Bloodshot : critique my cake is Groot

Simon Riaux | 30 mars 2023 - MAJ : 31/03/2023 10:43
Simon Riaux | 30 mars 2023 - MAJ : 31/03/2023 10:43

Héros violent et torturé, Bloodshot est aujourd’hui mis en lumière à la faveur d’une adaptation portée par Vin Diesel, qui ambitionne d’engendrer son propre univers étendu, basé sur les comics Valiant. Mais le blockbuster à la carrière fauchée par la pandémie de COVID-19 a-t-il les épaules pour cette formidable mission ? 

Notre critique de Bloodshot en vidéo est par ici.

MUG SHOT 

Deux choix s’offraient au projet : embrasser la veine nanarde qui caractérise la carrière récente de son interprète, ou capitaliser sur l’appétence d’une partie du public pour des protagonistes moins lisses et transparents qu’à l’accoutumée. Malheureusement, Bloodshot refuse de choisir, et saccage instantanément ces deux opportunités. Dès l’introduction, le ver est dans le fruit, et s’y complaît goulûment.  

Nous retrouvons donc un Diesel coupé à la graisse d’oie, qui tente de nous faire croire à son personnage de super soldat intervenant au Kenya pour dérouiller des méchants, dans ce qui ressemble curieusement à l’arrière-cour d’un bordel de Tijuana. Découpage inepte, dialogues stupides, clichés en rafale, cette relecture arthritique des pires errements de Call of Duty masque mal la précipitation qui a présidé à la fabrication du film, ainsi que son manque flagrant de finition. 

Le concept même de l’intrigue (un combattant se regénérant à l’infini) autorise bien des outrances, maquillages, mutilations et autres réjouissances gorasses. Malheureusement, au niveau des sévices, Bloodshot s’avère d’une timidité désolante. Exception faite d’une fusillade lourdingue dans un tunnel enfariné (littéralement), notre héros ne joue presque jamais de l’ultraviolence de son potentiel, ne subit que quelques égratignures, et préfère taper très fort sur les vilains plutôt que d’en faire des rillettes. 

 

photo, Álex Hernández, Vin Diesel"Il faut qu'on parle à la costumière de cette énorme mite."

 

VAIN DIESEL 

Pour frustrante que soit cette mollesse qui confine à la paresse, elle souligne la triste vérité : c’est bien Vin Diesel le problème central du long-métrage. Avec la joliesse d’un pangolin fraîchement farci, il traverse le récit en lui imposant ses figures imposées, ses thématiques, mais aussi ses tics, autant de motifs visuels et scénaristiques anachroniques, qui transforment le projet en blob informe.

On ne fait pas mal à Vin Diesel. Les femmes aiment Vin Diesel, comme Vin Diesel aime les regarder danser dans la piscine (palme intergalactique de la gêne 2020). Vin Diesel aime les couchers de soleil et les caravanes. Vin Diesel aime sa famille. Mais Vin Diesel n'aime peut-être pas les bons films.

 

photo, Vin DieselEt sous vos yeux ébahis, la prise létale de l'édredon graisseux

 

Les scènes d’action alternent les effets de style ringards à base d’accélérés et ralentis disposés n’importe comment, Vinou perd un temps infini à traiter les états d’âmes de son personnage, sans jamais parvenir à leur donner la moindre chair. Mais tous ces ratages, un peu attendus il est vrai, laissaient la place à la dimension Z que l’acteur visite de plus en plus fréquemment. On espérait donc que Bloodshot, à défaut de se tenir, s’oublie totalement et fasse sous lui, à la manière de l'inoubliable Dernier Chasseur de sorcières.

Manque de pot, si tout en Vin Diesel crie “Steven Seagal”, Sony Pictures a logiquement tenté de limiter les dégâts et le facteur craignos du simili-blockbuster. Une stratégie qui interdit à l’ensemble de dégager le moindre fun, de charrier une quelconque forme de candeur. En témoigne le climax, où notre héros cogne numériquement sur deux figurants pressés d’en finir. Outrageusement laid, indigne du cliffhanger de mi-saison d’une série correctement budgété, il sonne comme le glas d’un univers étendu que nous préférons ne jamais subir, plutôt que la promesse d’un grand spectacle à venir.

