X-Men : L'Affrontement final - critique arnaque phoenix

Vincent Julé | 2 décembre 2018 - MAJ : 27/09/2023 10:19
Vincent Julé | 2 décembre 2018 - MAJ : 27/09/2023 10:19

À l'annonce du petit nom de Brett Ratner pour remplacer Bryan Singer aux commandes du troisième opus des X-Men, la révolte a grondé au sein des fans de la série, adaptation cinématographique comme comics original. Surtout que Brett Ratner n'est pas n'importe qui, il a un lourd passif de « yes-man » avec les comédies Rush hour et Coup d'éclat, et de tâcheron avec Family man et Dragon rouge. X-Men : L'Affrontement final fut-il le saccage redouté ?

POSITIVEMENT NUL

À la vue des premières images de la bande-annonce, impressionnantes, les mauvaises langues se taisèrentt, les esprits s'apaisèrent, et chez certains, l'espoir renaîssait. Un doute pourtant, une idée folle : se pouvait-il que cet affrontement final se révèle aussi bon que les oeuvres de Bryan Singer, voire meilleur ? Ce serait la folie totale, la crise de conscience serait sévère, et notre conception d'un cinéma de passions et de passionnés remise douloureusement en cause. Mais, hier comme aujourd'hui, le constat est là, libérateur : X-Men : L'Affrontement final est mauvais de chez mauvais, et donc le cinéma est sain et sauf !

 

Photo James Marsden, Famke JanssenRare qualité du film : le pénible Cyclope est très vite dégagé


L'action de X-Men : L'Affrontement final reprend chronologiquement après la mort de Jean Grey et cette ombre sous la surface du lac, source des rêves les plus fous mais débute par un double flash-back (20 et 10 ans plus tôt) en demi-teinte. Marque de fabrique de la série, le prologue fait pâle figure en comparaison de la porte d'un camp de concentration arrachée par Magneto dans X-Men ou le ballet endiablé de… Diablo dans X-Men 2 ! Toujours est-il que toutes les intrigues de ce dernier chapitre sont lancées (la résurrection du Phénix, l'apparition d'Angel, le vaccin, les triangles amoureux, la politique gouvernementale…) et surtout doivent trouver une résolution en moins d'une heure et 45 minutes.

Soit à l'écran un joyeux bordel narratif, et cette désagréable et persistante impression que rien n'est vraiment important, puisque rien n'est jamais traité à fond, faute de temps. Les enjeux ont beau être soi-disant primordiaux et définitifs, les têtes peuvent tomber dans les camps de Ian McKellen comme de Patrick Stewart, le film continue de jouer sa petite musique platement, rate parfois un (r)accord et ne touche jamais à cette ampleur propre aux super-héros. Ce qui sur le papier et concernant certains personnages s'avéraient comme des choix osés, se révèlent à l'écran terriblement anecdotiques, et même pire, non assumés et donc opportunistes pour ceux qui resteront après le générique de fin.

 

Photo Patrick StewartPatrick Stewart

 

NEGATIVEMENT FUN

Ainsi, aucun des mutants n'existe à part entière, surtout pas les nouveaux venus, et encore moins Angel, qui malgré son rôle clé n'est présent qu'une poignée de plans et n'enfile jamais le costume de X-Men comme le vend l'affiche. À part Halle Berry, qui par l'opération du Saint Oscar se retrouve propulsée tête d'affiche, les acteurs et leurs personnages sont réduits à des apparitions (Cyclope, Mystique, Malicia) ou des caricatures (Wolverine, le Fléau). Par moments, le film ressemble à s'y méprendre à une parade de monstres de foire, avec pour seul ludisme, celui qui aura le pouvoir le plus cool.

 

Photo Vinnie JonesAutre rare qualité du film : la poursuite entre Kitty et le Fléau, très ludique

 

De quoi laisser le champ libre à Brett Ratner pour placer nombre de blagues pas drôles en lieu et place de vrais dialogues. Un brave gars donc, sauf qu'au détour de son récit éclaté et laborieux, il réussit à placer un discours douteux sur le statut de mutant. En effet, partis faire du camping en forêt, les méchants mutants de Magneto se révèlent être des latinos, blacks, punks, vieillards adeptes du cuir, des piercings et autres cheveux longs. Ni vu ni connu, il contredit alors littéralement le propos original - une parabole sur la tolérance - de Bryan Singer.

 

 

Photo Ellen Page, Shawn AshmoreJudas Priest a vachement changé

 
Après deux films d'exposition, le spectateur était en droit d'attendre de cet « affrontement final » promis par le titre de l'action pure, des batailles rangées ou même un numéro classique mais efficace de pyrotechnie. Mais Brett Ratner confirme qu'il ne suffit pas de poser la caméra où il se passe quelque chose pour faire un film. Cette absence flagrante de mise en scène sur la longueur aboutit à évacuer toute tension des combats, des confrontations et même des personnages. Au final, X-Men : L'Affrontement final est la confirmation éclatante qu'un film, aussi divertissant et spectaculaire doit-il être, a besoin d'un auteur.

 

 

photo

Résumé

Après deux fulgurances, cet X-Men : L'Affrontement final aux allures de blockbuster généré aléatoirement par ordinateur est autant une conclusion ratée qu'une très cruelle déception.

Autre avis Geoffrey Crété
Comment adapter un très bel arc des comics pour arriver à un blockbuster sans âme, qui raconte à la fois trop et trop peu. Ce X-Men 3 semble crier une scène sur trois que l'entreprise a été mal gérée, précipitée, et donc bâclée.
Autre avis Simon Riaux
Après les deux volets de Singer, la baisse qualitative est telle que cet Affrontement Final se traîne aujourd'hui encore une réputation de purge. Mais, pour faiblard qu'il soit, il apparaîtrait aujourd'hui comme une production Marvel de très bonne tenue, tant en matière d'écriture que de rigueur narrative.
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commentaires
Flo
07/03/2020 à 10:35

Un numéro 3, qui plus est récupéré par Brett Ratner, ne pouvait pas être apprécié au mieux même s’il avait été plus épique (c’est comme ça que fonctionne généralement fans et public).
Néanmoins très bon travail en « fill in » comme on dit dans les comics.
Et vu que ce n’était certainement pas une conclusion définitive pas besoin de « l’effacer » de la continuité, ce n’était qu’un bon épisode centré sur l’action, pas vraiment inutile ou « en surplus ».

-Inspiration ciné: Même que le premier + "Star Wars Ép 6".
-inspiration comics: les premiers "Astonishing X-Men" et "La Saga du Phénix".

Wazowazo
05/12/2019 à 16:01

Quelques bonnes scènes (la mort de Cyclope, celle de Xavier)
Pour le reste c'est effectivement pas une réussite du tout et il est moins bon que Dark Phoenix
Par rapport à ce film le reboot est un chef d'œuvre

Bubble Ghost
03/12/2019 à 07:41

Au secours, Super Simon Riaux !... Les commentaires sont encore attaqués, par des spam de bot publicitaires de cul... ça commence à être saoulant... Qu'on allume le Bat signal, pour qu'un super héros du service informatique intervienne...

Micju
03/12/2019 à 00:01

Pour moi quand j’ai vue ce qu’ils ont fait du Fléau j’ai complètement décroché du film.

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