Alita : Battle Angel - critique Panzer Kunst
Après une gestation homérique, le manga Gunnm de Yukito Kishiro est devenu le blockbuster Alita : Battle Angel, couvé par James Cameron et assisté dans son éclosion par Robert Rodriguez, avec en tête d'affiche Rosa Salazar, Christoph Waltz, Jennifer Connelly, Ed Skrein, Mahershala Ali et Keean Johnson.
GHOST IN THE GUNNM
Voilà un projet éminemment casse-gueule. La fraîcheur de l'accueil (public et critique) réservé au récent Ghost in the Shell a rappelé combien il demeurait complexe de transposer de grandes oeuvres japonaises dans la lessiveuse hollywoodienne. Déjà en 2012, le four John Carter avait prouvé combien revenir à une création matricielle, pillée par la pop culture pendant des décennies, était risqué. Le film d'Andrew Stanton était passé pour vieillot, quand il adaptait avec respect une saga littéraire dont l'ADN avait notamment essaimé du côté de Star Wars.
Et sur le papier, c'est bien ce genre de simplification et de paradoxes artistico-temporels qui menaçaient Alita : Battle Angel. Greffe culturelle délicate, menacée d'anachronisme, que ses années de development hell pourraient avoir vidée de sa substance, l'aventure qui nous attend n'est pas sans risques.
Or, c'est justement là que la présence derrière la caméra de Robert Rodriguez, fumiste notoire plus connu pour s'adosser à de glorieux concepts que pour les transcender, fait mouche. Tout d'abord, parce qu'il transvase l'univers cyberpunk chimiquement pur du manga de Yukito Kishiro dans un décor hybride, aux airs de "barrio" multicolore. Entre Mexique et cybernétique tokyoïte, le monde de Gunnm échappe au piège du sentiment de déjà vu, et peut épouser parfaitement les affects de son héroïne Gally/Alita, qui s'éveille au monde avec appétit et innocence.
Une cité dominée par la poussière et le métal
Fort d'une direction artistique somptueuse, qui marie avec opulence décors physiques et incrustations vertigineuses, le blockbuster s'ouvre ainsi sur l'éveil d'une protagoniste idéalement incarnée par Rosa Salazar, dont les immenses yeux font bien sûr écho à son aînée de papier. Et cet alignement des planètes permet au récit de nous ramener progressivement vers la noirceur et les ténèbres du matériaux original, dans un pas de deux entre Robert Rodriguez et James Cameron très bien tenu esthétiquement.
Car c'est là l'impeccable réussite d'Alita : Battle Angel, à savoir une alliance de candeur et de brutalité cinétique et cinégénique. Alors que s'emballe le scénario, multipliant jusqu'à l'ivresse les joutes, démembrements sauvages et combats ultra-violents, c'est bien son humanité qu'Alita porte haut. Dans une cité cauchemardesque, où la frontière entre vie et machine s'estompe toujours un peu plus, c'est paradoxalement en se reconnectant à son moi de machine que l'héroïne peut saisir son humanité.
Cette équation au coeur de Gunnm se retrouve préservée dans le blockbuster. Soutenu par les équipes de James Cameron, le réalisateur de Planète Terreur se fait une joie de citer et reproduire les cases emblématiques du manga. Heureusement, le réalisateur a nettement progressé depuis le rigide Sin City, et dose intelligemment citation, inspiration et reprise, tout en y injectant ici et là de grosses doses de série B (on pense notamment au sort d'un personnage secondaire digne d'un bon vieux Roger Corman des familles).
WAY OF THE GUNNM
Le film s'impose par conséquent comme un blockbuster d'une richesse extrême, dont la moindre image est saturée d'accessoires, de couleurs, de perspectives et de détails relevant d'un perfectionnisme invraisemblable. Ce tourbillon esthétique s'énerve durant la dernière heure du métrage, qui enfile les morceaux de bravoure et séquences d'action avec une énergie qui évoque très justement les bouffées d'adrénalines provoquées par la lecture de l'oeuvre originale, émaillée de joutes à rallonge jubilatoires.
