Gabriella Wright (The Tudors)

Didier Verdurand | 22 avril 2008
Didier Verdurand | 22 avril 2008

De père anglais-écossais et mère basque-portugaise-mauritienne, Gabriella Wright n'est autre que la reine de France dans la série historique The Tudors, actuellement sur Canal et bientôt sur Arte. Subjugués par sa beauté mystérieuse, nous avons voulu en savoir plus sur cet espoir féminin que l'on pourrait voir un de ces prochains jours en tête d'affiche...  Un grand merci au Five Hotel qui a bien voulu nous prêter pour l'occasion sa suite « One by The Five ». (cliquez sur les photos pour accéder à la galerie)

 

Tu parles aussi bien français que Jodie Foster, chapeau !

 

Mon père peintre-sculpteur et ma mère biologiste-écrivain ont un jour décidé de quitter l'Angleterre pour réaliser leur rêve et vivre en France. Sans parler un mot de français, j'ai donc atterri à l'âge de douze ans en Champagne-Ardennes. Je suis allée à l'école du village, puis à Reims pour passer en même temps les bacs français et anglais et c'est grâce à cette scolarité que je suis aujourd'hui bilingue.

 

Tu as suivi de nombreuses formations pour devenir comédienne et parmi elles, le Cours Florent à Paris. Un mot dessus ?

 

J'ai été très déçue, j'avais l'impression d'une régression totale au bout de six mois. Mon prof était gentil mais sa technique ne me permettait pas d'aller au bout de moi-même, c'était une mécanique. Or je pense qu'un acteur doit être organique pour transmettre des sentiments vrais. Quand vous apprenez la méthode Stanislavski de l'Actors Studio, il y a une énorme différence, qui laisse plus de liberté. Cela dit, je trouve que le niveau des comédiennes françaises est en amélioration par rapport à une dizaine d'années, on sent une ouverture sur les méthodes internationales d'enseignement du jeu, et c'est tant mieux.

 

 

Faisons l'impasse sur ta première apparition sur nos écrans (Albert est méchant) pour parler de Mary, d'Abel Ferrara. Ambiance sympa sur le tournage ?

 

Abel est à la fois un ange et un démon. Un ami me l'a présenté à New York - où j'ai étudié - et j'ai rencontré un metteur en scène très enthousiaste à l'idée de travailler avec moi, mais c'était sur un autre projet, Go go tales, et je devais interpréter une strip-teaseuse, ce qui ne me branchait pas. Le producteur lui-même m'avait conseillée de refuser ! (Rires) Je suis quand même restée en contact avec Abel, nous avions eu des conversations sur la spiritualité et c'est pourquoi il a du naturellement penser à moi pour un rôle dans Mary, quelques mois plus tard. Sur le plateau, j'ai découvert un autre Abel. Tout le monde se faisait insulter sans arrêt et je n'avais jamais vécu une telle situation. Je me rappelle d'une journée où Matthew Modine et le chef opérateur en avaient tellement marre qu'ils étaient partis, et tout le reste de l'équipe les attendaient, impuissants. Tous les jours, j'avais un noeud au ventre avant d'arriver sur le plateau car je ne savais pas ce qui allait encore arriver. Je n'étais pas là pour être flattée, mais de là à se faire continuellement traiter de salope ou de pute devant quarante personnes... Je ne lui en veux pas pour autant, le résultat est là, c'est un beau film. Cela dit, je suis rodée maintenant, cette expérience m'a tellement choquée que j'en suis ressortie endurcie, je peux avoir du détachement, ne pas prendre les choses personnellement. J'ai entendu des comédiens se plaindre d'Ariel Zeitoun sur Le Dernier gang, le trouvant trop dur. Je leur disais qu'à côté d'Abel Ferrara, c'était de la rigolade.

 

Tu joues ensuite la reine de France dans The Tudors qui passe actuellement sur Canal +.

 

Oui, je l'ai interprétée en anglais avec un accent français, grâce à l'aide d'un coach dialectique. Cette série a été un bon tremplin pour me faire connaître aux Etats-Unis, le marché de la série y est même plus important que le cinéma indépendant. HBO m'a demandé de jouer à nouveau une reine dans une série mais j'ai refusé pour ne pas être cataloguée dans ce rôle. C'est du côté de la France que je me suis tournée puisque j'ai enchaîné sur Eden log et Le Dernier gang, où j'ai pu montrer que je savais me mettre dans la peau d'autres personnages ! De plus, j'aime beaucoup le cinéma français. Je l'ai découvert grâce à Louis de Funés car je comprenais ses films sans maîtriser la langue. (Rires)

 

 

 

Et aujourd'hui, en tant que spectatrice, tu es plutôt cinéma anglais ou français ?

