Scary Stories : critique qui flippe un peu dans le noir
Scary Stories, ce soir à 20h50 sur Canal+ Cinéma.
Une anthologie horrifique aux illustrations splendides, un réalisateur encore peu (re)connu mais sacrément doué (André Øvredal, derrière The Troll Hunter et The Jane Doe Identity), un casting aux petits oignons : voilà les ingrédients que Guillermo del Toro a aspergé d'hémoglobine avant de touiller quelques années. Avec Scary Stories, vous risquez de vous régaler.
RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR
Quiconque a passé de longues nuits à écouter puis raconter des histoires d’horreur sous la lune ou au coin du feu le sait. On n’échange pas tant ces récits pour trembler que se rapprocher des autres, et si on y tremble, on y tremble ensemble. C’est ce principe qu’ont parfaitement compris Guillermo del Toro et André Øvredal. Dès les premières minutes de Scary Stories, la complicité parfois roublarde qui unit les jeunes héros du film nous indique que les mésaventures à venir dégageront la chaleur d’une accolade amicale et n’en seront que plus cruelles.
Car s’il est ici question de faire se rencontrer une tripotée de mômes et une collection d’histoires inquiétantes (les Scary Stories to tell in the dark, véritable institution aux Etats-Unis, imaginée par Alvin Schwartz), jamais le scénario ne prend son spectateur pour un enfant, établissant rapidement que les protagonistes n’ont peut-être pas les glaouis velus, mais seront traités avec un sadisme exemplaire. En ce lieu, les monstres règnent et c’est précisément de l’innocence qu’ils se repaissent, alors qu'ils déciment un à un les protagonistes du film, au gré d'une suite d'apparitions formidablement iconisées, pensées pour nous confronter toujours à un effet de style (plan séquence, champ-contrechamp, hors-champ) que la mise en scène se plaît à investir et à tordre.
Une recette à tester chez vous...
Un programme qui sied merveilleusement à Øvredal. Lui qui avait démontré son attachement aux préceptes horrifiques de Stephen King avec The Jane Doe Identity, il explore et approfondit merveilleusement ce territoire, à tel point que le sentiment de voir se déployer sous nos yeux une adaptation de Danse Macabre ou Rêves et Cauchemars se fait prégnante. Artisan de l’attente, architecte d’ambiances référentielles et pourtant uniques, le cinéaste soigne avec orfèvrerie un kaléidoscope de fantasmes funèbres. Son sens du vertige sépulcral tourne ici à plein, tandis qu'il laisse ses plans s'étirer, préférant l'horreur de l'inéluctable au frisson facile du sursaut bon marché.
Excellente idée la balade nocturne dans le champ de maïs
TERREUR THINGS
Plaisir horrifique aussi raffiné qu’authentiquement flippant lorsque la caméra nous oblige à scruter jusqu’à l’aveuglement l’avènement de créatures affamées et suintantes, Scary Stories impressionne aussi dans sa capacité à nous parler de notre rapport au divertissement et aux formes qu’il prend. Sur le papier, le projet renardait l’opportunisme facile à des kilomètres, avec ses ados aux airs d’énième resucée des Goonies (coucou Stranger Things), le lien évident avec Ça, sa photo estampillée 80’s pour les nuls et son postulat menaçant de sombrer dans le film à sketch facile ou le récit mécanique vu 1000 fois.
Mais avec une habileté assez diabolique, la construction scénaristique et la direction artistique déconstruisent ces écueils pour en faire une force. En déplaçant tous ces items dans les années 60 de Nixon, au moment de son élection, c’est toute la narration qui se voit encapsulée dans une bulle chimérique. Nos héros ne se frottent pas seulement à une fiction venue planter ses crocs dans le réel : eux-mêmes s’imposent comme les échos, fantomatiques malgré eux, d’un âge d’or corrompu, d’un royaume promis à la ruine et à la déprédation. Scary Stories se fait alors commentaire puissant et fin sur la nostalgie commerciale qui préside actuellement à le remise en lumière des années 80, les désignant en creux comme une forme zombifiée de l'utopie des années 60. Le point de vue serait intéressant mais simpliste, si Guillermo del Toro n'avait pas pensé au personnage peuplant cette mosaïque mélancolique et monstrueuse.
Ecrits avec beaucoup de sensibilité, une conscience aiguë du mélange d’amour et de rosserie qui fonde les affects adolescents, les personnages permettent au fétichisme visuel du film de ne jamais affecter son cœur battant et de toujours laisser poindre l’émotion, à la manière d’un coup de scalpel, discret, net, ravageur. Dans la fierté ravalée d’un jeune mexicain fuyant la mort, dans l’acceptation terrible d’un môme voyant fondre sur lui une monstruosité diaphane, ou dans l’espoir teinté de peur qui illumine le visage Zoe Margaret Colletti dans les ultimes secondes du métrage, Scary Stories n’oublie jamais que les doudous d’antan furent des contes aux héros profondément humains avant de se muer en totem de pop culture.