Ainsi, le spectateur se retrouve régulièrement à genoux durant le dernier acte, quand chaque baston se révèle plus ample, sèche, violente que la précédente, et qu'il craint à chaque hémorragie massive d'un androïde de voir le générique débuter à la manière d'une sanction. À l'heure des photocopies d'univers franchisés au douceâtre parfum de savon, on n'avait pas ressenti pareil engagement physique et romanesque au sein d'une super-production depuis trop longtemps.
Ainsi, il faut voir la caméra embrasser le corps brûlant de rage d'Alita, alors qu'elle se fraie un chemin sanguinolent à travers une déchiqueteuse, avant de s'élancer sur la piste du motorball. Et il faut vivre le climax émotionnel aussi épuré que romantique aux abords de Zalem, afin de saisir toute l'ampleur du projet.
Alita vs Zapan, la rencontre tant attendue
GROSDRIGUEZ
Malheureusement, cette furie digne d'une grosse montée de Panzer Kunst se paie au prix fort. Pour un enchaînement stroboscopique de délires bio-mécaniques, il faut d'abord en passer par une exposition longuette, aussi épaisse qu'une mayonnaise au cheddar, où Robert Rodriguez rappelle qu'il a bien du mal à sortir de la pure logique d'illustration.
Pendant près d'une demi-heure, et en dépit d'une luxuriance de décors et d'ambiance roborative, il confie son héroïne aux bons soins du docteur Christoph Waltz, qui n'a pas grand-chose d'autre à faire que de sourire mollement en récitant la notice Wikipedia dédiée au lore de Gunnm.
Papa Waltz est là pour vous tenir la main
En résulte une amorce souvent fade et parfois d'une grande lourdeur, où on peine à trouver la trace d'un auteur, d'un point de vue. Cette mollesse introductive se marie en outre au désir de faire entrer au forceps plusieurs arcs narratifs du manga, afin de s'assurer que le film offre une photographie la plus ample possible de cet univers. C'est grâce à cette boulimie que la dernière heure peut nous offrir un incroyable feu d'artifice, mais sa mise en place s'avère parfois dangereusement linéaire et maladroite.
Au final Alita : Battle Angel n'est jamais le blasphème redouté, mais n'est pas non plus l'adaptation de James Cameron longtemps fantasmée. Il faudra se contenter de cette proposition, imparfaite mais régulièrement euphorisante, qui fait du film un blockbuster respectueux et à la générosité débordante. Une sorte de visite accélérée d'un des chef d'oeuvres du cyberpunk, emmenée par un guide pas toujours très fin, mais empli d'amour pour sa mission.
Lecteurs
(4.3)09/12/2020 à 15:06
il est indéniable que ce film est véritablement spectaculaire et d'une esthétique incroyable. Tout le graphisme et les décors cybernétiques et électroniques( dont on sent largement l'omniprésence surtout la nuit tombée ) sont d'un grand réalisme et très recherchés, surtout concernant le corps des cyborges eux-mêmes( celui d'alita est fascinant!!) . Maintenant, il me semble que les gens font trop de grandes comparaisons entre ce film et le manga lui-même. Il est évident qu'on ne peut pas condenser 10 volumes (je crois ) en 1 seul film. Mais çà, on le sait déjà avant de le voir, finalement. Concernant les critiques sur sa version trop "édulcorée" : un film est un film, un manga est un manga . Cameron ne pouvait évidement pas transposer la violence et le côté crade du manga dans son film , car à la limite, ça n'aurait plus été un film de science-fiction mais un film d'horreur. Car je trouve perso que le manga est bien trop dégoutant et cru , avec cette confusion entre chair/métal vraiment particulière , tandis que le film de cameron est très beau, et je pense que les gens en oublie un peu trop sa dimension spirituelle. Si james cameron est super fan du mangaka Kishiro, ce n'st pas par hasard. Car cette oeuvre est une véritable distopie, dénoncant un régime totalitariste contrôlant les peuples par l'intelligence artificielle et la robotique, avec un accent bien marqué sur la connexion humain-machine ( donc Transhumanisme) et une robotisation générale de la société. On peut même y voir le contrôle des illuminatis sur leurs sujets serviteurs , avec Nova( qui représente les élites ) qui est l'homme qui observe derrière les yeux . Alita, elle, est une métaphore de l'humanité, représentant son éveil , sa rebéllion , et même sa recherche sur son propre passé. Et même pour les fans de l'ufologie, il y a carrément aussi de grosses représentations significatives. .
