe découvre les origines mystiques et abominables de Krueger, dont la dépouille mortelle devra être purifiée selon un obscur rituel catholico-concon pendant que les ados l'assaillent dans le monde des rêves.

S'ensuit une confrontation en forme de labyrinthe mortel, qui signera la victoire des jeunes, mais la mort de Nancy, transpercée par le croque-mitaine d'Elm Street. Malgré ce triomphe sanglant, les dernières images du film nous révèlent que quelque chose du tueur pourrait bien avoir survécu.

 

Freddy 3, les griffes du cauchemar : photo, Robert EnglundTouche pas à mon poste, bitch !

 

Pourquoi c'est la deuxième naissance de Freddy ? Après le succès des Griffes de la nuit, qui offrit à tous les amateurs d'horreur l'avènement instantané d'un nouveau boogeyman redoutable, la licence se sera déclinée à travers un deuxième épisode abandonnant en partie son concept. Le troisième volet que voici retombe sur ses pattes mythologiques, mais va ajouter deux ingrédients devenus indispensables à la saga. Un degré de folie supplémentaire, parfois pris pour du second degré, qui propulse les meurtres au firmament de la démence gorasse. Mais aussi une incursion beaucoup plus poussée dans l'univers des rêves, qui autorisera les longs-métrages suivants à se montrer totalement décomplexés.

Freddy est désormais complet, et peut surgir sous toutes les formes, trouver l'équation irrésistible de cruauté et d'obscénité qui composent sa personnalité, jusqu'à le rendre totalement terrifiant. Cette progression se traduit par des mises à mort ahurissantes, où la bête prendra l'apparence d'un vert géant quasi-lubrique et dévoreur d'enfants, pour mieux habiter un poste de télévision, quand il ne se sertit pas de seringues, où ne vous arrache pas les tendons pour vous agiter à la manière d'une poupée de sang.

Cette orgie d'inventivité se double d'une maestria technique peu commune, le film alternant quantité de trouvailles. Animatroniques, maquettes, maquillages, projections, transparences, accessoires ou perspectives démentes au sein de décors vertigineux, le spectateur est invité à une formidable visite dans le grand musée des illusions. On traverse ainsi des décennies d'histoire des effets spéciaux, de Méliès aux expérimentations gores de Tom Savini. On ne s'étonnera pas que Freddy 3, les griffes du cauchemar soit l'ouvrage de Chuck Russell, grand artisan des effets spéciaux, qui mis en scène le sympathique et gerbotronique Blob deux ans plus tard.

 

Freddy 3, les griffes du cauchemar : photo, Patricia ArquetteUn dernier vers pour la route

 

Pourquoi on peut pinailler ? Autant être honnête malgré la folie d'Englund et l'aura alors prometteuse de la toute jeune Patricia Arquette, l'ensemble du casting est globalement aux fraises. Peu charismatiques, les jeunots ont bien du mal à nous intéresser plus qu'une brochette d'endives destinées à être braisées à chaleur tournante.

De même, si enrichir la mythologie de l'antagoniste est plus ou moins le passage obligé de toute saga horrifique qui se respecte, le greffon est ici d'un goût douteux. En effet, l'arrivée de nonnes dévoilant à la lumière des bougies les origines glauques du grand méchant et conseillant de le traiter à l'eau bénite ne font pas spécialement sens. Elles donnent même l'impression que le scénario tente de se densifier au forceps, au risque de virer dans le catho-porn un brin kitschouille.

1. Les Griffes de la Nuit (freddy 1)

Sortie : 1985 - Durée : 1h31

 

Les Griffes de la nuit : photo Robert EnglundDans la légende

 

Il se passe quoi dans le premier Freddy ? La vie était paisible sur Elm Street avant que plusieurs adolescents ne réalisent qu'ils sont en proie aux mêmes cauchemars. S'y terre un drôle de bonhomme, au pull rouge et noir et aux longues griffes... Les choses se compliquent quand ils commencent à mourir dans leur sommeil, poussant la police à faire des conclusions hâtives. Forcément, la consommation de café est en forte hausse.

