Enzo, le croco : critique qui croque mou

Déborah Lechner | 30 novembre 2022 - MAJ : 30/11/2022 16:54
Déborah Lechner | 30 novembre 2022 - MAJ : 30/11/2022 16:54

Après les deux volets de Paddington et de Pierre Lapin, c'est au tour d'un autre animal de la littérature jeunesse d'être adapté sur le grand écran. Pour son premier passage en salles, Lyle le Crocodile a été rebaptisé Enzo le croco en français, mais il est peu probable que cette nouvelle mascotte rencontre le même succès que dans les pages de Bernard Waber. 

RANDOM AMERICAN STORY 

Pour leur nouvelle comédie, qui cible davantage un jeune public indulgent que des adultes en quête de rires gras, le duo de réalisateurs Josh Gordon et Will Speck (Joyeux Bordel ,Une famille très moderne) a troqué Jennifer Aniston et Jason Bateman contre un crocodile numérique qui chante. Mais la tendresse qui émane de ce gros lézard aux yeux doux a du mal à combler le vide et la superficialité du scénario de Will Davies.

Si le premier acte du film déborde de mignonneries avec un bébé Enzo à croquer, et d'euphorie avec un Javier Bardem à l'énergie communicative, le récit se met rapidement en pilotage automatique pour emprunter le même chemin balisé que la plupart des comédies familiales. Tout ce qui pouvait faire l'originalité du long-métrage s'évapore donc en même temps que le personnage d'Hector P. Valenti, qui laisse place à la famille Primm et leur voisin plus pathétique que menaçant.

 

Enzo le croco : photoJavier BarDamn 

 

Pour un tableau encore plus générique, le scénario s'encombre du sempiternel gamin introverti (Winslow Fegley) qui a du mal à se faire des amis et à communiquer avec ses parents. La maman gâteau surprotectrice de Constance Wu doit, quant à elle, mettre un peu de fun dans sa vie (enfin, dans ses recettes de cuisine), tandis que le papa penaud de Scoot McNairy essaie de retrouver son autorité de mâle en renfilant son justaucorps de lutte pour dérouiller un crocodile. Faute d'en avoir quelque chose à faire, le récit fait basculer leur vie en l'espace d'une chanson, leur personnalité change du tout au tout entre deux scènes et leurs "soucis" s'envolent après un discours mièvre qui a la subtilité d'un post de développement personnel sur LinkedIn.

Quant à Josh, le scénario manque presque d'empathie envers lui, sa peur irrationnelle, ses angoisses et son malaise social étant le plus souvent tournés en dérision pour servir de ressort comique que traité en profondeur. D'autres problématiques plus intéressantes sur le papier, comme le rôle que jouent les réseaux sociaux dans la sociabilisation sont évacuées du récit, qui ne parvient jamais à être divertissant et se repose entièrement pitreries de Brett Gelman et Javier Bardem.
 

Enzo, le croco : photo, Constance Wu, Winslow Fegley, Scoot McNairySous vos yeux ébahis, la famille la plus fofolle et rigodrôle d'Amérique 

 

America's Got (no) Talent

Si le film met plutôt bien en scène New York (en particulier son architecture verticale et ses ruelles labyrinthiques) avec une inspiration théâtrale héritée de Broadway, le reste de la comédie musicale tourne désespérément à vide. Passée la première chanson qui lance efficacement la narration avec un rythme entraînant et quelques idées de réalisation attrayantes, le film enchaîne les chorégraphies et musiques plombantes dignes d'un spectacle amateur en MJC. 

En plus de recycler les airs pour y coller différentes paroles niaises, les numéros sont tellement peu inspirés et créatifs qu'un d'eux est illustré par des images du film montées en flashback. Inévitablement, le spectacle final qui devait terminer en apothéose a tout d'un pétard mouillé, alors même que la participation à un concours télé calqué sur America's got talent était l'occasion pour le scénario et la mise en scène de s'amuser un peu et surtout de dédramatiser le blocage d'Enzo. 

S'il promettait d'être chaleureux et régressif, Enzo le croco n'est donc qu'un film anecdotique dont on se rappellera surtout pour Javier Bardem en roue libre qui se tape les fesses. 

 

Enzo, le croco : Affiche officielle

Résumé

Très loin du charme de Paddington ou de la bonhommie de Pierre Lapin, Enzo le croco est une énième comédie familiale inoffensive et inintéressante.

Autre avis Mathieu Jaborska
Passé un premier acte mignon et entrainant, Enzo le croco s'attèle à grossièrement promouvoir le modèle familial américain, quitte à recycler la même chanson en boucle, saboter la moindre séquence un tant soit peu amusante, dénaturer la personnalité attachante de son héros numérique et prendre vos gosses pour des abrutis influençables.
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Lecteurs

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commentaires
Rien
12/03/2023 à 10:21

Le film on la regarde où

Aurélie
08/01/2023 à 22:45

On a emmener notre fils de 6 ans et il a adoré et nous aussi i et super bien on a bien accroché

Joanna
17/12/2022 à 16:14

Excellent, nous avons tous adoré.
Une première pour moi de voir la salle applaudire plusieurs fois en plein film et pour cause une histoire tellement touchante!

Joe Staline
01/12/2022 à 07:54

Paddington et Pierre Lapin sont devenus les nouveaux mètres étalons des film pour enfants.
Les autres devraient en prendre de la graine, Disney notamment.

Loozap
01/12/2022 à 00:42

Les enfants aiment ça vraiment bien

Bilbo
30/11/2022 à 20:21

La déchéance de Bardem punaise...

shivattaque
30/11/2022 à 19:39

Mon fils de 4 ans et ma fille de 8 ans on trouvés ca mignon et drôle.
Moi moyen il est vrai, mais c est pour un publique jeune.

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