 

Affiche US

Résumé

On croyait la division par 0 impossible, mais Vin nous propose ici la division par Diesel, ou comment transformer un comics iconique en une petite excrétion glacée, même pas assez nulle pour qu'on en rigole.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(2.8)

Votre note ?

commentaires
Flo 1
06/02/2024 à 14:06

Tout semblait bon dans le scénario de ce film, réalisé par Dave Wilson : au delà d’être l’adaptation d’un comic Valiant, qui a donc une base tangible (et s’autorisant plusieurs réinventions), l’histoire intègre aussi des éléments cinématographiques connus. Ce qui nous permet d’être en territoire familier, qu’on pouvait amener plus loin.
Le problème c’est qu’ils le font mal : Vin Diesel, sortant de la zone de confort des « Fast and Furious », ne fait pas plus d’efforts, se contentant de taper, se venger, être vraiment une machine, sans laisser transparaître un être humain là dessous.
Eiza González devient alors le personnage principal du film, la seule qui n’ait besoin de personne pour décider se révolter et reconquérir son libre-arbitre.
Encore faut-il qu’elle soit un peu plus réactive dans son jeu, aux moments cruciaux.

L’idée de créer des films dans le film, de jouer sur un pouvoir narratif pour contrôler le héros-créature, en utilisant des codes du cinéma d’action… Ça peut être louable, sarcastique, très en phase avec le côté (propagandiste) militaire.
Encore faut-il éviter d’édulcorer la violence graphique, et évite d’abuser autant de gros plans sur des acteurs pas très concernés, sans la moindre gravité, aussi archétypaux que les fictions qu’ils sont eux-mêmes en train de créer (les méchants qui se la racontent, les geeks qui en font des caisses, l’imagerie trop artificielle).
Surtout que ces ralentis, ces nanites, cette musique, on les connait beaucoup trop, ça n’est même pas original.
Bref on croirait voir un mix entre « Total Recall », les deux films HFR de Ang Lee, un Animé japonais et une prod Europacorp. Vite vu, vite oublié, précisément.

Pat RIck
31/03/2023 à 13:28

Des fois il m'arrive de défendre des films détestés par tout le monde mais dans le cas présent cela ne sera pas possible.

Opale
02/05/2020 à 09:44

Pas bien. Diesel ressemble à un gros bout de barbaque mal cuit avec un charisme proche du zéro, voire négatif... L'actrice, fort jolie, pose et joue comme dans un film de boules... Le scénar aurait pu être intéressant mais non, les effets sont douteux... Bref, à éviter.

Inconnu
30/04/2020 à 20:11

Pour ma part très choquée du rôle caricatural de Sam Heughan avec sa casquette et son chewing-gum et pour finir ses bras mécaniques.... nul mon Dieu.

Vin Diesel était juste Vin Diesel....

Les personnages n'étaient pas assez profond je trouve, ca sentait trop le réchauffé... aucune originalité un mix entre X-men Spider man et des restes du jeu d'acteur du pauvre Vin Diesel dans Fast and Furious....

RiffRaff
29/04/2020 à 23:14

Pire qu'un mauvais film, un film insignifiant...
La mise en scène est banale, les filtres sur l'image moches à pleurer et les FX indignes. Aucun personnage n'est attachant, la scène avec l'ex-femme est artificielle à souhait, et je me demmande encore ce qu'elle est sensée apporter à l'histoire. Reste la scène du tunnel, qui si elle n'a aucun sens, est au moins un peu amusante. A voir si on est près à supporter 110 minutes de vide pour 10 minutes passables.

Caroline
08/04/2020 à 11:42

Pas si mal que ça, une sorte de Jason Bourne du futur...

Maharbal
02/04/2020 à 21:36

Moi j'étais surtout attristé de voir Sam Heughan, personnage principal de la série Outlander, réduit à un sous fifre qui passe son temps à mâcher du chewing-gum et froncer les sourcils.

iPodz
29/03/2020 à 12:25

Meilleur rôle de Vince ?
Groot bien sûr...

Morpheus
28/03/2020 à 23:45

J'ai enchaîné les deux mais Birds of prey c'est un chef d'œuvre à côté ! Le film n'est même pas assez nul pour en rire. Il est juste osef sur l'infini ! C'est une abberation de sortir un film comme ça en 2020 ! Même dans les années 90 ça aurait déjà été ringard. C'est le niveau 0 artistique.. Même pas l'excuse du "on pose notre cerveau et on se divertit" c'est tout sauf divertissant, tout sauf impressionnant, c'est d'un ennuie infini

prof west
28/03/2020 à 15:51

C'est zéro meme mise a part les effets spéciaux c'est d'un vide et d'une nullité absolue

Plus
votre commentaire