 

Je dois avouer qu'il n'y a pas de films français récents parmi mes préférés. J'ai souvent tendance à stigmatiser le cinéma français, en pensant qu'il ne s'intéresse qu'aux ménages à trois ou aux célibataires. J'ai été plus marquée ces derniers temps par des films anglais mais pas seulement, j'adore le cinéma espagnol, et latin en général.

 

Ton parcours a aussi croisé celui d'Olivier Dahan...

 

Une expérience courte mais enrichissante. C'était la première fois qu'il reprenait la caméra après avoir tourné La Môme, il a tourné une série de courts pour Cartier (cliquez ici pour les voir). Olivier est tout le contraire d'Abel, il est très agréable, très doux, discret, en retrait. Son premier film, Déjà mort, m'avait marqué. J'avais été touchée par les lueurs d'espoir qu'il avait su transmettre malgré la violence du contexte. Son explosion grâce à La Môme m'avait fait plaisir.

 

Il y a finalement assez peu de comédiens qui continuent à jouer dans des courts-métrages une fois que leur carrière est lancée dans les longs. Ce n'est pas ton cas, on peut d'ailleurs te voir dans un excellent court, Finding, des frères Salto, dont on entendra forcément parler dans les prochaines années...

S'il y a une belle histoire et que je crois en ses auteurs, je me donne à fond, peu importe le format. J'affectionne particulièrement le mot anglais « Teamwork », il vaut mieux penser à bien s'entourer pour mener à bien un projet plutôt que de vouloir marcher seule et de ne penser qu'à soi. C'est une évidence pour moi que les frères Salto sont très talentueux et qu'ils exploseront tôt ou tard, cela aurait donc été vraiment dommage de passer à côté.

 

 

Quand on va sur ta fiche IMDB, on peut lire que Sean Penn était témoin à ton mariage. On peut en savoir plus ?

Mon mari - Thierry Klemeniuk - était à l'origine producteur de musique (Bananarama, Bronski Beat...) et quand je l'ai rencontré, il était propriétaire avec Mick Hucknall (le chanteur des Simply Red), Sean Penn, Johnny Depp et John Malkovitch d'un club-restaurant à Paris, le  Man Ray, qui n'existe plus aujourd'hui. Ils sont restés proches et c'est tout naturellement que Thierry a demandé à Mick et Sean d'être son témoin. De mon côté, j'ai choisi des maitres tibétain ! Nous venons de deux mondes opposés mais complémentaires... (Rires) Depuis quelques années, Thierry s'est tourné vers la production au cinéma, (Bully, Spun, Mary), nous ne sommes tout de même pas si éloignés que ça.

 

C'est le bouddhisme qui vous a rapproché ?

Je suis revenue bouddhiste de Nouvelle-Zélande où je suivais des études, et je cherchais à Paris des grands maitres. Une amie m'a présenté Thierry car il était très introduit dans le milieu, et c'est comme ça qu'on s'est vite rapprochés. C'est sur ses bases que notre relation s'est construite et depuis septs ans que nous sommes ensemble, nous essayons régulièrement d'organiser des dîners de charité pour récoltes des fonds dans le but de construire des écoles au Tibet.

 

Difficile alors de ne pas demander ton avis sur les J.O. à Pékin !

Il est bon que la prise de conscience sur la cause tibétaine soit de plus en plus entendue mais il faut faire attention à ne pas tomber dans un discours violent et de haine, et suivre l'exemple du Dalai Lama. Le problème est politique, pas humain. Il ne faut pas condamner le peuple chinois en voulant interdire les J.O., par contre, il faut réussir à ouvrir un dialogue avec les responsables de ce qu'on peut appeler un génocide (de 1940 à nos jours). Toute la complexité du problème est là : il est nécessaire de développer une opposition, alors que le bouddhisme est tout le contraire : c'est une recherche d'intégration.

 

Propos recueillis par Didier Verdurand.

Photos de Côme Bardon prises au Five Hotel.

Site officiel de Gabriella :  www.gabriellawright.com

Site officiel de Finding : www.finding-themovie.com

 

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