D'abord internée dans une clinique du sommeil, Nancy apprend de sa mère que leur tortionnaire n'est autre que Fred Krueger, un tueur (violeur ?) d'enfants, relâché à cause d'un vice de procédure et immolé par les habitants de la rue. Elle entreprend alors de le vaincre dans la réalité. Mais le bon Freddy a plus d'un tour dans son sac et il s'apprête à tourmenter des générations d'adolescents.

 

Les Griffes de la nuit : Photo Johnny DeppJeune et Johnny

 

Pourquoi c'est un chef-d'oeuvre définitif ? Ce dossier étant l'oeuvre de trois amoureux de la franchise, Les Griffes du cauchemar a failli se frayer un chemin en tête, sous l'impulsion de son plus fervent défenseur (saurez-vous deviner qui ?). Mais il faut se rendre à l'évidence : quand bien même la saga qu'il a engendrée comporte quelques grands moments de divertissement horrifique, Les Griffes de la nuit reste non seulement un long-métrage mythique - au sens premier du terme -, mais également l'un des films d'épouvante populaires les plus inventifs jamais dévoilés par l'oncle Sam et le pinacle du genre.

Au moment où Wes Craven démarche les studios avec son concept d'ados forcés de rester éveillés (Disney veut en faire un conte pour enfants !), le slasher est déjà un peu en perte de vitesse. Les grandes figures du genre - Michael et Jason - commencent à perdre en célébrité et les films en sérieux. Le pauvre Freddy aura beau jouer les clowns par la suite, il est en 1985 un personnage particulièrement vicieux, croque-mitaine sadique auquel il n'est possible d'échapper qu'en bafouant l'un des principes fondamentaux de la survie humaine : le sommeil.

 

Les Griffes de la nuit : Photo Heather LangenkampPrenez des douches

 

Le calvaire qu'il fait vivre à cette troupe d'adolescents est d'une cruauté rare : il les tourmente jusqu'aux tréfonds de leur subconscient, les pousse à bout, et prépare l'inévitable moment où ils s'endormiront et où il les emportera dans des séquences ultra-spectaculaires (surtout quand on sait que le budget dépassait à peine le million de dollars), devenues quasiment toutes iconiques. Gigantesques jets de sang éclaboussant une chambre sens dessus dessous, baignoires sans fond et sacs mortuaires dégoulinants... Les mises en scène des meurtres sont proprement cauchemardesques et carrément barbares. Les spectateurs de l'époque n'en ont pas cru leurs yeux.

On dit souvent que le slasher explore parfois malgré lui les maux adolescents. Les Griffes de la nuit en est le plus éclatant exemple. Freddy est à la fois une psychose incomprise partagée par une bande d'amis, source d'injustices et de souffrances, ainsi qu'un sombre héritage laissé par la génération précédente. Les protagonistes, s'ils assument une forme de bêtise, sont plus des victimes combatives que des crétins qu'ils l'ont bien mérité, en particulier Nancy. Dans l'histoire, ce sont les parents les responsables, figures absentes obnubilées par l'American way of life.

 

Les Griffes de la nuit : photo, Heather LangenkampEt un sous-texte sexuel assez dérangeant

 

Un conflit de générations autrement plus sombre que celui raconté par Retour vers le futur la même année. La petite rue typique de la banlieue américaine, derrière ses façades fleuries, sa sécurité apparente et les dents blanches de ses occupants, cache un communautarisme honteux dont les ados sont naturellement les premières victimes. Spectaculaire, intelligent et surtout extrêmement méchant, A Nightmare on Elm Street est peut-être le slasher parfait.