07/08/2020 à 13:26
Je dois dire que ce film m’a vraiment toucher au point que j’en n’ai coulée une larme, ce qui je dois dire m’arrive très rarement. J’ai adoré ce film et j’implore la production de faire une suite?
16/03/2020 à 11:06
Moi je veux la suite d'alita, son modèle de combat me fascine
21/01/2020 à 13:38
Le film est sorti au bon moment niveau effets spéciaux, mais malheureusement 10 ans trop tard pour arriver à faire face aux blockbusters à supers héros..
Un vrai gâchis tant le film est relativement respectueux de matériel original, généreux en trouvailles et en décors, techniquement irréprochable et à la réalisation soignée.
Un des échecs les moins mérités de ces dernières années.
19/01/2020 à 10:01
J'ai adorer ce film comme tout mon entourage .
18/01/2020 à 12:55
J’ai adoré ce film. Réalisation magnifique, scénario riche et passionnant. Et une fois n’est pas coutume une 3D absolument superbe. J’aimerai Tellement une suite ^^
18/01/2020 à 11:36
Comme l'ont dit certains plus bas dans les commentaires, un film sans âme et assez lassant dans sa deuxième partie.
17/01/2020 à 22:45
J'ai préféré les As de la jungle. Au moins y a de l'humour et du second degré.
Intrigue et romance ultra convenue, acteurs nuls, aucun suspens, intrigue à 2 balles, caractère des personnages bidons, le film confond naïf et niais. Même à 13 ans on en demande plus (j'espère).
Esthétiquement, pourquoi pas, mais quelle pitié sur le reste.
22/08/2019 à 17:52
C'est un film à grand spectacle, sans âme, un déballage d'effets spéciaux, c'est très bien fait, c'est beau, aussi plat que beau !
Le manga de base était intimiste, violent, sombre, il racontait une histoire, il venait chercher une émotion, il faisait réfléchir, makaku se battait pour exister, jashugan voulait vivre, zapan était simplement un gars qui voulait faire son taff, et gally cherchait sa place là dedans...
Bref Cameron et Rodriguez ont adaptés l'anime dégueulasse des années 90 au lieu de se baser sur le manga papier(les américains ne doivent pas aimer lire je suppose) la preuve, le retour du docteur shiren et makaku qui redevient gourioushika... Bref encore une fois ce film est un showroom d'effets spéciaux sans aucune portée artistique et une déception absolue. Engager des scénaristes compétants pour les adaptations ne seraient pas un luxe...
21/08/2019 à 01:12
J avais très peur en apprenant qu un film sur gunmm sortait. Encore plus peur quand j ai vu Cameron et Rodriguez. J ai vraiment pas accroché à avatar ( même si le type ne se résume pas à ça) et pour moi Rodriguez = 2nd degré complètement barré et donc loin de l esprit du manga.
Bah j ai adoré. D abord j ai grincé des dents par rapport aux libertés prises avec l histoire originale et ensuite j ai juste apprécié le spectacle.
Ça condense beaucoup mais ça se tient et paraît prometteur pour la suite si suite il y a.
Ça aurait pu durer au moins 30 min de plus histoire de développer un peu le motorball, creuser un peu la fin de yugo mais en même temps ils ont quand même eu droit à deux heures pour adapter un manga certes culte mais assez risqué pour le marché du blockbuster.
Quand je repense au désastre Babylon AD (adaptation de Babylon babies de dantec que si t as pas lu le bouquin tu comprends rien et que si tu l as lu t as juste envie de te sacrifier en mata t le film...) que kassovitz voulait faire depuis des années mais qui s est vu imposer un format 1h20 et vin diesel... Bref j en ai encore mal au bide pour lui.
Pour revenir à alita c est un bon film en lui même, bien dosé et qui en met plein la vue. Cerise sur le gâteau on sent en le voyant que Cameron est fan de gunmm car les entorses scenaristiques qu il fait au manga sont intelligentes et montrent qu il en a saisi les tenants et aboutissants.
J espère que Cameron fera du avatar 2 3 4 5 6... Bien rentable et aura l autorisation de Mickey pour faire une suite.