Test : Le Bon, la brute et le truand

Stéphane Argentin | 20 avril 2009
Stéphane Argentin | 20 avril 2009

L’ombre de l’édition DVD collector susnommée plane encore davantage sur l’interactivité. En effet, la quasi intégralité des bonus de cette dernière se retrouve ici à l’identique (intégralement en VOSTF et au format d’image SD, sauf précision contraire). Une galerie d’affiches a disparu au profit d’une bande-annonce anglaise. Et un deuxième commentaire audio, bien plus prolixe que le premier, est désormais de la partie. Passage en revue :

 

Commentaires audio : Si le premier, déjà présent sur le DVD, de l’historien du cinéma Richard Schickel se montre très plaisant, c’est sans conteste du côté de la nouvelle piste en compagnie de Christopher Frayling, le biographe de Sergio Leone, que se trouve la mine d’informations la plus riche. Avec un débit effrayant sur les trois heures (mais comment fait-il pour reprendre son souffle ou bien étancher sa gorge sèche ?) et une avalanche de renseignements en tous genres (y compris les mêmes que ceux de l’historien), les propos de Frayling valent à eux seuls tous les making of de la Terre. Les remarques de Schickel ne sont pas à jeter, loin s’en faut, car l’approche beaucoup plus analytique et moins informative n’en demeure pas moins pertinente pour autant.

 

L’ouest de Leone (19min 55s) revient sur les westerns italiens de l’époque qui enfreignaient les règles de leurs homologues américains. Étayés de photos d’époque et d’interviews récentes, entre autres de Clint Eastwood et Eli Wallach (avec un profond respect mutuel entre les deux hommes), ce documentaire revient sur le tournage dans les célèbres studios Almeria en Espagne, les méthodes de travail de Leone (très organisé, aucune prise inutile…), le minimalisme des dialogues pour le personnage de Blondin, sans compter les innombrables anecdotes (la scène totalement improvisée du montage du pistolet par Tuco).

 

Le style de Leone (23min 48s) s’attarde sur la longueur des films du cinéaste, leur violence, les dangers du tournage (dont Eli Wallach fit notamment les frais à plusieurs reprises), l’authenticité historique (pour tout ce qui touche en particulier à la Guerre de Sécession) avec notamment une anecdote pour le moins croustillante quant à l’explosion du pont.

 

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L’homme qui perdit la guerre civile (14min 24s) : Dans un mélange de peintures, de cartographies et de vidéos de reconstitutions des combats ou encore des paysages où prirent place les affrontements, ce documentaire à forte valeur ajoutée historico-pédagogique se penche sur les combats nord-sud qui servirent de toile de fond à l’intrigue du film.

 

Reconstituer Le Bon, la brute et le truand (11min 09s) s’attarde, comme son nom l’indique, sur la fameuse version longue du film (sorti dans un premier temps aux États-Unis amputé de 25 minutes par rapport au montage italien) et plus particulièrement le doublage des scènes rajoutées (y compris certaines qui ne figuraient même pas dans le premier montage italien). La restauration de l’image est également abordée de même que le remixage 5.1 du son.

 

Il maestro : Ennio Morricone et Le Bon, la brute et le truand - 1ère partie (7min 48s) et 2ème partie (12min 38s, image fixe HD avec commentaire audio de Jon Burlingame, journaliste au Daily Variety et enseignant à l’USC) présentent quelques informations redondantes mais couvrent néanmoins assez bien le travail accompli du côté des compositions qui mélangeaient pour l’époque classicisme et avant-gardisme musical. Outre les trois thèmes distincts pour chacun des personnages principaux ou encore le hurlement d’un coyote sur le thème principal, la partition finale pour la scène de la découverte du cimetière fut ainsi composée en amont du tournage. Leone (qui fut par ailleurs camarade de classe de Morricone) jouait cette musique lors des prises de vue en guise d’inspiration. Le second documentaire se conclut sur l’absence inexpliquée de récompense aux Oscars du mythique compositeur.

 

Scènes inédites (10min 19s) dont celle de la torture de Tuco en version intégrale.

 

Bandes-annonces anglaise (3min 21s VO, HD) et française (3min 31s, SD)

 

– Et pour finir, notons la présence de 4 bonus cachés (des mini-anecdotes de la bouche de Clint Eastwood et Eli Wallach). Pour les découvrir, allez vers le haut après vous être positionnés sur les options suivantes depuis le menu principal : Lecture du film (1), Configuration / Audio / Commentaire audio de Christopher Frayling (2), Configuration / Sous-titres / Commentaire audio de Christopher Frayling (3), Bonus / Scènes inédites / La séquence de Socorro (4).

 

Apport HD : Si l’interactivité profite grandement de l’apport du nouveau commentaire audio inédit par rapport à la précédente édition DVD Collector, les bienfaits de la HD sont surtout significatifs du côté des prestations techniques pures, notamment en termes d’image dont le rendu sublime la mise en scène de Sergio Leone.

 

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Retrouvez la liste récapitulant tous les titres Blu-ray du marché français à cette adresse.

Voici donc venir pour la première fois sur support haute définition un long-métrage réalisé par Sergio Leone, à savoir l’édition Blu-ray du Bon, la brute et le truand. Les prestations techniques sont-elles à la hauteur du maestro du western spaghetti ? Réponses.

