Rebelles : critique qui poissonne

Simon Riaux | 11 décembre 2022 - MAJ : 12/12/2022 09:51
Simon Riaux | 11 décembre 2022 - MAJ : 12/12/2022 09:51

Sur le papier, Rebelles fait, à tous les niveaux, figure d’OVNI. Socialement homogène et encore très timide en matière de cinéma de genre, le 7e Art hexagonal accueille rarement un récit qui mêle satire sociale, polar azimuté à la Snatch, rape and revenge et authentique comédie populaire. C’est donc avec curiosité qu’on découvre ce deuxième long-métrage d’Allan Mauduit, metteur en scène ayant fait ses armes entre autres du côté de Kaboul Kitchen.

WORKING GIRLS

Une expérience qui l’aura sans doute familiariser avec une multiplicité de tons et de niveaux de lecture qu’on retrouve dès les premières minutes de Rebelles. Nous voilà flanqués de Sandra, ex-reine de beauté amère et forcée de retourner vivre chez sa mère en Picardie, pour travailler dans une conserverie. Un pénis tranché et un sac de billets plus tardCécile de France nous embarque avec ses complices Yolande Moreau et Audrey Lamy dans un tourbillon cartoonesque performatif, qui ne cessera de s’emballer jusqu’à sa conclusion.

 

photo, Audrey Lamy, Yolande Moreau Le petit déjeuner, c'est sacré

 

Et c’est là le grand mérite de Rebelles. Plutôt que de rentrer des considérations sociétales au forceps dans son récit, de proposer une vision verticale du quotidien de galère de ses protagonistes, la caméra se focalise sur ces trois corps d’actrices, qui jouent jusqu’à l’absurde le jeu de l’outrance et de la revanche sociale.

Souvent grossier, volontiers vulgaire, mais toujours généreux et épris d’amour pour ses trois parias clopes au bec, le film séduit par le plaisir communicatif de sale gosse qui émane de plusieurs scènes (notamment celles avec l’impeccable Béatrice Agenin, qui campe une mère pas piquée des vers).

 

photoBas les masques

 

CAPTAIN SARDINES

Et tant pis si la photographie de l’ensemble pèche par systématisme, et tombe parfois dans la redite jaunâtre. De même on s’accommode sans mal d’une mise en scène parfois trop mécanique, tant le mouvement est privilégié à chaque instant. En dépit de ses approximations, Rebelles venge souvent le spectateur de quantité de comédies tournées à la chaîne, de plans fixes en plans fixes.

Et cette fluidité parfois franchement énervée a pour effet de communiquer une forme de bienveillance assez osée, tant ces héroïnes savent être affreuses, sales et méchantes. 

 

photo, Audrey Lamy, Yolande Moreau, Cécile de France Audrey Lamy, Cécile de France et Yolande Moreau

 

Peu importe, il n'est pas ici question de juger, ni d'appliquer une condescendance bourgeoise envers ces nanas qui rendent les coups, frappent les mômes, et règlent les réunions parents-profs secondées d'un calibre fumant. Rebelles est mal élevé, et on l'en remercie. Il est ici toujours question d’énergie, le métrage captant parfaitement la dynamique furibarde de son trio, et épouse ses coups de sang, ses coups de blues, comme ses coups de boule.

Certes, tout cela demeure un peu trop prévisible, mais la farce noire et factieuse qui se dessine progressivement est beaucoup trop ludique pour bouder son plaisir.

 

Affiche

Résumé

Remuant, énervé et mal-élevé, ce polar azimuté fait un bien fou.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(3.0)

Votre note ?

commentaires
Mariolo
16/12/2022 à 05:13

Hé hé, oui, une pépite du cinéma français, votre critique est très juste ( le jaune est un choix curieux mais qui signe le film très fortement je trouve ), et c'est vrai que y'a un truc pas évident ds les films à porté social, c'est de filmer sans chercher à appitoyer, juger ou excuser. Là, juste on nous montre, et on nous montre des nanas sacrément remontées ! On nous les montre vivre, se battre, résister, se planter, faire de la merde, parce que c'est la vie, quand on est pauvre on n'est pas forcément gentil et malin, on peut se tromper, mal agir...
Dans mon esprit je le range avec La Fracture et si Balle Perdue avait un discours un peu plus social ou politique, je les mettrai ensemble. C'est du cinoche comme ça qui fait la richesse de notre cinéma.

Flo
12/12/2022 à 13:57

Le même problème avec ces polar franco-belges trash : ils ne semblent pas s'être remis de "C'est arrivé près de chez vous" et Tarantino, et se contentent trop souvent d'aligner des scènettes énervées avec des personnages très bêtes. Sans créer ni de liant bien construit entre elles, ni d'assez d'empathie pour ces protagonistes, escrocs mais majoritairement sans foi ni loi - Moreau et Lamy ont déjà trop de fois joué ces archétypes là, et c'est du temps pris sur l'histoire principale du personnage de Cécile de France (trop antipathique, hélas).
Ça manquera toujours de sincérité et d'originalité. Ou du moins, de maîtrise.

Ichabod
16/04/2020 à 02:24

“Mal élevé”, “polar azimuté”, mon cul. J’avais pas vu un film aussi pourri en salle depuis Van Helsing de Sommers.

Moi
28/03/2020 à 07:02

J’ai adoré ce film absurde et si drôle... des nanas qui dépotent ... un chouette trio !!

ginseng
05/06/2019 à 09:57

Un film jubilatoire, déjanté, avec un côté "Pieds Nickelés" ou cartoon très agréable!
Les 3 actrices, parfaites, se complementent à la perfection! Audrey Lamy est superbe et Yolande Moreau inoubliable! Merci les filles!

ichabod
19/03/2019 à 01:28

Sous quelle substance a été écrite la critique de ce film ? J’étais légèrement curieux, et j’ai filé 4 balles pour me retrouvé devant une purge hexagonale superstar. 1h30 qui paraissent 3h. Convenu, extrêmement convenu, mal branlé, mal interprété (les dialogues redoublés n’arrangent pas l’affaire) avec un trio de comédiennes dépourvu d’alchimie. Labellisé téléfilm. Et surtout, ce machin n’a rien de « mal élevé ». Non, vraiment « une grosse merde bien pourrie ».

Yann29
17/03/2019 à 22:08

Film déjanté un regal

Tata zaza
16/03/2019 à 20:24

Je conseille vivement ce film

très bon
16/03/2019 à 19:02

Très bon et une bo tarantinienne qui fait plaisir

Ray
16/03/2019 à 13:04

Génial et m... à ceux qui n aime tct film

Plus
votre commentaire