Troll : critique qui trolle sur Netflix
Que se passe-t-il chez Netflix ? Non vraiment, on pose sérieusement la question. Car après Medieval (qui n'était toutefois pas une production Netflix), Troll de Roar Uthaug (à ne pas confondre avec The Troll Hunter), réalisateur du reboot de Tomb Raider, est encore un film-algorithme sans la moindre particule de vie. Comme une nouvelle définition de la vallée de l'étrange appliquée aux films, voici la caricature de film Netflix dans toute sa splendeur. Troll ressemble à un film, a l'odeur d'un film, raconte une histoire comme un film, mais donne le sentiment glaçant d'être une simulation d'expérience émotionnelle appelée œuvre d'art, piloté par une intelligence artificielle.
TROLLER IN A TROLL LAND
Faire un film, c'est difficile. Tout le monde le suppose, mais tout le monde ne le perçoit pas complètement. Surtout, tout le monde ne se rend pas compte de la quantité de longs-métrages de tierce zone qui, faute de diffuseur ou d'écho suffisant, ne trouvent même pas le chemin des salles ni même des festivals. Et on ne parle pas de films d'auteurs inconnus, de pépites si obscures qu'elles ne voient jamais le jour, mais bien de machins informes, de simulacres d'œuvres d'arts ou même simplement de récits.
Troll de Roar Uthaug est de ceux-là, un film qui rappelle immédiatement l'inconsistance de Medieval sorti également sur Netflix (même si pas produit par la plateforme). Soit une œuvre fondamentalement plate et vide, qui s'appuie désespérément sur une culture locale et des éléments de folklore pour cacher sa véritable nature de contenu pensé pour (par ?) un algorithme attrape-touriste. À ceci près que Troll n'a même pas la politesse d'avoir la violence exacerbée de Medieval, ni les armures, ni les châteaux. À la place : des militaires, une photographie terne comme Netflix sait si bien les faire, des effets spéciaux moches, qui rendent cette nouvelle montagne de néant imprenable.
TROLL METAL JACKET
Après la République Tchèque, la Norvège donc, mais autant dire qu'après l'ennui vient encore plus d'ennui dans cette espèce de crossover entre Godzilla, Benjamin Gates et Jurassic Park. Pour se donner un semblant de personnalité, Troll tente en effet un mélange improbable entre gros monstres méchants en apparence, mais gentil si on lui fait des papouilles derrière les oreilles et cryptocomplotisme christiano-monarchique ayant pour but d'écraser le folklore païen norvégien. Tout cela en compagnie d'une paléontologue comme personnage principal accompagné d'un vieux fou lancé dans un projet auquel personne ne croit pour nous pondre une bonne vieille fable sur l'écologie, la famille et les contes de fées.
Sauf que, de ces trois modèles, Troll n'a ni le sens de la terreur de Godzilla le destructeur, ni le ludisme aventurier de l'intrépide Benjamin Gates, ni la capacité d'émerveillement du bucolique Jurassic Park. Ou plutôt, Troll n'en reprend que la surface, singe tous leurs clichés sans même essayer de les servir avec une énergie renouvelée. On ne saurait réduire un film à quelques ingrédients magiques secoués vite fait bien fait dans un shaker. Or, tout ici n'est que formule, une gigantesque liste de course : structure narrative, retournements de situations, personnages (la scientifique badass mais tête brûlée, la figure paternelle qui meurt, l'intello maladroit rigolo qui bégaye...). Même les blagues sont sous vide.
Clichés numéro 1, 2 et 3 : garde-à-vous !
FOR WHOM THE BELL TROLLS
Quelque part, Troll nous en dit plus sur Tomb Raider que sur Troll lui-même, qui n'est rien d'autre qu'un film raté et ennuyeux de plus, un nouveau renfort de combustible pour nourrir le réacteur Netflix et qui finira par agrandir sa montagne de déchets nucléaires. On aurait vite fait de se dire que Tomb Raider est une commande de studio et que par conséquent, sa mauvaise qualité et son absence complète de personnalité sont dues à la cupidité de quelques cols blancs ne comprenant que la novlangue managériale. Mais, un peu comme pour Colin Trevorrow, il n'y avait de toute façon rien à espérer de Roar Uthaug, même en tant que yes-man émulateur de Steven Spielberg, et Troll en fait la démonstration.
Un rédacteur après 15 minutes de visionnage seulement, courage Johnny, encore 1h30
Même investi dans un projet plus personnel dont il est l'auteur, le cinéaste se montre incapable d'accomplir sa tâche la plus élémentaire de metteur en scène, à savoir, donner de la puissance dramatique aux images qui défilent devant nos yeux apathiques. Une certaine expérience de la mort cérébrale, à quelques exceptions involontairement hilarantes d'un scénario invraisemblable où l'on combat un géant de 15 mètres grâce à un convoi de cloches bénies transportées par hélicoptères, et où un état-major militaire a besoin d'une paléontologue ratée pour confirmer qu'une trace de pied est bien une trace de pied.