Son utilisation presque outrancière du fantastique, autorisée par la thématique du rêve, a relancé temporairement le genre et inspiré les meilleurs. Freddy n'est plus seulement un mythe : c'est un modèle.

Tout savoir sur Les Griffes de la nuit

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commentaires
Rex
17/05/2022 à 12:02

Freddy 6, ce navet infâme meilleur que le remake de 2010? Faut pas éxagérer quand même...

Kyle Reese
01/05/2022 à 15:00

Je crois n’avoir vu que les 3 premiers.
Évidement le 1er est le meilleur pour moi. Le concept original est génial, il était en compétition avec Terminator à Avoriaz en 85 et est reparti avec le prix de la critique. Quel beau souvenir.
Les griffes de la nuit m’ont vraiment marqué car ça ne partait pas encore trop dans des délires, il y a avait un côté assez réalistes et des idées top avec beaucoup de double sens dans les scènes.
Notamment celle de la baignoire et des griffes qui apparaissent …
Un classique du teen horreur slasher.
J’avais bien aimé le 2 aussi avec d’autre sous entendu osé pour l’epique.
Me souvient plus trop du 3 mais je crois que j’avais bien aimé son côté méta, dont Scream s’est inspiré pour une de ses suite. Faudrait que je revois tout ça un jour.


01/05/2022 à 09:24

Comme pour Halloween, Vendredi 13 ou Rambo (John est plus saignant que la plupart des Boogeyman!), le premier volet est le meilleur.

Mon classement :

Les griffes de la nuit
Freddy 3 : Les griffes du cauchemar
Freddy Vs Jason (sacrilège!
Freddy sort de la nuit
Le cauchemar de Freddy
La fin de Freddy
La revanche de Freddy
Freddy : Les griffes de la nuit (remake de mer**)
Freddy 5 : L'enfant du cauchemar (un nanar)

C'est la seule saga horrifique, où malgré ses directions artistique des plus discutables, parvient à être une source de plaisir coupable, en dehors des trois derniers de mon classement. Robert Englund a su garder la tête de l'eau à son personnage malgré un coté "bouffon" ou cartoonesque qui saborde l'aspect nauséabond du croquemitaine. Ainsi que les différents réalisateurs : Renny Harlin, Chuck Russell ou Ronny Yu, sans oublier leur "maitre" Wes Craven.

Tuk
30/04/2022 à 14:08

@ Gregdevil
Meme classement, j'ai beaucoup aimé le 5 et Jason contre Freddy est un régal qui reste et respecte bien l'esprit des deux sagas.

Gregdevil
30/04/2022 à 13:24

Mon classement du meilleur au plus mauvais :

1 - 3 - 5 - 7 - 2 - 4 - 6 pour les originaux.

Le remake est infâme, hormis les micro sieste tout le reste est minable.

Le Vs avec Jason vol pas haut mais ça reste jouissif de les voir s'affronter.

Buster Keatayton contre les hyperboliques du troisième millénaire
30/04/2022 à 13:00

Pour moi, de très très loin devant tous les autres, le troisième est le meilleur. Et surtout le plus beau à regarder. De la pure coolitude des années 80 à tous les étages. Une folie digne du MTV de la grande époque, quand les clips et les pub étaient encore d'audacieux bijoux artistique d'innovation, pondu par des artisans iconoclastes et géniaux, tous plus fascinant les uns que les autres. L'inventivité visuelle à son plus haut, level vidéoclip de Peter Gabriel. J'adore ^^

Ray Peterson
30/04/2022 à 12:34

J'aurais mis plus haut ceux de Harlin (ah ah le transfer de pouvoir!!!) et Hopkins (plans de malades) qui sont de pures produits des 80's par la mise en scène surtout et restent assez marrant à regarder.
Par contre le 2 de Jack Sholder reste pour moi l'un des plus faibles. Question de goût.

Winslow
30/04/2022 à 11:28

Même avis que le vôtre pour les 3 premiers de la liste. Quant au reste...