Indiana Jones et le Cadran de la Destinée : critique de la fin de la saga

Judith Beauvallet | 28 juin 2023 - MAJ : 03/07/2023 10:03
Judith Beauvallet | 28 juin 2023 - MAJ : 03/07/2023 10:03

C’est le grand retour de l’aventurier parmi les aventuriers : Indiana Jones et le Cadran de la Destinée débarque en salles après avoir affolé la Croisette lors du Festival de Cannes 2023. Pour ce nouvel épisode, Steven Spielberg laisse les manettes à James Mangold, auparavant réalisateur de Copland et Le Mans 66 (entre autres). Si Harrison Ford est évidemment de retour sous le chapeau iconique, il est accompagné dans cette nouvelle histoire par Phoebe Waller-Bridge, la star de Fleabag, tandis que Mads Mikkelsen endosse le rôle du grand méchant. Une conclusion en beauté ou le volet de trop ?

Débat : quel est le meilleur Indiana Jones ?

Indiana Djeuns

S’attaquer à poursuivre une saga aussi culte que celle d’Indiana Jones, notamment lorsqu’elle n’a pas encore été usée jusqu’à la corde et galvaudée au point de Star Wars, c’est marcher sur un fil tendu entre héritage à respecter et renouveau à inventer. D’autant plus pour quelqu’un comme James Mangold, devenu calife à la place du calife, qui se doit d’être fidèle au style de Spielberg qui a fait le succès de la saga, mais qui est lui-même un excellent metteur en scène à la patte affirmée.

C’est donc sans surprise qu’Indiana Jones et le Cadran de la Destinée joue et abuse de la nostalgie, et prouve que le récit peine à se réinventer au-delà de ses propres poncifs. Les méchants sont des nazis comme dans le premier et le troisième volet, et tout l’enjeu sera de courir plus vite qu’eux pour atteindre un énième artefact historique, jusqu’à une confrontation finale qui pose un pied dans le fantastique. On connaît la musique.

 

Indiana Jones et le Cadran de la Destinée : photo news extraitGrand-père Fouettard

 

D’ailleurs, le film met en scène sa propre nostalgie et appuie sur le fameux rajeunissement (plus ou moins réussi) d’Harrison Ford pour la séquence d’ouverture : le plan de découverte du personnage, toujours important dans les films de la saga, reste longtemps sur son visage recréé numériquement, une lampe de poche braquée dessus, et semble dire au spectateur “regardez ce qu’on arrive à faire” plutôt que de s’occuper d’iconiser Jones comme dans les précédents volets.

À cela s’ajoutent un discours général sur le passé, l’héritage historique ou familial, et un petit paquet de références émouvantes (quoiqu’un peu faciles) aux anciens films. Pourtant, ce cinquième opus n’est pas du tout qu’un come-back formaté qui sent la naphtaline, car malgré ses défauts (dont beaucoup sont, de toute manière, inhérents à la saga), Indiana Jones et le Cadran de la Destinée est une continuation cohérente et efficace aux aventures de notre prof d’archéologie préféré.

 

Indiana Jones 5 : photo, Harrison FordIndiana Jones et le lifting maudit

 

DIGNEMENT JONES

Certaines séquences ont un potentiel trop peu exploité et s’avèrent décevantes, comme la scène de plongée qui effleure à peine tout ce qu’elle aurait pu avoir de stressant, d’effrayant et d’esthétique (merci à Antonio Banderas de s'être déplacé pour si peu), ou encore la scène de poursuite en voiture, trop longue et artificielle. Qu'est-ce que cette histoire d'ex-mafieux vient faire là, à part parasiter le récit sous couvert de le dynamiser, sans aucune logique ni crédibilité ? La séquence, qui est en elle-même le ventre mou du film, n'en est que plus maladroite.

Néanmoins, d’autres moments parfaitement exécutés ont de quoi intégrer la liste des séquences cultes de la saga. La scène de la course-poursuite à cheval dans une parade pacifiste en plein centre-ville, par exemple, est aussi haletante que belle à voir, et d’une symbolique puissante pour le personnage vieillissant de Ford qui apparaît comme un cowboy sorti d’un western au milieu de combats modernes auxquels il n’appartient plus.

 

Indiana Jones 5 : photo, Boyd HolbrookOù est Charlie ?

 

À retenir également : la séquence d’introduction, toujours importante dans les films de la saga et qui ne démérite ici pas, avec une scène de poursuite, de bagarre et de manigances au rythme enlevé. Le tout se passe dans (et sur) un train, dont la configuration particulière de l’enchaînement de wagons est utilisée comme un décor presque vivant. Oui, des trains dans Indiana Jones, on en a déjà vu... Mais qu’est-ce que ça reste plaisant quand c’est bien fait !

Par ailleurs, le nouvel atout majeur de la galaxie Jones est sans aucun doute Helena Shaw, la filleule sortie du chapeau et incarnée par la piquante et charismatique Phoebe Waller-Bridge. L’écriture d’Helena et de sa relation amour-haine avec Jones est beaucoup plus réussie et savoureuse que ce qui avait été fait autour du personnage de Mutt dans Le Crâne de Cristal, et Helena agit efficacement comme un rappel de ce qu’était Jones dans sa jeunesse, maintenant qu’il porte un regard mûr sur sa vie passée. À tel point que l’on souhaiterait presque que la saga continue pour elle

 

Indiana Jones 5 : photo, Phoebe Waller-BridgeHelena Shaw : la relève ?

