The Guilty : critique Phone Game
Premier film du réalisateur danois Gustav Möller, The Guilty est un huis clos et exercice de style à la Phone Game, Locke et Buried (tous trois assumés par le cinéaste et co-scénariste) : un homme, un téléphone, un suspense autour d'une femme à sauver. Un principe aussi excitant que casse-gueule.
CALL ME MAYBE
C'est une pièce vilaine, éclairée par des néons, où plusieurs policiers attendent des appels, oreillette au visage et yeux rivés sur un écran. Parmi eux, Asger Holm, un homme au passé trouble, hanté par des démons, qui contient une violence en sourdine. C'est son dernier jour avant une éventuelle révolution dans sa vie, avant un événement qui pourrait tout changer. Il s'apprête à quitter son poste quand un appel l'arrête : une femme a besoin d'aide. Et Asger bascule, prêt à tout pour sauver cette voix dans la nuit.
Commencent alors 80 minutes tendues, trépidantes, glaciales et glaçantes, où le réalisateur Gustav Möller tient d'une main de fer son dispositif narratif et de mise en scène. La caméra ne quittera jamais ces bureaux et le visage d'Asger, interprété par le formidable Jakob Cedergren. Et vu les limites et dangers d'un tel exercice de style, la réussite n'en est que plus saisissante.
Jakob Cedergren, excellent
SUR UN FIL
Ce qui a inspiré Gustav Möller, c'est l'écoute d'un podcast sur le meurtre d'une jeune fille, et la puissance évocatrice du travail sur le son, au service d'une enquête. Il remet en scène ce dispositif pour raconter une enquête en huis clos, où tout se jouera hors champ, laissant le spectateur composer le monde, les personnages et les drames, recollant les morceaux de ce qui deviendra vite un puzzle tordu.
Si l'idée laisse a priori craindre un film qui va courir après le suspense et l'agitation pour contrebalancer son immobilité, avec le risque d'une pièce de théâtre qui se camoufle mal en film, The Guilty étonne et emporte vite. La mécanique très appliquée du thriller policier se révèle d'une simplicité et d'une pureté envoûtantes, tandis que l'économie de dialogues permet à ce petit univers de bureaucratie de ne pas trop s'éparpiller et s'enfoncer dans les poncifs du genre. Le film ne cherche pas la tension ou le spectaculaire à tout prix : il les installe peu à peu, accroché à la gorge d'un personnage.
SURPRISE SUR PRISE
Ce qui donne à The Guilty une force imprévisible, c'est également son désir de jouer avec les codes, avec la matière du genre, et l'importance des stéréotypes. Ainsi, à mesure que le personnage découvre, se plonge et se perd dans l'histoire de cette femme inconnue, et emporte le spectateur avec, ce sont les concepts du bien et du mal qui se jouent au fond. Avec toutes les limites, erreurs et horreurs que cela implique.
Au fur et à mesure, l'intrigue bascule, et c'est alors tout le principe du film qui prend du sens. Ce qui a échappé au regard du personnage et donc du public, n'est alors plus un gimmick de mise en scène, mais un moteur narratif qui a un sens véritable dans le film. Dans la dernière ligne droite, The Guilty brise la bulle créée autour du protagoniste, mettant en lumière à la fois des problématiques passionnantes sur les relations humaines, mais également la machinerie parfaite du film lui-même. L'écriture d'Asger, qui pourra parfois sembler démonstrative et mécanique, n'en est alors que plus logique, puisqu'au service des thématiques profondes du film.
Pour parvenir à créer cette tension et nourrir l'imaginaire du spectateur, asphyxié dans ces bureaux aux côtés du personnage, le réalisateur Gustav Möller mise sans surprise mais avec talent sur le son et le montage. C'est aussi là que The Guilty séduit. D'abord, en revenant aux éléments primaires de la narration (un acteur, un décor, une voix) et du cinéma (l'art du gros plan, du montage, du mixage, du silence, du rythme, de où commencer et terminer une histoire). Puis en donnant une impulsion viscérale. Enfin, en arrivant à des émotions fortes, aussi violentes que subtiles.
Pour un premier film, pour un pari si compliqué à tenir, c'est une réussite. Certes petite, qui ne réinvente pas le genre, mais suffisamment percutante pour faire de Gustav Möller un cinéaste à suivre.
Lecteurs
(4.3)01/10/2021 à 23:59
Excellent. Une démonstration d'écriture, de rythme, d'interprétation et de cadrage sans parler du son évidement. C'est fou comme la suggestion et l'imagination fonctionnent à plein pendant tout le film et créent pleins d'images dans notre esprit, un peu comme quand on lit un roman. Comme quoi pas besoin de millions pour faire un très bon film thriller halenant.
05/09/2021 à 10:38
Vraiment superbe avec un acteur Jacob Cedergren époustouflant. BRAVO
18/12/2020 à 18:46
BONSOIR A TTES ET A TS
PETITE QUESTION
PEUT ON METTRE DES SITES DE STREAMING OU PAS?
EN FAIT J AI ENVOYE LE SITE OU NICO POUVAIT VOIR LE FILM MAIS J I L IMPRESSION QUE C E PAS PASSE
18/12/2020 à 18:32
TRES BON FILM
LES POLARS NORDIQUES ONT VRAIMENT UN STYLE A EUX
DERJA AUX JEUX DE LA PHOTOGRAPHIE
16/12/2020 à 21:02
Dommage , je ne pourrais pas le regarder ce soir, ils l'ont déprogrammé au profit de the Constant Gardener en hommage à John le Carré
17/07/2019 à 16:21
Excellent film, "simple", minimal, efficace et brillamment interprété.
17/07/2019 à 08:05
Rien à voir avec The Call qui versait dans la facilité et le film d'action. Ici un supsense mené main de maitre en utilisant simplement les dialogues. Même s'il serait dommage de perdre le jeu extraordinaire de l'acteur, on peut même fermer les yeux et écouter le film en y tirant du plaisir.
17/07/2019 à 01:12
Lui s'il bossait au callcenter SFR l'intrigue se terminerait en 2munutes chrono : y a un proublem technik rapplez pli tard midam
16/07/2019 à 21:45
Je veux le même avec un Minitel à la place du téléphone...
16/07/2019 à 19:25
Le pitch de base est le meme que the call, mais ici la camera ne sort jamais du bureau, et la tension monte crescendo, une tres bonne surprise