 

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Pour commencer, il ne fait aucun doute que MGM soit reparti de la précédente édition double DVD collector parue en 2004. Ainsi, pour aussi propre soit-il, le master laisse apparaître encore un certain nombre de défauts de copie plus ou moins prononcés (les mêmes que sur DVD) allant de petites taches noires tout au long du film jusqu’à des sautes de chroma déjà plus repérables (1h 29min 30s) en passant par des tares persistantes (ex : en bas de l’image lors du long mouvement de caméra qui accompagne l’arrivée de Sentenza au début du chapitre 3). Toutefois et eu égard à l’âge du film (1966), force est de constater que la restauration est plutôt de qualité.

 

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Le bond en avant le plus significatif ne concerne pas tant le master en lui-même que l’encodage de celui-ci en 1080p AVC qui, pour l’occasion, offre désormais un confort de visionnage qui laisse très loin derrière la (re)découverte du film sur support DVD. Ainsi, le couple « précision et piqué de l’image lors des gros plans / profondeur de champ lors des plans larges », si souvent cité en matière de rendu HD, n’a jamais pris plus de sens qu’en présence de la mise en scène du sieur Leone, cinéaste qui poussa jusqu’à l’extrême cette association des opposés visuels. La mythique séquence d’ouverture qui alterne gros plans sur les faciès patibulaires et grands angles de cette bourgade paumée au milieu de nulle part, n’est jamais apparue aussi détaillée et soignée tandis que la granulosité de la photographie originelle et la gestion des couleurs sont eux aussi au mieux. Par ailleurs, les scènes en basse luminosité (ex : l’interrogatoire de Maria par Sentenza au chapitre 9) présentent une belle lisibilité en dépit de noirs qui manquent peut-être un peu de profondeur par endroits.

 

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Car si toutes les qualités susnommées se retrouvent au cours des trois heures du long-métrage, certains reproches sont toutefois décelables, notamment du côté des scènes en extérieur qui ne sont hélas pas toutes logées à la même enseigne, aussi bien en termes de définition que de colorimétrie (cf. l’arrivée de Tuco dans un village après sa longue traversée du désert au chapitre 10, puis son choix d’un pistolet dans un magasin). De façon générale, le rendu alterne avec plus ou moins d’insistance selon les séquences entre bruit vidéo et lissage (sans aucun doute consécutif d’un DNR) qui, sur la durée, altère quelque peu les mérites constatés en première instance. Pour aussi réussi soit-il et sans tous ces petits aléas, le résultat eût été encore plus appréciable. À noter, pour finir, que les différentes séquences rajoutées pour cette version longue bénéficient d’une qualité d’image virtuellement identique au reste du métrage.

 

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Des aléas que l’on retrouve d’une piste à l’autre en matière de prestations acoustiques. Nous ne reviendrons pas ici sur le doublage français des scènes rajoutées de la version longue qui, bien qu’aussi proche que possible, dénote assez distinctement des doubleurs originels. Ce qui ne sera pas le cas de la version anglaise puisque Clint Eastwood et Eli Wallach avaient de nouveau prêté leur voix pour les besoins desdites séquences (Lee Van Cleef n’était, quant à lui, plus des nôtres à ce moment-là). Après ces considérations relatives au doublage des scènes inédites, attardons-nous à présent sur les qualités sonores en elles-mêmes, très plaisantes dans leur ensemble puisque, là encore, bien restaurées et de facto débarrassées des différentes défaillances inhérentes aux outrages du temps (souffle, craquement, distorsion…). Viennent ensuite les distinctions entre version anglaise et version française qui sont pour le moins légion.

 

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La musique du générique d’ouverture dispose ainsi de davantage d’amplitude et de puissance sur la version anglaise là où le rendu de la VF se révèle beaucoup plus étriqué (une supériorité musicale qui se retrouvera par ailleurs tout au long du film) tandis que, quelques minutes plus tard, le vent est beaucoup moins audible sur cette dernière au cours de la première séquence du film. En revanche, la VF présente quelques menus avantages tel que ce tir de carabine à 17min 35s qui part du Surround droit (constat assez logique puisque le tireur et son arme se trouvent pour moitié hors-champ de ce côté) mais de l’avant droit en anglais. Plus significatives encore sont les basses fréquences à la profondeur accentuée sur la VF à chaque coup de canonnade audible au loin lors de la pendaison de Blondin au chap. 12 (47 et 48ème minutes). Enfin, notons un écho absent sur la version anglaise lors des jurons de Tuco à 29min 20s. Un constat qui en soulève un autre, purement « artistique » celui-là. En effet, si certains sont de farouches défenseurs des versions françaises des films de Sergio Leone, on ne pourra s’empêcher de regretter le mariage anglais / espagnol (un bien joli « Puta ») qui donne un petit cachet supplémentaire aux parjures de Tuco sur la version anglaise tandis que les mêmes vociférations sont prononcées intégralement en français sur la VF.

 

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Quant aux qualités intrinsèques de la version anglaise proposée en DTS-HD Master Audio 5.1 et de la VF en DTS 5.1 (768Kb/s) par rapport au DVD qui proposaient des pistes DD 5.1, celles-ci sont perceptibles à défaut d’être réellement probantes. Ainsi, la tessiture musicale susnommée est plus appréciable (cf. l’envolée au cours de la recherche de la tombe au chapitre 29), les basses fréquences un peu plus rondes et l’enveloppe acoustique en provenance de la façade avant plus homogène (conséquence d’une vraie séparation des canaux conférée par le flux DTS). Soit autant de petites améliorations plaisantes à défaut de véritable révolution acoustique HD. Une fois encore, compte tenu de l’âge du film, il ne fallait sans doute pas s’attendre à beaucoup mieux (ex : la bataille Nord vs Sud au chapitre 27 qui ne sollicite pas les Surround alors que la situation s’y prêtait).

 

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