 

Ils vécurent heureux

Mais le vrai coup de maître du film réside dans ses dernières séquences (qui seront ici spoilées le moins possible). À travers une grosse prise de risque qui ne plaira sûrement pas à tout le monde, le récit offre la meilleure résolution possible à l’arc de Jones qui court depuis cinq films : son obsession parfois égoïste pour la réalité matérielle de l’Histoire et de ses artefacts. À force de courir après la dimension mystique du passé, le professeur va en connaître une démythification étonnante, qui donnera un sens à toutes ses aventures passées.

À toujours flirter avec le fantastique, Jones franchit ici un pas décisif qui le fait passer de l’autre côté de la barrière, et si ce dernier segment pèche un peu par des CGI d’une qualité trop pauvres par rapport à leur intention, le point magistral et logique qu’il apporte à la longue histoire d’amour entre Jones et surnaturel vaut le coup. Comme souvent dans les films de la saga, le discours est un poil maladroit, un poil épais, et la mise en scène peine à donner la même prestance aux éléments fantastiques qu’à son héros. Mais, dans l’ensemble, l’enthousiasme est tel qu’il conquiert le spectateur malgré tout.

 

Indiana Jones et le Cadran de la Destinée : photo, Mads MikkelsenMads Mikkelsen, toujours à l'aise dans le rôle du méchant

 

Et comme dans les précédents films de la saga aussi, l’idée qui est réellement au cœur du film et révélée à la fin semble évidente : est que ce n’est pas réellement ni le fantastique ni l’Histoire qui comptent dans la vie. Et Jones, en tant que papy râleur gentiment dépassé par son époque (la musique des Beatles, tout ça), a aussi le droit de trouver de la beauté dans un quotidien sans aventures. Et pour ce faire, l’histoire familiale (certes un peu facile mais émouvante quand même) qui se dessine en filigrane de l’action l'aidera elle aussi à trouver le repos.

En somme, Indiana Jones et le Cadran de la Destinée referme les portes de la saga avec une excellente compréhension et progression des thématiques fondamentales des films et de leur personnage central. Pas un chef-d'œuvre, et pas mal de défauts à signaler (oui, comme dans les précédents), mais un film tout à fait à la hauteur de son héritage. Mangold parvient haut la main à reprendre le flambeau de Spielberg en respectant l’esprit tout en faisant valoir son propre savoir-faire. Une conclusion réussie et méritée pour l’aventurier au chapeau.

A propos de la fin d'Indiana Jones 5 : pourquoi c'était vraiment une très mauvaise idée

 

Indiana Jones et le Cadran de la Destinée : Affiche française

Résumé

Un volet (sans doute final) qui fait honneur à ses prédécesseurs, en souffrant de défauts semblables mais en rendant surtout hommage comme il se doit aux meilleurs moments de la saga, et en offrant à son héros la meilleure conclusion possible. Des prises de risque, des maladresses, des clins d'oeil trop appuyés... mais le tout avec une certaine intelligence, et dans l'enthousiasme général qui caractérise les aventures du professeur Jones.

Autre avis Geoffrey Crété
Pour sa cinquième aventure (et dernière, svp), Indiana Jones franchit l'ultime limite. C'est cohérent au sein de la saga, mais c'est la fin définitive de la magie. Et comme le film est sinon très classique, et manque cruellement de panache, c'est un dernier tour de piste très mineur.
Autre avis Antoine Desrues
Cet Indy 5 est forcément plombé par son cahier des charges et l'âge avancé d'Harrison Ford. Reste que James Mangold s'en tire avec les honneurs, et avec un film élégant, où la technologie sert la nécromancie d'un genre tout entier. C'est dans sa mélancolie que ce baroud d'honneur est le plus beau.
Autre avis Mathieu Jaborska
Grâce à la présence de Phoebe Waller-Bridge, à quelques scènes d'action amusantes, à un climax audacieux et à un scénario plus malin que prévu (plus malin que celui du 4), Mangold offre à Indy la conclusion qu'il mérite en faisant du personnage le témoin d'une industrie hollywoodienne à court de légendes.
Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(3.0)

Votre note ?

commentaires
Deny
29/03/2024 à 12:46

Résumé : Indiana Jones ne sert à rien!

Chris11
09/09/2023 à 11:50

Charismatique, l'actrice? Elle ne dégage rien, c'est juste un joli minois sans intérêt avec un rôle écrit avec les pieds (la baroudeuse qui a 3 plans secrets et en fait a un bon coeur, oh incroyable). Karen Allen était tellement plus que ça. C'était pareil pour Starwars, on ne remplace pas le charisme de Carrie Fisher par une Daisy Ridley insipide.
Ford est clairement entre autodélire et prise de chèque, le scénario est bancal (c'est avec ce genre de scénario écrit par des humains qu'on se dit que l'IA n'est peut-être pas une si mauvaise chose que ça), c'est juste une production de plus. Même le 4 avec ses défauts dégageait un truc encore un peu nostalgique et sympa. Celui là rien ne dégage rien, sinon l'impression d'une perte de temps.
Seul truc sympa de revoir Boyd Holbrook, qui se complait décidément au second rôle de "fumier détendu", j'adore.