Ne jetons pas la pierre : on n'est pas encore certain que ce film généré aléatoirement par ordinateur est bien un film. La suite annoncée par la scène post-générique (soupirs) nous le confirmera peut-être.
Troll est disponible depuis le 1er décembre 2022 sur Netflix
Lecteurs
(2.8)03/07/2023 à 02:00
Personally I enjoyed this film. Seeing this site has nothing nice to say about ANY fantasy film, why do they bother watching been longer....
16/12/2022 à 18:40
J'ai trouvé ce film léger, oui beaucoup de déjà vu avec héroïne ecolo qui sait mieux que tout le monde, la geek qui pirate au dernier moment un truc d'état, l'état justement qui privilégié les armes à la raison, mais c'est sympa à regarder, mignon, humain.
J'ai bien aimé sans pour autant être transporter certes mais les commentaires et la critique est vraiment affreuse.
15/12/2022 à 13:16
La vache, je m'attendais à du médiocre, mais la...
Les personnages ne sont que des fonctions clichées (le savant fou, mais qui avais raison et que personne n'a écouté, le militaire un peu bas du front, mais très très héroïque, la chercheuse qui sait mieux qu'absolument tout le monde, les politiciens près a sortir l'arme nucléaire dans leur propres villes, parce que why the fuck not, la militaire geek aux super pouvoir qui pirate à distance le lancement d'un missile sur un avion de chasse en vol, et qui malgré ça peut continuer à se balader dans la base super secrète tranquilou)
Le scénario est le cliché habituel du film de monstre, originalité zéro ici, d'ailleurs plus j'y réfléchi, plus j'y trouve des similarités avec le Godzilla d'Emerich. Et quand je dis similarités, j'entends grosse repompes : la trace immense avec le plan d'helico pour nous montrer la taille d'un humain par rapport au monstre, l'oeil que s'ouvre derrière les personnages qui cherche le monstre, et le plan de fin qui teaser que les monstres sont encore en vie, et je suis sur qu'il y en a plein d'autres, j'ai pas vu Godzilla depuis 20 ans...
Le seul truc cool, c'est l'intro, avec les visages des trolls dans la montagne au loin, j'ai même cru que le film allait partir sur quelque chose de bien plus glauque. Raté.
05/12/2022 à 10:58
@Kalisoula
Même si je suis d'accord sur le fait que le scenario est bancale et que je me suis ennuyé, ce n'est pas la peine non plus de faire preuve d'autant de mépris pour ceux qui ont aimé.
05/12/2022 à 00:19
Je pense qu’on peut parfois ressentir le niveau de perte de temps, mais même rester debout et statique pendant 1h40 m’aurait bien plus passionné que le film.
Ceux qui considère le cinéma comme un « quelque chose » qui « divertit » et qui « coupe de la vrai vie » doivent avoir un quotidien sacrément merdique. Ce film n’est en aucun cas du cinéma.
Il ramolli complètement le cerveau… Redondant de clichés et insultant les films sur lesquels il s’est « appuyé », le rire (moqueur) m’a bien heureusement permis de le terminer. Mais à prendre au sérieux, il est défrisant de voir le gâchis économique et matériel que le film a mené. J’ai même eu mal pour les trottinettes électriques qu’ils ont explosé quand ils slalomaient dans les rues pour attirer et éviter que le grand méchant/gentil les dégomment.
Enfin bon, sur ce, bon visionnage pour les graaands fan de ce genres de films produit par Netflix.
03/12/2022 à 23:17
Je viens de regarder le film et j’ai bien aimé. De plus, produit ailleurs qu’aux EU.
Bon diversement en cette journée grise.
03/12/2022 à 21:03
Quoi ? Les trolls sont autorisés sur EL ? Il faut obligatoirement ressembler à Simon R. ?
Blague à part, encore une belle critique et de bonnes références Lino.
03/12/2022 à 17:58
les empécheurs de tourner en rond on encore frapper desolé mais laissé nous réver devant un bon film ne vous déplaise avant tout c'est fait pour distraire et pas se prendre les neurones a bon entendeur salut!
03/12/2022 à 15:58
Tout simplement magnifique et ceux qui n'aime pas dite moi se que vous faite au cinéma...
Aller lire un bon livre et fermer là!!!
Je suis preneur de plus...
Le plaisir a regarder un film c'est de débrancher de la vie et se laisser se perdre dans un monde imaginaire...
Arrêter de brailler comme ceux qui se croient critiques. Critique en quoi laisser moi rire... Le vrai critique est celui qui était tellement dégrisser de la vie qu'il l'on envoyer voir une pièce de thêatre pour ne plus a l'avoir dans leurs bureau dans la journée hahaha!!!
Bon visionnement a tout ceux qui aime les films...
03/12/2022 à 15:02
Un film fait par une IA du mainstream, C’est caricatural tellement ça coche toute les cases, l’héroïne soit disant badass qui finalement n’est qu’une insupportable mannequin agressive et insultante envers les vieux et les hommes. Une cause écolo ridicule à base de « les montagnes ont une âme » une réalisation sans aucunes astuces, un scénario vu 15 fois, c’est mou et attendu, bref, j’ai arrêté au bout d’une demi heure.