Une sacrée partie de cache-cache
DU SANG ET DES RAMES
On regrettera simplement que cette parade horrifique, dont la pureté évoque souvent le style simple et éclatant d’un Richard Matheson, nous offre une conclusion un peu trop facile. Après un festival de frissons barbares, de poésie macabre et de sentiments perçants, Øvredal bute sur une formule on ne peut plus éculée, à base de confrontation fantomatique. Ce classicisme abime un peu l’ensemble, et le rend soudain beaucoup plus inoffensif, comme si ce formidable train fantôme était aspergé de javel juste plutôt que de précipiter ses spectateurs dans le charnier qui leur était promis.
Sans compter que ce climax se voit doublé d'une « révélation » qui fait perdre du temps à la narration et l’alourdit inutilement. Comme si Guillermo Del Toro et les scénaristes Dan Hageman et Kevin Hageman, dans leur volonté de recycler certains de ces thèmes (l’enfance bafouée et le mensonge originel des puissants), ne réalisaient pas qu’ils risquaient de gripper l’incroyable machine patiemment installée et impeccablement rythmée par leurs soins et ceux d’André Øvredal.
Pour autant ces menues imperfections sont bien loin de briser le charme de Scary Stories. On pourra même leur trouver une forme de cohérence, en cela qu’elles consacrent le film, jusque dans ses ultimes secondes, comme un hommage enamouré à la tradition du conte, à la puissance des mots, aux artifices de l’imagination. Gageons que ce beau train fantômes, pour mal assurés que soit ses derniers râles, n’a pas fini de vous hanter.
Lecteurs
(3.1)23/12/2020 à 22:15
Pas mal du tout ce film, une bonne ambiance un peu flippante, par contre une suite ne s'impose pas.
23/12/2020 à 21:03
D'accord avec @Sascha.
Vu au cinéma et extrêmemnt déçu .On dirait un épisode à gros budget de "Chair de Poule".
A part l'inventivité sur la création des monstres que je trouve hideusement géniale, le film n'est aucunement horifique.Dommage
23/12/2020 à 20:56
Le seul intérêt du film réside dans ses monstres : ils ont tous u'e vraie gueule et un vrai pouvoir horrifique et dérangeant.
Le reste ressemble plus à une production Netflix à la chaîne. Dommage car ça pouvait être intéressant.
11/11/2020 à 11:01
nendd,kl
23/10/2019 à 19:58
Film assez sympathique « vague nostalgique » (merci le Conjuring-univers) bourré d’hommage et de référence en tout genre (vraiment trop). Le souci est que toute est vu et revu, notamment au niveau du scénario, assez mal mené et archi prévisible.
Cependant quelques scènes sont assez intéressantes et comme déjà mentionné, le look de certains monstres, est plutôt réussit.
Les acteurs débutants ne sont pas au meilleur niveau, mais mention honorable à Michael Garza aussi mauvais qu’il est mignon.
Je doute qu’on ait le droit à la suite annoncé.
Bref un petit moment agréable mais rien qui marquera l’histoire du cinéma d’horreur.
23/08/2019 à 00:12
Sur les bus RATP il est marqué "Par le réalisateur visionnaire Guillermo Del Toro".
Bonjour l'enterrement de première classe, ça fait plus que Has Been :-(
22/08/2019 à 19:17
Vu hier.. franchement une purge... interdit aux PLUS de 12 ans. TOUT est vu dans la bande annonce, qui elle donne bien envie de voir le film. Quelle tromperie... Le film est beaucoup trop long, (1h50 pour raconter ça !) absolument pas terrifiant, des acteurs très très moyens, et le croquemitaine présent dans le dernier tiers du film ( plutôt réussi lui d'ailleurs il faut le dire quand même ) rattrape à peine les deux autres tiers qu'on vient de se fader en baillant, voir s'assoupissant. Dieu sait que j'adore Del Toro, mais là, t'as pas le droit de cautionner un film aussi léger, Guillermo !
21/08/2019 à 22:00
Alors j’ai besoin d’in Renseignement... le vrai nom de Chuck que l’on entend dans la bande sons dans la salle RED c’est bien Charly ?
11/08/2019 à 16:35
@ragnagnas
Zut de flûte.
09/08/2019 à 12:28
Et me@de ! Une bonne critique de S. Riaux. celles que je crains le plus quand je veux voir un film.