X-or
03/09/2023 à 22:36

Décevant, sans rythme, trop long, trop déjà vu.

Ça manque tellement de souffle.

Pat Rick
15/08/2023 à 20:47

Pas mauvais mais pas transcendant non plus. Le film est un poil trop long.

Ethan
29/07/2023 à 23:58

Pour moi l'essentiel a été fait fait je suis content de ce 5e film. Je repars satisfait contrairement au 4 qui m'avait déçu.

Certes tout n'est pas parfait et que la fin on aimerait voir comment ils ont fait pour repartir

Allez le voir au cinéma !

Miami81
27/07/2023 à 01:45

Excellente surprise pour ma part puisque je n en attendais pas grand chose. Mongold tente de reproduire du Spielberg et il y arrive assez bien. Le film est largement au dessus du 4eme volet. Mais pas plus. A mon niveau à cause de 2 choses :
- la surcharge de CGI qui rendent les films actuels assez laids (la poursuite auto est ici très moche). On est loin du charme des 3 premiers où les effets se réalisaient pour la plupart sur plateau ou via des maquettes. Et c etait le genie du realisateur et des monteurs qui faisait le reste
Là le côté faux gâche la scène.
-la seconde raison est totalement subjective puisque j ai vu les 3 premiers au cinéma étant jeune. Fatalement, ma vision n est donc plus la même et est donc beaucoup moins ouverte à la magie.

geoand
25/07/2023 à 17:14

Je vien de lire biévement les commentaires , il y en a qui sont affligeant , je ne vais pas les détaillé , mais je voulait seulement dire que quelque soit le film c'est un divertissement pour de changer les idées , aprés bien sur on aime ou on aime moins , les critiques sont facile mais dans l'ensemble il faut prendre ce genre de film au second degré , bien sûr il y a des coups de barres mais sa passe c'est un film rien de réel et c'est du CINEMA .

geoand
25/07/2023 à 17:02

Un film haletant l'action est au rendez vous et le réve aussi , l' histoire en elle même est plausible mais c'est un film divertissant et on passe un bon moment , a voir 2 a 3 fois pour revoir details et scénes

C.Kalanda
16/07/2023 à 21:09

Alors tout a été dit mais je vais donner mon avis parcequ’on est en 2023.

J’ai souffert dans la scène d’intro. Vraiment. Et elle incarne je pense tout ce qui est mauvais dans le film : action désincarnée et sans enjeux, réal trop serrée, CGI crado. On ne sait pas au final à qui ce film s’adresse : les anciens n’y ressentiront aucun suspens et auront l’impression qu’on leur ressert, en mal exécuté de surcroît, tous les poussifs rincés de l’actionner, leur paternité n’excusant pas aujourd’hui leur manque d’originalite. Les nouveaux risquent de ne rien ressentir face à ces vieilles carnes, leur nostalgie et la force de leur perte, car ils n’y comprendront rien. Et ils risquent de trouver ça ch**t et moche.

Et pourtant.Je fais parti des anciens. Et j’ai été très touchée au final. Reste une volonté de proposer une vraie aventure, avec une diversité de lieu rafraîchissante, et au cœur de l’Histoire. Même si comme écrit plus bas il y a un refus du grandiose que je ne comprends pas (les tristes décors de tombeau, la scène ratée de l’épave et des murènes). Mais les persos sont là, attachants et tendre. Harrison Ford n’a jamais été aussi bon et sensible. J’aime bcp le perso de Wombat, ce miroir du Indy mercenaire et facetieux du « temple maudit ». Et la scène finale… l’adieu m’a fait couler une larme.

L’acte d’intro incarne tous les défauts du film. La scène qui suit toutes ses qualités (le presque full frontal de Ford - enfin une proposition). Dommage que tout le film n’ose pas ainsi, prenne le pli total du contre pied et assume son public d’anciens. Mais il y a suffisamment de tendresse, de volonté d’aventure (qu’importe la mauvaise exécution) de Tintin et de Corto dans ce film pour que l’émotion l’emporte.

Farewell Indy.

Slyze33
15/07/2023 à 17:06

Un opus assez particulier au niveau du positionnement. Il ressemble à la trilogie originelle, mais en moins bien.

Le scénario est simple, les personnages unidimensionnels et le rythme en dent de scies. Beaucoup de courses-poursuites un peu fades qui n’apportent rien et rallongent le film (2h30).

Toutefois, Mention honorable à l’adaptation des cascades dû à l’âge de l’acteur. C’est moins flamboyant mais ça ne fait pas pitié.

Je suis dur avec le film car la licence est légendaire et cela fait mal d’avoir un film moyen. Mais cela fait tout de même plaisir de retrouver ce personnage, surtout dans la scène d’exposition.

Plus
votre commentaire